Il est difficile d’imaginer que nos organes internes aient une influence sur la façon dont nous nous sentons. La plupart d’entre nous considèrent les émotions comme des réponses à des situations externes ou à des pensées internes. Mais serait-il possible que nos organes puissent jouer un rôle dans le monde complexe des sentiments ?
Les Grecs de l’Antiquité, par exemple, croyaient que le foie était la source de nos émotions et le centre de l’âme. Même les mots que nous utilisons aujourd’hui pour décrire le foie, comme « hépatique », « hépatite » et « hépatome », proviennent du mot grec ancien « hepar », qui signifie foie.
Les Grecs anciens savaient également, à juste titre, que le foie avait la capacité de se régénérer, et ils pensaient que cela était dû à sa nature divine. Nous pouvons le voir dans la mythologie grecque avec l’histoire de la punition de Prométhée. Zeus, en colère contre Prométhée, le punit en l’enchaînant et en envoyant un aigle lui manger le foie. Parce qu’il était immortel, son foie repoussait chaque jour, et l’aigle revenait jour après jour pour le manger.
Le foie comme nous le connaissons
En médecine occidentale, le foie est considéré comme un composant essentiel de notre système immunitaire car il défend contre les infections transmises par l’intermédiaire du sang et contient de nombreuses cellules immunitaires innées et adaptatives qui détectent et capturent les agents pathogènes présents dans notre sang.
Situé à droite, dans la partie supérieure de l’abdomen, le foie se trouve juste sous les côtes et au-dessus de l’estomac, des intestins et du rein droit, et pèse généralement environ 1,35 kg. Il contient à tout moment environ 48 cl – soit 13 % – de l’ensemble de l’approvisionnement sanguin du corps. Le foie exerce en fait plus de 500 fonctions vitales, notamment la production de bile (qui aide à éliminer les déchets et à décomposer les graisses), l’épuration du sang des substances chimiques, drogues, de l’alcool et d’autres substances toxiques, et la résistance aux infections en éliminant les bactéries nocives de la circulation sanguine.
Le maintien d’un foie sain peut être obtenu en évitant les drogues et en modérant la consommation d’alcool, en ayant une alimentation saine, en faisant de l’exercice et en étant prudent lors de voyages dans des endroits où l’hépatite A et B sont fréquentes, car ce sont les plus facilement transmissibles.
L’hépatite, qui provoque un gonflement et des lésions du foie, est causée par plusieurs virus. Les plus courants sont A, B, C, D et E. L’hépatite A se contracte par contact avec des aliments ou de l’eau contaminés, ou avec les selles d’une personne infectée. L’hépatite B se transmet par contact avec le sang ou les liquides corporels d’une personne infectée.
Le foie d’un point de vue différent
Il est intéressant de noter qu’en médecine orientale, le foie est associé à l’émotion de la colère. Lorsque nous exprimons du ressentiment, de la frustration ou de l’irritabilité, nous sommes considérés comme exprimant les énergies de notre foie.
La médecine orientale a une approche différente de ce qui nous rend malades et pourquoi. L’une des principales différences est qu’elle considère le corps et l’esprit comme intimement liés. Par exemple, la médecine orientale attribue différentes émotions à de nombreux organes internes. Les émotions, lorsqu’elles sont ressenties intensément ou pendant des périodes prolongées, selon cette philosophie, peuvent nous rendre malades. Inversement, si un organe ne fonctionne pas correctement, cela peut avoir un effet sur l’émotion qui lui est associée.
Une personne dont le foie est déséquilibré peut ressentir un excès de colère, et une colère excessive qui persiste pendant des mois ou des années est considérée comme pouvant à terme nuire à l’organe foie. Les émotions sont donc à la fois un outil de diagnostic et une cause de maladie, ce qui peut être un changement de perspective pour de nombreux Occidentaux.
Dans cette perspective orientale, le foie a également de nombreuses fonctions importantes dans le corps, notamment celle d’être responsable de la circulation fluide du qi dans toutes les directions. Le Qi est l’énergie que notre corps utilise dans ses fonctions quotidiennes et est créé à partir de l’air que nous respirons et de la nourriture que nous mangeons. Dans la philosophie orientale, le Qi est l’énergie qui anime tous les êtres vivants.
Un foie en bonne santé est également considéré comme permettant une récupération rapide après une activité physique et favorisant des mouvements gracieux et un corps souple. Cela est logique si l’on compare cela à la vision occidentale du foie en raison de ses fonctions de purification du sang des toxines et d’élimination des agents pathogènes potentiellement nocifs. Un foie sain équivaut à un corps sain et plein de vitalité.
Du point de vue de la médecine orientale, un foie sain donnera également à son propriétaire un grand courage et une grande résolution, ainsi que la capacité de planifier sa vie avec sagesse, efficacité et un sens clair de la direction. Ses fonctions et ses responsabilités ne sont pas seulement physiques, mais englobent également les domaines émotionnel et spirituel.
Des études scientifiques suggèrent un lien.
Il existe des études intéressantes qui suggèrent que la science explore également ce lien. De nombreuses cultures croient depuis longtemps à l’existence d’un lien entre les émotions et les organes, et plusieurs études peuvent désormais prouver que cela pourrait bien être le cas.
Une étude menée par Rachel Lampert à la Yale University School of Medicine, intitulée Colère et arythmies ventriculaires, a révélé que la colère a bel et bien un effet sur les arythmies cardiaques, qui sont un trouble du rythme des battements du cœur.
L’étude a montré que le stress psychologique causé par des événements émotionnellement dévastateurs comme les catastrophes naturelles ou la guerre peut augmenter les arythmies et même la mort subite. Des études basées sur des journaux intimes montrent que la colère et d’autres émotions négatives peuvent être fatales. Leurs conclusions indiquent que la colère et d’autres émotions fortes peuvent déclencher des « arythmies ventriculaires potentiellement mortelles chez les patients vulnérables ».
Une autre étude a exploré le lien entre la colère et les algies vasculaires de la face. Les algies vasculaires de la face sont un type de maux de tête extrêmement douloureux qui surviennent par cycles ou « grappes ». L’étude, publiée par Marialuisa Rausa et intitulée « La colère et son expression dans les algies vasculaires de la face par rapport aux migraines », a révélé que les patients souffrant d’algies vasculaires de la face ressentaient la colère avec une intensité plus élevée que ceux souffrant de migraines, ce qui démontre un lien entre l’intensité de la douleur et l’intensité de l’émotion.
Une autre étude, publiée dans le Journal of Consulting and Clinical Psychology, a révélé que la réduction de la colère par la thérapie cognitivo-comportementale permet aux personnes d’atteindre plus d’équanimité et d’être ainsi mieux équipées pour faire face aux facteurs de stress de la vie quotidienne.
Conscience émotionnelle pour la nouvelle année.
Il est intéressant d’explorer l’idée que nos corps – organismes aussi complexes et magnifiques qu’ils sont – pourraient être plus qu’un simple appareil mécanique qui nous maintient en vie grâce à son éventail infini de processus biologiques.
Peut-être qu’en l’envisageant de manière plus holistique, nous pouvons commencer à voir que nous sommes en fait bien plus que cela. Peut-être pouvons-nous élargir notre vision de la santé pour inclure non seulement la santé de notre corps (comme nous le faisons avec des résolutions comme mieux manger et faire de l’exercice), mais aussi celle de nos émotions.
De nombreuses disciplines holistiques croient en un lien vital entre les deux, que la science commence maintenant à explorer. Peut-être que la conscience émotionnelle et l’autorégulation pourraient avoir une place dans le monde complexe de la santé humaine.
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