Drame de Millas: un an de prison ferme requis contre la conductrice

Photo: credit: RAYMOND ROIG/AFP via Getty Images
Face à la « perpétuité » infligée aux enfants victimes de la collision mortelle entre leur car scolaire et un TER à Millas (Pyrénées-Orientales) en 2017, cinq ans d’emprisonnement, dont quatre avec sursis probatoire, ont été requis mercredi à Marseille contre la conductrice du car.
La défense de Nadine Oliveira, 53 ans, poursuivie pour homicides et blessures involontaires, a plaidé la relaxe.
Invoquant une « faute simple », résultat de l’inattention et l’imprudence de la conductrice, le procureur Michel Sastre a écarté toute « fatalité » dans cette « tragédie » jugée par le tribunal judiciaire de Marseille, seule ville avec Paris à accueillir un pôle spécialisé dans les accidents collectifs.
La conductrice du car absente lors du réquisitoire
Des « vies d’enfants ont été ôtées, (…) des familles anéanties », a insisté le représentant du ministère public dans un réquisitoire mesuré, en rappelant que la « perpétuité » avait déjà été infligée aux victimes. Cette collision, le 14 décembre 2017, au passage à niveau de Millas, avait provoqué la mort de six enfants et en avait blessé 17, dont huit grièvement.
Hospitalisée à plusieurs reprises après l’accident, en psychiatrie, la prévenue avait ensuite été placée sous contrôle judiciaire, sans aller en détention. À nouveau hospitalisée en psychiatrie, après s’être effondrée à la barre le 22 septembre, au quatrième jour de son procès, elle n’est plus réapparue depuis.
Elle était donc encore absente lors du réquisitoire du ministère public qui a assorti sa proposition de sursis d’une obligations de soins et d’indemnisation des victimes. M. Sastre a aussi demandé l’annulation de ses permis de conduire (de tourisme et de transport de passagers) ainsi que son interdiction de repasser ces derniers pendant cinq ans.
« Ce dossier est compliqué »
À Perpignan, au Palais des sports, où le procès est diffusé depuis le début pour les familles et proches de victimes, la peine requise est apparue bien insuffisante : « Elle a tué six enfants. Un an par enfant, ce n’est pas assez… », a regretté Michaël, 42 ans.
Premier à plaider en défense de Mme Oliveira, mercredi après-midi, Me Jean Codognès a reconnu que « ce dossier est compliqué » pour la présidente, Céline Ballerini, et ses deux assesseures : « Compliqué parce que vous avez à juger, jauger des souffrances incommensurables, (…) et qu’on ne peut concevoir notre justice sans réponse judiciaire ».
« Mais je voudrais vous convaincre qu’il peut y avoir une réponse judiciaire dans la relaxe de Nadine Oliveira », a-t-il lancé, provoquant une rumeur d’indignation dans la salle.

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