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Cuba : démission de la ministre du Travail pour avoir nié l’existence de « mendiants » sur l’île

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Un homme fouille dans une benne à ordures à La Havane, le 15 juillet 2025.

Photo: ADALBERTO ROQUE/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

La ministre du Travail de Cuba a démissionné mardi après avoir affirmé qu’il n’y avait pas de « mendiants » sur l’île, seulement des gens « déguisés en mendiants », au moment où le pays traverse une profonde crise économique.
Marta Elena Feito, également ministre de la Sécurité sociale, « a reconnu ses erreurs et a présenté sa démission », a annoncé la presse officielle mardi soir.

Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres (à dr.), marche à côté de la ministre cubaine du Travail et de la Sécurité sociale, Marta Elena Feito, à son arrivée à l’aéroport international José Martí de La Havane, le 14 septembre 2023. (YAMIL LAGE/AFP via Getty Images)

La demande de démission de la ministre a été analysée par les plus hautes autorités du Parti communiste et du gouvernement qui ont « accepté de la libérer » de son poste en raison de « son manque d’objectivité et de sensibilité », ont ajouté les médias officiels.
Lundi, lors d’une présentation devant une commission parlementaire, Marta Elena Feito avait nié que les personnes fouillant les poubelles dans la rue le faisaient pour chercher de la nourriture. Elle avait aussi critiqué les laveurs de pare-brise de rue, les accusant de chercher une « vie facile ».

Un homme âgé pousse une brouette remplie d’instruments de musique artisanaux pour gagner sa vie dans les rues de La Havane, le 15 juillet 2025. (ADALBERTO ROQUE/AFP via Getty Images)

« Il n’y a pas de mendiants à Cuba »
« Nous voyons des personnes qui semblent être des mendiants, mais quand on regarde leurs mains, quand on regarde leurs vêtements, on se rend compte qu’elles sont déguisées en mendiants, ce ne sont pas des mendiants. Il n’y a pas de mendiants à Cuba », a déclaré la ministre.
Ces propos, tenus pendant une session parlementaire retransmise à la télévision nationale, ont provoqué un tollé, notamment sur les réseaux sociaux, au moment où la population cubaine est confrontée à une inflation galopante et où les personnes faisant la mendicité ou fouillant les poubelles sont de plus en plus visibles, en particulier dans la capitale.

Un homme fouille dans une benne à ordures à La Havane, le 15 juillet 2025. (ADALBERTO ROQUE/AFP via Getty Images)

« Rappelez-vous : ces gens ne sont pas des mendiants à Cuba, ce sont des personnes déguisées », a ironisé un internaute sur Facebook, en postant des photos montrant des indigents fouillant les poubelles.
« Aucun d’entre nous ne peut agir avec arrogance »
Le président de Cuba, Miguel Diaz-Canel, a tenté mardi d’éteindre le scandale. Il a d’abord réagi sur son compte X: « Le manque de sensibilité dans l’approche de la vulnérabilité est très discutable », a-t-il critiqué.

Le président de Cuba Miguel Diaz-Canel au Palais présidentiel de Miraflores, le 24 avril 2024 à Caracas, au Venezuela. (Jesus Vargas/Getty Images)

Miguel Diaz-Canel est revenu à la charge un peu plus tard, pendant une vingtaine de minutes, lors d’une session parlementaire. « Aucun d’entre nous ne peut agir avec arrogance, avec suffisance, déconnecté des réalités que nous vivons », a-t-il insisté.
Augmentation du niveau de pauvreté 
Le président a reconnu que « ces personnes, que nous décrivons parfois comme des mendiants ou liées à la mendicité, sont en réalité les expressions concrètes des inégalités sociales et des problèmes » auxquels Cuba est confronté.

Diana Ruiz assise à côté de son fils dans leur maison de La Havane, le 27 mars 2024. Le manque de nourriture et les longues coupures d’électricité qui ont touché la quasi-totalité de la population cubaine ont conduit des centaines de personnes à manifester le 17 mars dans au moins quatre villes du pays. (YAMIL LAGE/AFP via Getty Images)

Le niveau de pauvreté a augmenté ces dernières années sur l’île en proie à une profonde crise économique, alimentée par une faible production locale et le renforcement de l’embargo américain par Donald Trump.
Personnes vulnérables ou vagabondes
Le chef de l’État n’a pas utilisé le mot « pauvre », lui préférant les termes de personnes vulnérables ou vagabondes, utilisés habituellement par les autorités pour évoquer le sujet.

Lazaro Ruiz mange dans sa chambre à La Havane le 27 mars 2024. (YAMIL LAGE/AFP via Getty Images)

En 2024, 189.000 familles et 350.000 personnes considérées comme vulnérables bénéficiaient de programmes d’aide sociale sur l’île de 9,7 millions d’habitants, selon le gouvernement.