Covid-19 : privée d’usines chinoises, une entreprise relocalise près de Paris

Par Epoch Times avec AFP
3 mars 2020 14:18 Mis à jour: 3 mars 2020 14:36

D’un geste précis, Sandra cisèle le verre à la flamme. La jeune femme vient d’être embauchée chez un fabricant de thermomètres en région parisienne qui a relancé sa production après la mise à l’arrêt pour cause de coronavirus des usines de ses partenaires chinois.

Installée à Vaux-le-Pénil, au sud de Paris, la société STIL fabrique des thermomètres et des baromètres en verre depuis 1945 pour les laboratoires, l’industrie agroalimentaire, le bâtiment ou encore la puériculture.

Jusqu’aux années 2000, cette entreprise familiale française maîtrise chaque étape de la production : « soufflage manuel, étalonnage, montage, peinture en sérigraphie et conditionnement », énumère son président, Gérard Lux.

Savoir-faire français, transmis aux partenaires chinois

Puis le savoir-faire français est « transmis aux partenaires chinois » où le coût de production est moins élevé. En Seine-et-Marne (région parisienne), les machines s’arrêtent et le nombre des employés est réduit de 50 à 15 personnes.

Mais le nouveau coronavirus, parti de la ville chinoise de Wuhan, a changé la donne.

-Illustration- Refabriquer des thermomètres en Seine et Marne. Photo GEORGES GOBET / AFP via Getty Images.

Les usines de ses trois partenaires en Chine sont à l’arrêt « depuis le Nouvel an chinois fin janvier » et les ouvriers ne sont pas retournés au travail, résume M. Lux, qui a acheté en 2011 avec son fils la société STIL à la famille fondatrice.

L’entreprise fabriquait 30% de ses thermomètres en France

Mais selon lui, la paralysie de l’industrie chinoise s’avère « une opportunité » : les vieilles machines de l’entreprise, âgées de 30 à 40 ans, ont repris du service et les employés retravaillent des produits qu’ils ne fabriquaient plus depuis 15 ans.

L’entreprise, qui fabriquait 30% de ses thermomètres en France avant l’épidémie de coronavirus, a pour objectif de passer à 50% d’ici à la fin de l’année.

L’usine « a une capacité de production d’environ 10 millions de thermomètres, on en fait actuellement près de 300.000, donc on a une marge de progression énorme », assure l’ancien ingénieur dans l’automobile.

Recruter de nouveau

Il a aussi dû de nouveau recruter : « J’ai embauché Sandra il y a trois semaines et si cela continue, j’aurais besoin d’une ou deux personnes supplémentaires avant la fin de l’année », dit-il.

Les employés se remettent, quant à eux, aux techniques de production abandonnées il y a des années.

Fernande Fernandes, 59 ans, refait de la sérigraphie : « ça me manquait », confie la plus ancienne employée de STIL, qui avec la concurrence chinoise a vu au fil du temps son travail réduit à de la manutention.

A un an de la retraite, elle transmet aux deux derniers embauchés les différentes techniques acquises en 35 ans de carrière pour fabriquer un thermomètre de A à Z. « Les entreprises vont réfléchir un peu » avant de délocaliser, raille-t-elle.

Non loin de sa machine, Vasco Goncalves s’attelle à fabriquer le réservoir d’un thermomètre destiné aux charcutiers. « Cela fait un an et demi que je suis dans la boîte, je ne connaissais pas avant » cette activité, explique le tout nouveau souffleur de verre.

C’est Martine Le Dimna, 17 ans d’ancienneté, qui lui enseigne « les anciennes méthodes » de soufflage de verre, arrêtées depuis la délocalisation en Chine.

« Un thermomètre français, n’est pas un coût chinois »

Si l’entreprise STIL veut produire localement 50% de sa production, son patron met cependant en garde : « c’est le client qui décidera si oui ou non il est capable de payer un surcoût. C’est bien beau d’avoir un thermomètre français mais ce n’est pas un coût chinois. Il faut prendre en compte les salaires, les taxes foncières, l’énergie, etc. ».

Un thermomètre de bain pour bébé de fabrication chinoise, par exemple, coûte à peu près 45 centimes et est vendu quatre euros en grande surface.

Au coût de production, s’ajoute celui des matières premières : « il y a de moins en moins de scieries en France, et les éléments électroniques ne sont plus produits en Europe. On a tout transmis aux Chinois », souligne M. Lux.

« On ne pourra jamais se passer de la Chine mais, avec le coronavirus, le rapport de force avec les entreprises françaises pourrait s’équilibrer pour ne pas être totalement dépendant », analyse le patron de STIL qui affiche un chiffre d’affaires de trois millions d’euros en 2019.

 

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