« Ça a l’air d’être un vilain gros mot »: ce qui se cache derrière le tabou du racisme anti-blancs

Par Julian Herrero
5 janvier 2024 08:12 Mis à jour: 7 janvier 2024 11:46

« Ça a l’air d’être un vilain gros mot de parler de racisme anti-blancs ». Voilà ce qu’affirmait la maire de Romans-sur-Isère, Marie-Hélène Thoraval ce mercredi 3 janvier dans l’émission « Face-à-Face » de BFMTV. Force est de constater que ce racisme, qui est pourtant bien réel, fait encore l’objet de tabou, et même parfois d’un certain déni. La droite a su progressivement l’imposer dans les champs politiques et médiatiques mais il reste encore du travail.

La réalité du racisme anti-blancs

Il y a un an, un agent de la ville de Paris était traité de « sale blanc » dans les transports en commun. En octobre dernier, dans le département des Hauts-de-Seine, des policiers étaient eux aussi insultés de « sales blancs » par un jeune de 14 ans. Un mois plus tard, un drame marquait les esprits, Thomas, 16 ans était assassiné à Crépol. Plusieurs témoins avaient affirmé que les assaillants avaient déclaré être là pour « planter des blancs ». Depuis des années, ces faits divers tendent pour devenir un phénomène de société.

« Je pense qu’il existe un racisme anti-blancs comme il existe un racisme à l’endroit des personnes d’origine subsaharienne, maghrébine ou encore asiatique. Mais ce dernier n’a pas les mêmes racines que les autres. Il part de l’idée que l’homme blanc est le mal ontologique du monde. Tout ce qui est négatif ou oppressif émane de lui », analyse Gabriel Robin, journaliste de Causeur et intervenant sur Cnews, contacté par Epoch Times.

« En plus de la partie intellectuelle de ce racisme, vous avez le racisme anti-blancs du quotidien. Certaines populations pensent compenser leur faiblesse sociologique par leur dureté et leur force dans la rue, en imaginant que le blanc est plus faible et qu’il ne sait pas se battre. Et ça, vous le retrouvez par exemple dans le MMA avec des personnes d’origine africaine ou maghrébine qui affirment qu’elles sont les meilleures », poursuit-il.

Un tabou ou un déni, selon le bord politique

Mais ce type de racisme est resté longtemps tabou dans le monde politique. La droite traditionnelle ne l’a que récemment brisé. Le virage conservateur opéré par Éric Ciotti lorsqu’il a pris les rênes des Républicains il y a un an et la mise en avant de personnalités telles que le député européen François-Xavier Bellamy ou le président des LR au Sénat, Bruno Retailleau y est pour quelque chose.

« À droite, on ne parlait pas ouvertement du racisme anti-blancs, même si certains le mentionnaient quand même à l’instar de l’actuel président des Républicains. Je pense que bientôt, même Édouard Philippe va en parler, je n’en serai pas étonné. Il y a une réalité et des Français qui en témoignent. On ne peut pas nier ce que disent des Français parfois non-politisés », nous confie Gabriel Robin.

Du côté de la gauche, au-delà du simple tabou, il y a un déni de ce genre de racisme. Il n’existe tout simplement pas et est une invention de l’extrême-droite.

« La gauche et l’extrême-gauche ne veulent pas l’aborder, car selon elles les Français qui ont des racines européennes, parce qu’ils sont majoritaires, ne peuvent être victimes de racisme. Pour elles, il ne peut être subi que par les minorités. Mais elles oublient que maintenant dans certains quartiers, les minorités sont blanches », estime le journaliste.

Il existe également un tabou au sein de la justice française. La famille de Thomas avait demandé que le caractère raciste du meurtre soit pris en compte, mais à ce stade ce n’est toujours pas le cas.

« J’ai vu des jurisprudences où le motif raciste caractérisé à l’égard d’une personne blanche avait été retenu. Ça peut arriver. La question est maintenant de savoir s’il est moins retenu dans le cadre des autres types de racisme ou de remarques antisémites ».

Le combat culturel et intellectuel

Pour que le racisme anti-blancs soit efficacement combattu, il doit d’abord être compris et donc défini. Le réveil idéologique et psychologique de la droite constitue 50 % du travail, mais il y a les 50 % restant qui consistent à avoir une vraie réflexion et à mener un travail intellectuel de grande ampleur. Pour cela, les milieux conservateurs doivent davantage peser dans le monde académique et de la recherche. De nos jours, en France, ces secteurs sont verrouillés par la pensée de gauche.

« La droite pense qu’elle a gagné la bataille culturelle parce qu’elle entend ce thème à la télévision, mais le problème, c’est que le combat se mène aussi dans les universités. Si vous êtes un chercheur au CNRS, un anthropologue ou un sociologue qui va étudier ce sujet du racisme anti-blancs, vous risquez d’être « excommunié » par vos propres collègues », nous dit Gabriel Robin.

« La question de l’étude du racisme anti-blancs est encore plus taboue que le sujet lui-même. Beaucoup de sociologues ou anthropologues qui sont régulièrement  invités dans les médias n’étudient pas ce sujet en profondeur. Sur ce racisme, je n’ai jamais vu une étude dire objectivement quels sont ces actes, par qui ils sont commis, dans quel cadre. On se crée une montagne de tabous parce qu’on ne veut pas étudier les phénomènes de société quand ils nous dérangent », ajoute-t-il.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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