A La Palma, les scientifiques au chevet du volcan

Par Epoch Times avec AFP
18 décembre 2021 13:27 Mis à jour: 18 décembre 2021 16:40

Dès qu’il a su que le volcan Cumbre Vieja commençait à entrer en éruption, le 19 septembre, Matt Pankhurst a chargé ses appareils de mesure dans sa camionnette pour prendre immédiatement un ferry en direction de l’île espagnole de La Palma.

Comme nombre de scientifiques, il savait que le volcan était en train de fournir des informations précieuses pour la science.

« Plus nos observations sont proches du moment où la matière (volcanique) est sortie, plus nous avons de chances de faire une découverte scientifique importante », explique avec passion ce géologue australien qui travaille depuis quatre ans pour l’Institut volcanologique des Canaries (In volcan), l’archipel volcanique dont fait partie La Palma.

-Le géo- scientifique australien Matt Pankhurst tient un échantillon de lave dans le laboratoire de pierres sur l’île canarienne de La Palma le 11 décembre 2021. Photo de Pierre-Philippe MARCOU/AFP via Getty Images.

Roches volcaniques classées et étiquetées

Même si l’éruption semble toucher à sa fin, le rythme est toujours aussi frénétique dans la maison prêtée par les autorités qui sert de laboratoire improvisé à Matt Pankhurst, à quelques kilomètres du cratère.

Dans ces locaux remplis de roches volcaniques classées et étiquetées, le géologue et ses collaborateurs ont monté une « lithothèque » – une bibliothèque de roches – afin d’analyser et de distribuer les informations récupérées sur le terrain.

« C’est une excellente occasion pour apprendre. C’est de loin l’épisode volcanique le plus observé de tous les temps aux Canaries », se réjouit-il en parlant de l’intérêt scientifique que suscite la plus longue éruption que l’île ait connue.

– Une maison détruite recouverte de lave suite à l’éruption du volcan Cumbre Vieja, à La Laguna, sur l’île canarienne de La Palma le 16 décembre 2021. Photo de Jorge GUERRERO / AFP via Getty Images.

Équipés d’une longue tige métallique – pour sonder la lave encore chaude – ou d’un marteau – pour la lave froide -, les géologues accèdent quotidiennement aux périmètres d’exclusion du volcan en vue de collecter des échantillons qui contiennent beaucoup plus d’informations qu’ils ne pourront en analyser.

Envoient les échantillons pour analyse à des collègues du monde entier

Ils découpent ensuite les roches en petits morceaux, les passent dans une presse pour leur donner la taille d’une diapositive et les envoient pour être analysées à des collègues du monde entier.

« C’est un effort de collaboration », poursuit Matt Pankhurst à propos de l’une des expériences les plus intenses de sa carrière mais qui est surtout, selon lui, « une catastrophe » pour les habitants de cette île de 83.000 habitants.

Si cette éruption n’a pas fait de mort ni de blessés, les coulées de lave ont englouti 1.345 logements et entraîné l’évacuation de plus de 7.000 personnes.

Depuis lundi soir, le volcan est entré dans une phase de léthargie et les scientifiques affichent un optimisme prudent sur une probable fin de l’éruption.

Les scientifiques ne quittent pas des yeux un volcan

Mais « pour pouvoir dire que l’éruption est définitivement terminée, il faut que ces paramètres (d’inactivité) se maintiennent à des niveaux similaires au moins durant dix jours », insiste María José Blanco, directrice aux Canaries de l’Institut Géographique National (IGN) depuis le belvédère de Tajuya, point de vue sur le volcan plébiscité par les scientifiques, les médias ou les curieux.

Juste en-dessous, dans le centre de contrôle de l’IGN, les scientifiques ne quittent pas des yeux un volcan qui, même en cas d’extinction, pourra continuer à émettre des gaz nocifs.

-Le vulcanologue espagnol Vicente Soler  lors d’un entretien avec l’AFP à El Paso sur l’île canarienne de La Palma le 11 décembre 2021. Photo de Pierre-Philippe MARCOU/AFP via Getty Images.

« Les autorités doivent légiférer afin que nous puissions mieux faire face aux prochaines crises volcaniques car la densité de population ne baisse pas mais augmente », estime María José Blanco.

Pour celle qui est devenue l’un des visages de la gestion de cette éruption avec ses points presse quotidiens, le Cumbre Vieja a rappelé quelque chose de fondamental.

« Nous ne pouvons pas tourner le dos à la nature, nous sommes sur un archipel volcanique, des éruptions ont lieu depuis la nuit de temps et continueront à se produire », dit-elle.

La lave crachée par le Cumbre Vieja a entraîné des dégâts énormes, en particulier pour la culture de la banane, l’une des principales richesses de l’île avec le tourisme.

La population voit d’un bon œil les scientifiques

La zone touchée par l’éruption « est la zone la plus peuplée et la plus riche économiquement de l’île avec l’agriculture », souligne Vicente Soler du Conseil supérieur de recherche scientifique (CSIC).

« Le premier mois a été très dur car on voyait des maisons brûler et s’effondrer chaque jour », se souvient ce vulcanologue intervenant régulièrement dans les médias.

-Les bananeraies de La Palma, souffrent d’un manque d’eau faisant suite à l’éruption volcanique du volcan le 19 septembre, la lave a détruit un important canal d’irrigation. Photo de Jorge GUERRERO / AFP via Getty Images.

Dans ce contexte traumatique, la population voit d’un bon œil les scientifiques allant et venant sur l’île et leurs gilets rouges.

Sur le belvédère, un jeune l’ayant reconnu, s’approche pour lui demander un selfie avant de lui lancer un « merci pour votre travail » alors que le volcan émet ce qui pourrait être l’un de ses derniers soupirs.


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