Ce camionneur autiste est doté d’une capacité de « cartographie mentale » qui l’aide à naviguer sur la route comme s’il avait un GPS

Par Epoch Times
5 avril 2022 04:49 Mis à jour: 5 avril 2022 04:50

Stuart Harvey, chauffeur routier britannique, a un penchant pour la solitude. Élevé dans une famille de camionneurs, il pense être né pour la route.

Originaire de Hoddesdon, au nord de Londres, le grand‑père de ce transporteur gros volume avait l’habitude de transporter des chars de l’armée et d’autres équipements sur des centaines de kilomètres.

Mais sa passion pour le camionnage découle également d’une maladie neurologique avec laquelle il est né. Le jeune homme de 29 ans, qui conduit depuis huit ans, est autiste.

Bien qu’il doive faire face à ce trouble, qui rend souvent la communication et la socialisation difficiles, Stuart en souligne les avantages : les personnes du spectre autistique font parfois preuve d’une intelligence inhabituelle.

Le don de Stuart est sa capacité apparemment surnaturelle à tracer les meilleurs itinéraires pour aller du point A au point B en utilisant la puissance de son esprit, presque comme une navigation par satellite. « C’est comme une technologie de cartographie de l’esprit », explique‑t‑il à Epoch Times, décrivant la compétence qu’il a développée au fil des ans, qu’il compare à « un affichage de casque de pilote de chasse de haute technologie ».

(Avec l’aimable autorisation de Stuart Harvey)

« Cela fonctionne presque de la même manière qu’un système d’affichage tête haute sur le casque d’un pilote de chasse », dit‑il. « Tout est transmis devant vous et je peux trier les détails des choses qui m’ont sauté aux yeux. »

« Disons que je regarde devant moi, que j’ai mon ordinateur portable devant moi, qu’une touche est légèrement plus chaude que l’autre, qu’il y a un grain de poussière entre les deux, comme le tapis de souris, etc. »

« Votre cerveau vous le dira inconsciemment sans même que vous y pensiez. »

Le conducteur autiste de haut niveau estime qu’il y a peu d’autres personnes atteintes de cette condition dans sa profession. « Il y a certains d’entre nous qui luttent pour le reste de leur vie parce qu’ils ne sont pas capables de parler ou de s’exprimer. Je suis assez chanceux dans un sens, car je suis capable de faire toutes ces choses. »

 « Il n’existe aucune enquête sur les chauffeurs poids lourds atteints du syndrome d’Asperger », ajoute‑t‑il, en faisant référence à son trouble particulier. « Et cela nous pousse à nous demander… Combien sommes‑nous, réellement, dans le monde ? Je ne peux pas être le seul. »

Malgré le fait qu’il ait réussi à naviguer sur la route de la vie, ce qui l’a finalement conduit à sa carrière de chauffeur, tout n’a pas toujours été facile.

À l’école, il a dû faire face à des brimades et il souhaitait ardemment entrer dans la vie active, mais cela n’a pas forcément amélioré les choses.

(Avec l’aimable autorisation de Stuart Harvey)

Quand les gens venaient et commençaient à essayer de me parler, les choses me passaient au‑dessus de la tête parce que je me disais : « Je n’ai aucune idée de ce que vous dites », raconte Stuart. « Ça m’a exposé aux brimades. »

« Ma carrière scolaire a été tellement traumatisante. J’étais presque en train de prier pour aller travailler et gagner ma vie. »

« Je me suis ensuite rendu compte que lorsque j’y suis arrivé, ce n’était pas différent… En fait, ça n’a fait qu’empirer. »

Conduire des poids lourds de 18 mètres a changé la donne. Cela a permis à Stuart d’éviter les moqueries, dit‑il, en « faisant simplement ce pour quoi je suis doué ».

« C’est une ligne de conduite pour moi », ajoute‑t‑il. « On est globalement isolé, tout seul ; si je ne veux pas parler à quelqu’un, je n’ai pas à le faire… Si je ne veux parler à personne pendant que je conduis, alors simplement j’éteins mon téléphone. »

La carrière de Stuart sur la route a commencé en 2014, au volant d’une camionnette. Il est progressivement passé aux camions “longs véhicules”, puis a été embauché en 2019, avant que le Covid ne frappe. Loin de l’empêcher de gagner sa vie, la pandémie a vu sa profession être élevée au rang de « travailleur essentiel » – un insigne d’honneur que Stuart porte fièrement.

« J’ai conduit pratiquement tout au long du deuxième confinement que nous avons eu jusqu’en 2021 », raconte‑t‑il au journal. « Nous sommes un élément vital de toute l’économie… Être dans cette période où nous sommes reconnus comme une industrie essentielle, c’est quelque chose. »

Après avoir travaillé pour 11 employeurs différents au cours des 10 dernières années, certains emplois ayant parfois duré moins de six mois, Stuart semble avoir trouvé sa voie.

« Le boulot dans lequel je me suis engagé, c’est celui que j’ai encore », dit‑il. « J’ai été avec eux pratiquement tout au long de la pandémie. »

Quant à la philosophie de vie qui l’a mené ici, le camionneur déclare : « J’ai juste eu la force de me relever et de continuer. C’est presque un peu comme la chanson, n’est‑ce pas ? Je suis abattu. Mais ensuite, je me relève… C’est exactement ça. »

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