En Chine, « Big Brother » existe bien et est plus terrifiant que le cauchemar orwellien de « 1984 »

14 mars 2016 18:32 Mis à jour: 19 avril 2016 10:04

Dans son ouvrage 1984 paru en 1949, George Orwell décrit un futur dystopique où le régime autoritaire « Big Brother », qui a créé des systèmes élaborés de contrôle social, surveille ses citoyens par l’intermédiaire de « télécrans » semblables à des télévisions.

Aujourd’hui, le Parti communiste chinois (PCC), par ses programmes d’espionnage en six points, ont largement dépassé la vision d’Orwell.

1) « Big intelligence » ou la collecte du maximum de renseignements sur chaque citoyen

Le régime chinois espionne chacun de ses citoyens, y compris les hauts dirigeants du PCC. Il le fait grâce à un programme nommé « Big Intelligence » qui est sous le contrôle du ministère de la Sécurité publique.

Le programme a été révélé en 2014, mais était à l’œuvre depuis près de dix ans déjà. L’ancien chef du Bureau de la Sécurité publique de Chongqing a déclaré sur les ondes de la radio Sound of Hope qu’avec « Big Intelligence », les autorités de Pékin pouvaient passer au crible les 1,3 milliard de Chinois en 12 minutes. Toutes les personnes recherchées dans le pays en 4 minutes et tous les permis de conduire de Chine en 3,5 minutes.

Le programme de surveillance « Big Intelligence » regroupe les informations captées par les caméras de surveillance dans tout le pays, depuis celles des taxis à celles placées aux coins des rues et celles des commerces. Il utilise ces données pour traquer les individus. La radio Sound of Hope a remarqué que le PCC avait installé des centaines de milliers de caméras de surveillance dans chaque ville. Rien que dans la ville de Chongqing, le système comptait en 2014, plus de 50 000 caméras de surveillance.

En octobre 2015, la police de Pékin annonçait que son réseau de caméras de surveillance était piloté par plus de 4 300 agents qui surveillaient « 100% de la capitale ». Les dispositifs sont couramment utilisés pour traquer les croyants et les dissidents politiques.

2) Le « système du crédit social »

Que serait un régime autoritaire s’il ne poursuivait pas les citoyens se permettant une pensée indépendante ? Dans la vision d’Orwell, les citoyens sont persécutés pour « des délits d’opinion ». La situation est identique sous le joug du PCC, où même au sein de la plupart des grandes entreprises de hautes technologies, des accords internes interdisent « les pensées » et « les discours » qui remettent en question le PCC.

Mais avec son système de crédit social, le régime chinois va encore plus loin. Ce programme rassemble toutes les informations disponibles sur chaque citoyen chinois, qui se voit attribuer une note. Cette note peut impacter la capacité d’une personne à obtenir un emploi, un prêt bancaire ou à faire un achat immobilier .

« L’armée des 50 cents » est composée de 500 000 trolls qui font la promotion de la propagande du PCC sur la toile.

Puisque le système de crédit social peut aussi dégrader la note d’une personne si celle-ci a un ami ou un membre de sa famille affublé d’une mauvaise note, cela crée un environnement où les amis et les membres de la famille sont interdépendants et auront tendance à promouvoir les politiques du PCC, à l’intérieur de la famille pour être bien notés.

En mai 2015, l’animateur de l’émission China Uncensored Chris Chappell, a décrit le programme comme « une sorte de Yelp [l’appli mobile qui publie des avis participatifs sur les commerces locaux] sauf qu’ici, c’est le Parti communiste qui note chacun des 1,3 milliard de Chinois ».

3) Une cyber-police à la sauce chinoise

Si vous vivez dans un environnement sans liberté de penser ni d’expression, vous pouvez généralement trouver du réconfort sur Internet – qui offre un certain niveau d’anonymat. En Chine, ce n’est absolument pas le cas.

Dans son classement 2015 de la liberté sur Internet comparant 65 pays à travers le monde, l’organisation indépendante Freedom House a placé la Chine en bon dernier – bien derrière Cuba et même la Syrie.

L’une des raisons de ce faible score tient aux agents du PCC qui épient les discussions en ligne, suppriment certains contenus et dénoncent les internautes aux autorités. Ils emploient aussi un réseau massif d’environ 500 000 trolls sur Internet, réseau connu sous le nom d’ « Armée des 50 cents » dont l’objectif est de promouvoir et défendre la propagande en ligne du PCC en Chine et hors du continent.

Parmi les nombreux « crimes » sur Internet qui peuvent vous mener à l’arrestation, figurent « la propagation de rumeurs » qui sortent du cadre des informations définies par le PCC, qui critiquent le régime ou promeuvent des concepts « subversifs » comme celui de la démocratie.

4) L’espionnage dans les véhicules

L’une des grosses lacunes de la traque par les caméras de surveillance et par Internet pour espionner les Chinois est que les sujets deviennent difficiles à suivre dès qu’ils sautent dans un véhicule.

Le PCC a trouvé la solution pour contourner cet obstacle. En plus des caméras de surveillance installées par la police dans les taxis, les autorités chinoises ont commencé à exiger des conducteurs qu’ils portent des identifiants électroniques permettant de tracer leurs véhicules.

La première phase du programme est en cours d’expérimentation à Shenzhen, ville où le PCC a récemment émis 200 000 cartes d’identité électroniques à des chauffeurs, dont ceux des camions de transport commerciaux et des bus scolaires. Selon Reuters, si le programme se déroule comme prévu, le PCC voudrait l’étendre à tous les véhicules privés de la ville.

Le PCC a évidement déjà utilisé de tels systèmes par le passé. En 2011, l’information suivante avait fuité : les autorités chinoises installaient des dispositifs d’espionnage dans tous les véhicules munis de la double plaque sino-hongkongaise. Les dispositifs d’espionnage qui étaient cachés dans les cartes d’inspection étaient capables d’intercepter les conversations et de traquer les véhicules.

5) L’espionnage avec les gadgets technologiques

Au cours des manifestations pro-démocratie de 2014 à Hong Kong, les ordinateurs, les téléphones portables et les tablettes de la plupart des protestataires avaient été piratés. Les chercheurs ont découvert que les attaques venaient de pirates au service du régime de Pékin ciblant précisément les militants pro-démocrates.

Pour Michael Shaulov, PDG de Lacoon Mobile Security, qui a permis de découvrir les cyber-attaques visant les smartphones, l’attaque donnait aux acteurs gouvernementaux un accès à toutes les parties des téléphones – la caméra, le microphone, l’historique interne et la localisation GPS. Il pense que c’est certainement « le parfait outil pour mener une opération d’espionnage ».

 6) Le « précrime » ou la détection des « futurs délits »

Selon Bloomberg, le PCC a mandaté l’une des plus grosses entreprises en contrat avec la défense d’État, China Electronics Technology Group, pour construire un nouveau logiciel qui recueille et organise les données relatives à l’emploi des individus, à leurs loisirs, à leurs habitudes de consommation et à d’autres comportements.

Bloomberg poursuit en précisant que le nouveau système de détection « précrime » du PCC « est sans précédent puisqu’il n’y a pas de garantie de respect des lois de la protection de la vie privée ni aucune pression venant des défenseurs de la liberté civile ou des entreprises ».

Le PCC tente de justifier ses agissements, en les brandissant comme un moyen de prévenir les attaques terroristes. Mais le régime chinois à l’habitude de masquer ses programmes d’espionnage autoritaires sous le vernis de mesures anti-terroristes.

Ainsi, Zhao Yuan Ming, un juriste chinois s’est confié à la télévision NTD en février 2015, au sujet de la nouvelle loi « anti-terroriste » du PCC : « Je pense que cette loi anti-terrorisme tente intentionnellement de brouiller la ligne de démarcation entre l’anti-terrorisme, les conflits ethniques et les opinions politiques différentes ».

Version anglaise : 6 Chinese Spy Programs That Are Worse Than ‘Big Brother’ in Orwell’s ‘1984’

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