Argentine: Macri sort grandi des législatives

23 octobre 2017 18:30 Mis à jour: 23 octobre 2017 18:24

En revanche, le revers est cinglant pour l’ex-présidente Cristina Kirchner, battue de quatre points par un ex-ministre peu charismatique. Seule consolation, elle décroche une précieuse immunité parlementaire, au moment où elle est inculpée dans plusieurs dossiers de corruption, en étant élue sénatrice dans la province de Buenos Aires (40% de l’électorat national).

« Cette élection permet au gouvernement de se consolider », analyse le sociologue Gabriel Puricelli. La coalition de M. Macri, Cambiemos, « n’obtient pas de majorité absolue, mais la coalition est plus robuste. Ce scrutin est un peu comme le 3e tour de l’élection présidentielle de 2015 », poursuit-il.

« Cela signifie que les électeurs accompagnent le programme du gouvernement, manifestent une satisfaction, poursuit-il. Les sondages révèlent que les gens sont optimistes quant à leur futur économique ».

Après une récession en 2016 (-2,2%), l’Argentine pronostique une croissance de 3% en 2017.

Dès son arrivée au pouvoir, le chef de l’État a dressé un bilan catastrophique des 12 années de gestion de Nestor (2003-2007) et Cristina Kirchner (2007-2015), constatant avoir « reçu un pays en ruines », et que la tâche de son gouvernement était de le redresser.

Pour cela, il a supprimé le contrôle des changes, dévalué le peso, diminué les subventions aux factures d’eau, électricité et gaz, soldé un litige sur la dette envers les fonds « vautours » et orchestré le retour de l’Argentine sur les marchés des capitaux.

Pendant ce temps, l’inflation annuelle a bondi à 40% en 2016, un coup dur pour les 41 millions d’habitants. La hausse des prix a ralenti mais elle est déjà de 17% sur les neuf premiers mois de 2017.

Le mécontentement lié à une perte de pouvoir d’achat a été fort, mais pas au point de remettre en cause le maintien du gouvernement.

Mauricio Macri, 58 ans, « étend son pouvoir en gagnant dans 14 des 24 provinces, relève le politologue Roberto Bacman. Il réalise le tour de force de gagner dans les cinq provinces les plus peuplées du pays », qui rassemblent 70% des électeurs.

Il est tôt pour évoquer la présidentielle de 2019, mais l’échéance électorale est déjà sur toutes les lèvres.

« Les conditions lui sont très favorables pour 2019. Politiquement, il est positionné de manière optimale dans cette perspective », estime Gabriel Puricelli.

Le politologue Ricardo Rouvier avertit que le gouvernement devra néanmoins améliorer la situation « sur le front économique, car face à une opposition affaiblie, c’est l’économie qui se transformera en opposition, si l’inflation n’est pas maîtrisée ».

M. Macri a promis lundi de poursuivre les efforts pour réduire l’inflation et le déficit public, envisageant réformes fiscales, du droit du travail et des retraites.

La victoire de l’opposition a été facilitée par la profonde division du péronisme, mouvance créée dans les années 1940 par le général Juan Peron, dont fait partie Mme Kirchner.

Pour le politologue Ignacio zuleta, « Cristina Kirchner gagne, mais le péronisme perd », l’ex-présidente élue sénatrice constituant un obstacle à l’union d’une force qui pourrait être majoritaire en se rassemblant.

Seule, à la tête du parti Unité citoyenne qu’elle a fondé en juin, Cristina Kirchner a totalisé plus de trois millions de suffrages. Un score significatif, mais sans grande marge de progression. Et pour l’instant, aucun autre péroniste n’est en mesure de contester son leadership.

« La victoire de Macri est un signal de la sortie du populisme et que le cap économique sera maintenu. Et l’idée de la réélection de Macri s’installe », observe le politologue Rosendo Fraga.

Cristina Kirchner, 64 ans, pourrait briguer un troisième mandat présidentiel, mais le niveau de rejet à son encontre semble hypothéquer ses chances.

Macri, lui, voit plus loin. « Tout cela ne fait que commencer », a-t-il dit dimanche soir en célébrant la victoire avec ses partisans.

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