Incertitude en Italie après la démission du Premier ministre Giuseppe Conte

Par Epoch Times avec AFP
21 août 2019 10:39 Mis à jour: 21 août 2019 10:44

Mardi soir, l’Italie sans gouvernement s’est retrouvée dans l’incertitude après la démission du Premier ministre Giuseppe Conte, qui a pris acte du divorce irrémédiable entre le Mouvement 5 Étoiles (M5S) dont il est proche, et la Ligue du ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini.

Dans un discours solennel au Sénat, M. Conte a annoncé son intention d’aller « voir le président de la République pour lui présenter sa démission », décrétant la fin du gouvernement né en juin 2018.

Avec cette démission, l’Italie entre dans une période de flottement dont le président Sergio Mattarella détient la clef. Il va entamer rapidement des consultations, avec le défilé attendu dans son palais du Quirinal de toute la classe politique italienne pour explorer la possibilité d’une nouvelle majorité.

Plusieurs hypothèses se dessinent : le chef de l’État pourrait demander à M. Conte de rester à la tête du pays pour piloter un gouvernement de transition. Beaucoup d’observateurs estiment que le Premier ministre, accueilli au Sénat par une banderole « Conte l’Italie t’aime », sort grandi de la crise.

Un gouvernement « Conte bis » pourrait avancer dans l’élaboration du budget pour 2020 et éviter une hausse automatique de la TVA prévue l’an prochain, si rien n’est fait avant pour combler un trou de 23 milliards dans les caisses de l’État.

Cela donnerait le temps au M5S de peut-être nouer avec le Parti démocrate (centre-gauche) un pacte pour « un gouvernement fort et de renouvellement dans son programme », selon les termes du chef du PD Nicola Zingaretti.

L’idée d’une alliance PD-M5S est venue, par surprise, de l’ex-chef de gouvernement Matteo Renzi, toujours poids lourd du Partie démocrate (PD), qui a proposé à ses anciens ennemis du M5S une réconciliation et un gouvernement « institutionnel ».

Pour amadouer certains dirigeants Cinq Étoiles encore réticents, M. Renzi, également sénateur, a assuré mardi lors du débat parlementaire qu’il « ne ferait pas partie » d’une telle majorité, laissant entendre que le PD pourrait appuyer au parlement un gouvernement entièrement formé de ministres M5S, sans exiger de fauteuils.

Après l’annonce de la fin de la bancale coalition M5S-Ligue, les marchés, très préoccupés par l’instabilité d’une Italie dont l’énorme endettement (à 132% du PIB) la place juste derrière la Grèce, se sont détendus.

Une autre piste pour M. Mattarella a été suggérée par l’ex-Premier ministre et ancien président de la Commission européenne Romano Prodi, qui propose un gouvernement pro-européen baptisé « Ursula », du nom de la nouvelle présidente de la Commission européenne, l’Allemande Ursula von der Leyen.

M. Prodi, très écouté, imagine une alliance gauche-droite, pouvant associer Forza Italia (centre droit) de Silvio Berlusconi.

L’ancien président du parlement européen Antonio Tajani, un proche de M. Berlusconi, a jugé « impossible » une coalition Ursula, privilégiant un rassemblement de la droite « libérale ». Pour lui, « ce ne sera pas facile d’organiser un mariage » PD-M5S.

Avant d’annoncer son départ M. Conte a fustigé M. Salvini, qualifié d’« irresponsable » et d' »opportuniste » pour avoir voulu « poursuivre ses propres intérêts et ceux de son parti » en faisant éclater la coalition.

Il faisait référence au pressing de son vice-Premier ministre pour obtenir des élections immédiates, afin de capitaliser sur des sondages très favorables (36 à 38% des voix pour la Ligue, plus de 50% en cas d’alliance avec la droite traditionnelle).

Le professeur de droit a aussi accusé le ministre de l’Intérieur de faire « courir de graves risques au pays », évoquant le danger d’une spirale négative pour la troisième économie de la zone euro et d’importants rendez-vous qui attendent l’Italie, dont le choix de son commissaire européen prévu lundi.

M. Salvini a maintenu sa ligne après la démission de M. Conte, assurant qu’il irait au Quirinal en qualité de chef de la Ligue pour réclamer au président « la voie royale » du retour aux urnes car « en démocratie la chose la plus belle est de voter ».

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