Disparition d’Émile: une « mise en situation » au Haut-Vernet, pour quels objectifs?

Par Epoch Times avec AFP
28 mars 2024 20:55 Mis à jour: 28 mars 2024 21:27

Si le mystère de la disparition du petit Émile, deux ans et demi, dans un village alpin, en juillet, restait entier jeudi après une « mise en situation » ayant réuni sa famille, des voisins et témoins, près de neuf mois après le début de l’enquête, les gendarmes ont récolté une masse importante de données à exploiter.

Cette mise en situation, qui avait commencé aux alentours de 9h00, s’est achevée en fin d’après-midi sans communication à ce stade sur ses résultats éventuels.

17 personnes convoquées

Au total, 17 personnes avaient été convoquées par la justice pour reconstituer le moment où le garçonnet a été aperçu pour la dernière fois dans le hameau du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence) le 8 juillet. Pour s’assurer que ce nouvel acte d’enquête se déroule dans la sérénité, l’accès au hameau avait été barré depuis mercredi 08h00 et le restera jusqu’à vendredi 08h00.

Le Haut-Vernet, situé entre Digne-les-Bains et Gap, était également totalement interdit de survol jeudi, avec des drones mobilisés pour sécuriser le site.

Sous une pluie fine et un froid mordant, une vingtaine de journalistes sont restés massés devant la barrière d’interdiction d’accès, surveillée par deux voitures de gendarmerie, ont constaté des journalistes de l’AFPTV.

« L’objectif de la mise en situation, c’est de retracer de manière chronologique la soirée du 8 juillet et de pouvoir confirmer ou infirmer les éléments » recueillis par les enquêteurs, a expliqué à l’AFP Pierre Coursières, commandant en second du groupement de gendarmerie des Alpes-de-Haute-Provence, précisant qu’« une centaine de gendarmes » étaient mobilisés « sur zone ».

La « mise en situation », qui n’est pas à proprement parler une reconstitution classique, aucune infraction caractérisée n’ayant été relevée dans ce dossier, s’est focalisée notamment sur les dernières minutes durant lesquelles le petit garçon a été aperçu vers 17h15, dans l’unique rue de ce minuscule bourg de 25 habitants situé à 1200 mètres d’altitude, sur les flancs du massif des Trois-Evêchés. Le garçonnet portait alors un haut jaune, un short blanc et des chaussures de randonnée.

Il venait d’arriver pour les vacances d’été dans la résidence secondaire de ses grands-parents maternels et deux voisins affirment l’avoir vu dans cette rue, mais avec des récits contradictoires.

Ses parents, des catholiques très croyants habitant La Bouilladisse, dans les Bouches-du-Rhône, n’étaient pas présents ce jour-là.

Une « captation d’images au profit des enquêteurs »

Jeudi, les enquêteurs avaient convoqué la famille d’Émile, des voisins et d’autres témoins visuels. Ils ont été encadrés par 20 enquêteurs de la section de recherches de Marseille, la cellule d’investigations criminelles de la gendarmerie du département et, là encore, une équipe de pilotes de drones pour une « captation d’images au profit des enquêteurs », avait précisé la gendarmerie.

D’abord ouverte pour disparition inquiétante, à Digne-les-Bains, l’enquête avait rapidement été confiée à deux juges d’instruction d’Aix-en-Provence puis requalifiée en motifs criminels pour « enlèvement » et « séquestration ».

Accident, chute, enlèvement ? Aucune piste n’a été mise de côté, même si celle de la chute mortelle s’est étiolée à la suite de multiples battues infructueuses autour du hameau.

Quant à la piste du grand-père maternel d’Émile, Philippe V., placé sous statut de témoin assisté dans une enquête sur des violences et agressions sexuelles présumées au début des années 1990 au sein d’un établissement scolaire privé religieux dans le Pas-de-Calais, elle a toujours été étudiée, « au même niveau » que les autres, selon une source proche du dossier interrogée il y a quelques jours.

Face à ces insinuations le concernant, le grand-père « espère juste que les enquêteurs ne perdront pas trop de temps sur (lui) au détriment d’autres pistes », avait expliqué son avocate Me Isabelle Colombani à l’AFP. Pour la famille, le seul « espoir c’est que le petit soit toujours en vie, même si cet espoir s’amenuise de jour en jour », avait-elle insisté.

« C’est toujours angoissant d’aller se promener, parce qu’on ne sait pas où il est passé cet enfant », a témoigné jeudi Gilles Thezan, un habitant. « L’ambiance est pesante, depuis le mois de juillet. »

Mais le village a « beaucoup d’espoir qu’on puisse trouver la vérité », a répété François Balique, le maire du Vernet, le village auquel est rattaché le hameau.

En novembre, à la veille du troisième anniversaire d’Émile, ses parents avaient diffusé un appel vibrant, via l’hebdomadaire Famille chrétienne. « Comprenez notre détresse, dites-nous où est Émile », demandait le message prononcé par la mère de l’enfant.

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