A Singapour, des actrices fières de leurs rondeurs montent sur scène

Par Epoch Times avec AFP
23 février 2022 14:40 Mis à jour: 23 février 2022 14:44

« Regardez-moi me déshabiller », chante Ross Nasir, actrice d’une comédie musicale sur une femme plantureuse à Singapour, où comme dans de nombreux pays d’Asie les personnes en surpoids ont longtemps été stigmatisées.

Son spectacle, « Big Brown Girl » (« Grosse fille brune »), montre les préjugés que doivent affronter les femmes rondes qui cherchent un partenaire dans la cité-Etat d’Asie du Sud-Est.

« Cela a pris un peu plus de temps en Asie pour que les personnes grosses soient acceptées, mais ça progresse », explique l’actrice de 35 ans. « Nous sommes plus représentées maintenant ».

Certains mannequins « grande taille » rencontrent le succès

Mais au moment où des pays occidentaux donnent plus de place dans la publicité à des modèles de corpulences diverses, et que certains mannequins « grande taille » comme Ashley Graham et Paloma Elsesser rencontrent le succès, l’Asie est encore à la traîne.

Dans les années 1990 et jusqu’en 2007, Singapour imposait un suivi du poids des enfants et des programmes de fitness obligatoires pour ceux en surpoids. Certains pensent que ce programme, aujourd’hui abandonné, a contribué à renforcer les préjugés.

-Le mannequin américain Ashley Graham au Brooklyn Museum de New York le 3 juin 2019. Photo ANGELA WEISS/AFP via Getty Images.

« La stigmatisation liée au poids « 

Pour Aarti Olivia Dubey, blogueuse qui combat le diktat de la minceur avec 30.000 abonnés sur son compte Instagram « curvesbecomeher »: « Il y a encore un vrai problème dû à la stigmatisation liée au poids et aux biais inconscients ».

La militante fait partie d’une nouvelle génération d’influenceurs qui touchent une audience mondiale sur TikTok et Instagram avec un message d’acceptation de soi et de toutes les morphologies.

Des spectacles comme « Big Brown Girl » montrent aussi que les attitudes évoluent, note-t-elle.

La comédie musicale qui permet aux spectateurs de choisir entre 10 rendez-vous amoureux possibles pour le personnage et autant de scénarios, est inspirée des expériences vécues par l’actrice et sa co-autrice et metteuse en scène Melissa Sim.

« Quand on pense aux rendez-vous, aux histoires d’amour, on ne les imagine par forcément du point de vue d’une personne forte », explique Ross Nasir.

« On peut penser que ces choses ne concernent pas celles qui ont une taille, une corpulence ou une couleur semblables aux nôtres, mais en fait si ».

Humiliée à cause de sa corpulence

La comédie musicale aborde aussi la question raciale puisque l’actrice fait partie de la minorité malaise, dans la cité-Etat où la majorité de la population est d’origine chinoise.

Avoir la peau brune « représente aussi une difficulté ». Et trouver l’amour peut être « un peu plus dur pour quelqu’un qui est un peu plus gros, ou fait partie d’une minorité ». 

Singapour forçait les enfants en surpoids à suivre des cours de sport

L’an dernier, « The Other F Word » (L’Autre Mot qui commence par F), un one-woman show autobiographique joué par l’actrice Miriam Cheong avait aussi abordé ces questions.

L’autrice, une jeune-femme de 27 ans, a grandi pendant la période où Singapour forçait les enfants en surpoids à suivre des cours de sport.

« Je pensais que c’était mérité en quelque sorte parce que j’étais grosse et peu sportive », dit-elle, mais rétrospectivement, elle estime avoir été humiliée à cause de sa corpulence.

En Asie, les femmes qui ne correspondent pas aux canons de beauté traditionnels continuent à faire face à des difficultés.

Quatre Singapouriens sur dix disaient ne pas envisager de relation avec une personne en surpoids, selon un sondage YouGov de 2019.

Subit toujours des attaques sur son physique

Au Japon, la comédienne ronde Naomi Watanabe apparaît dans de nombreuses campagnes de publicité mais subit toujours des attaques sur son physique.

Le directeur artistique de la cérémonie des Jeux olympiques de Tokyo a ainsi dû démissionner après avoir comparé l’égérie excentrique de 34 ans à « un cochon ».

En Corée du Sud, le mannequin grande taille Vivian Geeyang Kim fait campagne pour persuader les femmes rondes qu’elles n’ont pas à avoir honte.

Elle commercialise une ligne de vêtements et publie un magazine de mode pour les rondes, une première dans un pays où l’idéal de beauté est dicté par les stars ultra-minces de la K-pop et les actrices de télévision mises à la diète par leurs producteurs.

Pour Aarti Olivia Dubey, le nombre croissant de discussions et de spectacles autour du corps et son image est un progrès.

Mais il y a encore tant à faire, « les humiliations liées au poids sont encore l’un des types de discrimination les plus inacceptables », relève-t-elle.

 

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