Bâtiment squatté à Saint-Mammès : les habitants du « village gaulois » passent à l’action et tentent de déloger les intrus

Par Paul Tourège
28 septembre 2020 01:02 Mis à jour: 28 septembre 2020 09:27

Après plusieurs jours de tensions, des bateliers et des habitants de Saint-Mammès ont pénétré de force dans l’enceinte du bâtiment squatté où ils ont dégondé une porte et jeté les affaires des squatteurs par la fenêtre.

Depuis le jeudi 17 septembre, une dizaine d’activistes du groupuscule écologiste Extinction Rébellion squattent l’ancienne Bourse d’affrètement de Saint-Mammès, une commune d’un peu plus de 3000 âmes établie en bord de Seine.

Édifiée au XVIIIe siècle lors de l’ouverture du canal du Loing, la bâtisse occupée par les squatteurs servait autrefois à organiser les opérations de transport fluvial de marchandises.

Propriété de l’État, le bâtiment se trouve à la disposition des Voies Navigables de France (VNF) dans le cadre de l’exercice de ses missions de service public et est inoccupé depuis quelques années.

Pendant sa campagne électorale, Joël Surier, le nouveau maire de Saint-Mammès, a porté un projet de réhabilitation de l’ancienne Bourse d’affrètement co-élaboré avec des habitants.

Le projet prévoit notamment de transformer le bâtiment emblématique du patrimoine local en un musée batelier et un centre culturel. Des discussions ont été engagées avec VNF et la Direction départementale des services fiscaux de Seine-et-Marne afin que la commune puisse récupérer les lieux.

Le squat de l’ancienne Bourse par les activistes du groupuscule écologiste a ainsi suscité la colère et l’indignation de bon nombre de Mammésiens, furieux de voir le projet prendre du retard à cause de l’occupation sauvage du bâtiment.

La semaine dernière, quelques dizaines de mariniers et d’habitants de Saint-Mammès se sont rassemblés devant les grilles de la demeure afin de signifier leur mécontentement aux intrus.

«  Ces squatteurs sont tombés sur un village de Gaulois ! Nous sommes outrés et nous avons décidé que cela n’allait pas durer. On leur a donné 48 heures de délai pour partir – soit jusqu’à ce mercredi soir, afin d’éviter la violence. On ne sait pas si la force publique va les sortir en premier ou bien si ce sera la force populaire », confiait Pascal Malbrunot, batelier et conseiller municipal de Saint-Mammès, dans les colonnes du Parisien la semaine dernière.

Des habitants et des bateliers tentent de déloger les squatteurs

Selon le quotidien régional, la situation s’est envenimée le jeudi 24 septembre. Des bateliers particulièrement remontés ont pénétré dans le bâtiment et ont retiré une porte avant de jeter les affaires des squatteurs par la fenêtre. Les intrus ont également fait l’objet de menaces avant que la police n’intervienne pour tenter de ramener le calme.

« Vers 19 h 20, le maire avait terminé son discours. Des bateliers, des soutiens et les jeunes étaient chacun de leur côté dehors quand il s’est mis à pleuvoir. Tout le monde est entré, les jeunes avaient préparé un apéritif, tout se passait bien. Et là, c’est soudainement parti en sucette. J’ai vu une porte passer dehors portée par des bateliers », a raconté un témoin aux journalistes du Parisien.

« Nous sommes dans une phase d’entre-deux. Pour le moment, dans le village, il y a les très pour, les très contre et ceux qui ne savent pas trop. On cherche une sortie de crise satisfaisante », ajoute-t-il.

Les squatteurs assurent qu’ils ignoraient tout du projet de réhabilitation de l’ancienne Bourse d’affrètement porté par la mairie et plusieurs habitants au moment où ils ont investi les lieux, dont ils pensaient qu’ils étaient abandonnés « depuis 10 ou 20 ans ».

Au fait de la législation relative aux procédures d’expulsion, les squatteurs – qui n’ont pas hésité à rebaptiser l’ancienne Bourse « MER de Saint-Mammès », comprendre Maison de l’Écologie et des Résistances, avant de faire marche arrière – envisageraient de rester dans les murs jusqu’au printemps.

Bien que rien ne les y autorise, ils affirment vouloir « réhabiliter le patrimoine bénévolement » avant de « l’ouvrir aux associations » et soutiennent que la municipalité aura tout le loisir de mettre son projet en œuvre « légalement » une fois qu’ils auront été expulsés.

Une attitude « franchement hors-la-loi » qui ulcère M. Malbrunot, bien décidé à faire déguerpir les indésirables.

« Les squatteurs qui prônent la désobéissance civile sont en train de violer la mémoire de notre profession avec la bénédiction des pouvoirs publics », souligne le conseiller municipal délégué à la batellerie.

« On a demandé aux squatteurs de partir pour ne pas que cela dégénère. Le but est de leur faire entendre raison. Il faut les sortir de là sans qu’il y ait de blessé. […] Ils n’ont aucune intention de partir et essaient de gagner du temps. Ils ont même pris un avocat ! »

Pour sa part, Joël Surier cherche à apaiser les tensions entre les différents protagonistes, craignant que la situation ne finisse par devenir incontrôlable.

« C’est toujours le plus grand mal de se faire squatter un bien où l’on a un projet. La manière dont cela a été fait est très agaçante, mais je suis le garant de la légalité et j’œuvre pour la sécurité de tous », a indiqué l’édile à la rédaction du Parisien.

Les squatteurs s’excusent… mais ne quittent pas les lieux pour autant

Si VNF, qui a porté plainte, compte déposer un recours afin de faire expulser les squatteurs, la décision de justice ne devrait toutefois pas intervenir « avant le 1er novembre, début de la trêve hivernale », précise M. Surier.

« Ils ne partiront pas avant le mois d’avril. Autant être intelligent, faire les choses avec eux et anticiper pour notre projet », ajoute-t-il.

Le vendredi 25 septembre, dans un billet publié sur Facebook, les activistes du groupuscule radical ont présenté « leurs plus sincères excuses à toutes les personnes blessées par ce qui leur semble légitimement être une appropriation du patrimoine culturel de Saint-Mammès et de l’histoire de la batellerie ».

Bien qu’ils aient fait amende honorable, reconnaissant ne pas avoir pris la mesure de l’attachement des Mammésiens à ce monument emblématique du patrimoine local, les squatteurs ne semblent toutefois pas prêts à quitter les lieux qu’ils occupent.

« […] Nous aimerions pouvoir échanger avec la communauté des bateliers afin d’imaginer avec eux et les habitants de la commune, l’avenir de ce projet », expliquent les militants d’Extinction Rébellion.

« Nous sommes également en dialogue avec l’équipe municipale, ainsi que la communauté de communes : signe que nos projets ne sont pas contradictoires », concluent les intrus.

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