Festival d’été de Québec: Birkin/Gainsbourg vu par Jane

8 juillet 2018 15:57 Mis à jour: 8 juillet 2018 16:03

Jane Birkin, qui a joué « Gainsbourg Symphonique » samedi soir au Festival d’été de Québec, évoque pour l’AFP quelques souvenirs intimes avec son pygmalion à travers cinq chansons qui ont marqué sa discographie.

1968 marque la rencontre avec Serge Gainsbourg. Lui reste sur une grosse déception amoureuse avec Brigitte Bardot. Jane Birkin vient d’arriver en France, après avoir divorcé du compositeur John Barry.

« On l’a enregistrée en même temps que Je t’aime mon non plus. Je pense même que Serge me l’a écrite avant de me demander de chanter  Je t’aime…. J’étais flattée. C’était sur du Chopin, et c’était un joli portrait qu’il faisait de moi. J’ai pensé que c’était ça le tube et non pas  Je t’aime…, ce qui prouve que je ne connais rien aux succès! », rigole-t-elle.

« Ça fait drôle de la rechanter 50 ans après. Âge: entre vingt et vingt et un. Ça me fait sourire un peu, les gens vont rigoler en m’entendant dire ça ». En 1967, Gainsbourg écrit à la demande de Bardot « la plus belle chanson d’amour qu’il puisse imaginer » et la chante en duo avec elle. Deux ans plus tard, il décide de la reprendre avec Jane.

« Ce n’était pas coquin de sa part de me demander de la chanter. Surtout, je ne voulais pas qu’il la chante avec Mireille Darc, je trouvais ça très dangereux! Toutes ces actrices qui venaient en disant  Serge! Écris moi une chanson!  Oh la la… »

« Donc quand il m’a demandé de chanter celle-ci, après Bardot, j’avais bien compris… Je l’ai fait, mais une octave au-dessus, sans le faire exprès. C’est venu comme ça. Cela donnait un côté enfant de chœur qui lui plaisait beaucoup. Ça se transposait évidemment à notre relation: il avait 40 ans, j’en avais 20, mais nous faisions tous les deux plus jeunes. »

« Il aimait bien aussi que je sois Anglaise. Même le fait que j’ai été mariée à John Barry, le compositeur de James Bond, tout ça, le flattait un peu. Lui sortait de Bardot. Alors, bon, ça fait un partout. »

 La séparation

1983: Serge et Jane sont séparés depuis trois ans mais il continue d’écrire et composer pour elle.

« C’est la plus belle chanson sur la séparation qu’on puisse avoir. Chaque fois je chante. C’est la pudeur des sentiments/Maquillés outrageusement/Rouge sang, je pense à lui. C’est probablement ma préférée, car tout ce qui est dedans, c’est vraiment lui. »

« Il y a une grande pudeur dans toutes ces chansons qu’il a écrites sur la séparation. Serge n’a jamais cessé de m’en écrire jusqu’au bout. »

 Jane en couple

En 1987, Jane est depuis sept ans en couple avec le réalisateur Jacques Doillon, avec qui elle a eu une fille Lou, née en 1982.

« D’éternelles questions me taraudaient, sur mon identité, plus française ou plus anglaise, sur l’âge… Serge refusait de m’écrire une chanson sur ce thème, il me disait « Tu ne vieilliras jamais. » Puis, un jour je lui dis que j’ai fait une pub dans laquelle je fredonne du Edvard Grieg. Et il m’a dit un peu irrité: tu veux Lost Song, quoi… »

Gainsbourg accepte d’écrire sur la musique « Peer Gynt » du compositeur norvégien, mais impose sa thématique. « C’est étrange chose de chanter les blessures de quelqu’un d’autre, qui sciemment vous demande à vous, et à personne d’autre, de les chanter, de chanter ses peines. Serge pleurait pendant les enregistrements, moi je chantais du mieux que je le pouvais, le plus haut possible pour l’épater. »

 Le dernier album

En 1990 sort l’album éponyme, le dernier que Gainsbourg fera pour Jane, un an avant sa mort.

« Le dernier couplet est terrible: Amours des feintes/Au loin j’entends/Là-bas qui tinte/Le temps/De ces empreintes/De nos vingt ans/Ne restent que les teintes/D’antan/Qui peut être et avoir été/Je pose la question/Peut-être étais-je destinée/A rêver d’évasion. »

« Ce sur quoi il s’est évadé. Il est mort… le jour même où sortait son dernier single Requiem pour un con. Des feintes, défuntes, requiem, tous ces mots prémonitoires, c’est… ». 

Elle est trop émue pour terminer sa phrase.

 

DC avec AFP

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