Eva Kaili : le scandale de corruption qui menace la crédibilité de tout le Parlement européen

Par Epoch Times avec AFP
13 décembre 2022 17:15 Mis à jour: 13 décembre 2022 19:25

Le Parlement européen a déchu mardi de sa fonction de vice-présidente Eva Kaili, l’eurodéputée grecque mise en cause dans un scandale de corruption présumée impliquant le Qatar, un premier pas avant une réforme de l’institution jugée indispensable.

Cette sanction pour « faute grave » a été approuvée à la quasi-unanimité des députés présents à Strasbourg en séance plénière, soit 625 votes favorables sur 628 exprimés.

Au cœur du scandale qui ébranle les institutions européennes, Mme Kaili occupait l’une des 14 vice-présidences du Parlement.

L’élue socialiste incarcérée dimanche en Belgique est soupçonnée d’avoir été payée par Doha pour défendre les intérêts de l’émirat qui accueille actuellement le Mondial de football. Trois autres personnes ont été écrouées dans cette enquête menée par un juge d’instruction belge.

Le Qatar a fermement démenti les accusations, mais une source judiciaire a confirmé à l’AFP que ce pays était bien soupçonné par les enquêteurs belges. L’avocat d’Eva Kaili, Michalis Dimitrakopoulos, a affirmé qu’elle n’avait accepté aucun « pot-de-vin du Qatar ».

Mais des sacs, contenant des billets de banque pour 150.000 euros, ont été découverts dans son appartement de la capitale belge, selon la même source judiciaire.

Son père a lui été surpris avec une valise contenant 750.000 euros en liquide.

Enfin, 600.000 euros ont été saisis au domicile de Pier-Antonio Panzeri, un ancien eurodéputé socialiste italien désormais à la tête d’une ONG à Bruxelles.

« La religion des droits de l’Homme s’arrête donc là où commencent les valises de billets »

La police a en outre inspecté lundi les locaux du Parlement à Bruxelles pour saisir des données de collaborateurs parlementaires. A Strasbourg, plusieurs bureaux ont été placés sous scellés.

Le scandale menace la crédibilité du Parlement européen tout entier, une assemblée souvent en pointe pour dénoncer les pratiques de corruption dans certains pays, comme la Hongrie de Viktor Orban.

« La religion des droits de l’Homme s’arrête donc là où commencent les valises de billets », a fustigé l’eurodéputé français RN Jordan Bardella. « Alors que l’Union européenne s’est érigée (…) en juge moralisateur de tous les régimes du monde, la voici présumée corrompue à son plus haut niveau par l’argent d’un Etat islamiste », a-t-il lancé lors d’un débat à Strasbourg.

Les normes de l’UE « devraient toujours être les plus élevées, c’est ce que nous attendons des autres et nous devons l’exiger de nous-mêmes », a reconnu la commissaire aux Affaires intérieures Ylva Johansson, en soulignant qu’il fallait maintenant « reconstruire la confiance ».

Des réformes profondes sont nécesaires

Signe d’un climat de défiance touchant l’ensemble des institutions européennes, son collègue grec Margaritis Schinas, vice-président de la Commission, épinglé par la presse de son pays pour un déplacement à la Coupe du monde au Qatar, a tenu à se justifier.

« C’était le premier événement sportif mondial post-pandémie, et l’Europe ne pouvait pas être absente », a-t-il dit. Accusé d’avoir adopté des prises de position favorables sur le droit du travail de l’émirat, il a affirmé avoir simplement reproduit les opinions définies par l’exécutif européen.

Le Parlement européen a annoncé qu’il allait « lancer un processus de réforme interne afin de garantir que la transparence et la responsabilité soient renforcées ». Il s’agira notamment de « renforcer les règles du Parlement concernant l’accès à ses locaux et à ses réunions » et plus de transparence et de contrôle concernant « le financement des organisations et des personnes » bénéficiant d’un tel accès.

Plusieurs élus ont souhaité voir avancer la proposition de la Commission européenne d’« une autorité indépendante » sur les questions d’éthique dans les institutions de l’UE.

La présidente des socialistes et démocrates (S&D, gauche) Iratxe Garcia Perez a annoncé que ce groupe politique, auquel appartenait Mme Kaili, avait décidé de se « porter partie civile » lors d’un futur procès.

Elle a souhaité que le Qatar puisse rendre des comptes. « S’il s’avère que ce pays a essayé de saper la démocratie européenne, (il faut) qu’il y ait des sanctions », a-t-elle dit.

Ex-présentatrice de télévision âgée de 44 ans, Eva Kaili, eurodéputée depuis 2014, avait déjà été exclue ces derniers jours du parti socialiste grec (Pasok-Kinal) dont elle était une figure controversée ainsi que du groupe S&D. Ses avoirs ont été gelés par l’Autorité grecque de lutte contre le blanchiment d’argent.

Son maintien ou non en détention, comme celui des trois autres personnes écrouées, dont Pier-Antonio Panzeri et Francesco Giorgi, le compagnon de Mme Kaili, sera examiné mercredi par la justice belge.

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