Algérie: près de sept mois de contestation massive

Par Epoch Times avec AFP
15 septembre 2019 22:55 Mis à jour: 15 septembre 2019 23:03

L’Algérie, où l’élection présidentielle a été fixée le 12 décembre, est secouée depuis près de sept mois par une contestation inédite qui a contraint Abdelaziz Bouteflika à démissionner et réclame depuis la mise en place d’institutions de transition.

Le « Hirak » (mouvement de contestation), qui exige le démantèlement de l’appareil hérité de 20 ans de présidence Bouteflika, s’oppose à la tenue rapide d’une présidentielle, n’y voyant qu’un moyen pour le « système » de se maintenir au pouvoir.

Le 22 février 2019, plusieurs milliers de personnes manifestent dans plusieurs villes. « Pas de 5e mandat », scandent les protestataires à Alger, où les manifestations sont interdites depuis 2001.

Au pouvoir depuis deux décennies, M. Bouteflika, très affaibli depuis un AVC, avait annoncé le 10 février qu’il briguerait un 5e mandat.

Le 10 mars, le chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah affirme que l’armée « partage » les « mêmes valeurs » que le peuple.

Le lendemain, M. Bouteflika renonce à briguer un 5e mandat, reportant sine die la présidentielle. Le ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui remplace Ahmed Ouyahia comme Premier ministre.

Le 15 mars, des manifestations ont lieu dans 40 préfectures sur 48. Des diplomates évoquent « des millions » d’Algériens dans les rues.

Le général Gaïd Salah demande fin mars que le président soit déclaré inapte à exercer le pouvoir ou qu’il démissionne. Le 2 avril, M. Bouteflika, 82 ans, démissionne.

Le 5 avril, les Algériens descendent en masse dans la rue, déterminés à se débarrasser du « système ».

Le président du Conseil de la Nation (chambre haute du Parlement) Abdelkader Bensalah est nommé, le 9 avril, président par intérim.

Mi-avril, le président du Conseil constitutionnel Taïeb Belaiz, fidèle de Bouteflika, démissionne.

Le 20 mai, le général Gaïd Salah, nouvel homme fort du pays, rejette deux principales demandes de la contestation: le report de la présidentielle et le départ des figures du « système politique ». Le 22 avril, il assure n’avoir « aucune ambition politique ».

Le 2 juin, faute de candidats, le Conseil constitutionnel annule de facto la présidentielle prévue le 4 juillet.

Le 10 juin, un puissant homme d’affaires, Mahieddine Tahkout, est inculpé et placé en détention préventive dans des affaires de corruption, alors que plusieurs enquêtes visent d’ex-proches de M. Bouteflika.

Dès début mai, son frère Saïd Bouteflika ainsi que deux ex-chefs des services de renseignements avaient été placés en détention provisoire, poursuivis pour « complot contre l’autorité de l’Etat ».

Deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ont aussi été placés en détention.

Le 19 juin, le haut commandement militaire interdit tout drapeau autre que l’emblème national dans les cortèges.

Une quarantaine de personnes, arrêtées depuis mi-juin en possession du drapeau amazigh (berbère), sont inculpées pour « atteinte à l’unité nationale », un crime passible de 10 ans de prison.

Début juillet, Abdelkader Bensalah propose un « dialogue » pour préparer la présidentielle, promettant que l’Etat et l’armée en seront absents.

Le 9 juillet, à l’expiration de son mandat de chef de l’Etat par intérim, M. Bensalah annonce qu’il restera en fonction jusqu’à l’élection d’un nouveau président. Le général Gaïd Salah lui réaffirme le soutien de l’armée.

Le 25 juillet, une « Instance nationale de dialogue et de médiation » est chargée de définir les modalités d’une future présidentielle.

Le 2 août, la « désobéissance civile » est prônée dans les manifestations qui se poursuivent chaque vendredi.

Le 8 août, le général Gaïd Salah juge que les revendications « fondamentales » de la contestation ont été satisfaites, estimant que l’objectif est désormais la présidentielle.

Le 2 septembre, il réclame que le décret de convocation de la présidentielle soit publié le 15.

Arrestations, dispositif policier dissuasif, restrictions des libertés de réunion et d’expression: les autorités algériennes « serrent la vis » contre le mouvement de contestation, dénonce le 9 septembre  l’ONG Human Rights Watch (HRW).

Figure du « Hirak », l’opposant Karim Tabbou est inculpé le 12 septembre d’« atteinte au moral de l’armée » et placé en détention provisoire.

Le 13 septembre, pour le 30e vendredi consécutif, les Algériens descendent dans la rue pour dire non à la présidentielle.

En deux jours, le Parlement a voté une loi sur la création d’une autorité électorale « indépendante » et une autre sur la révision de la loi électorale. Elles sont signées par M. Bensalah le 14 septembre.

Le 15 septembre au soir, la date de la présidentielle est officiellement annoncée pour le 12 décembre par le chef de l’Etat par intérim.

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