Les droits de l’Homme, oubliés des pourparlers avec Pyongyang, selon le rapporteur de l’ONU

9 juillet 2018 13:19 Mis à jour: 9 juillet 2018 13:42

Le processus actuel de pourparlers entre Pyongyang, les Etats-Unis et la Corée du Sud fait passer au second plan les droits de l’Homme des citoyens opprimés de la Corée du Nord, a déclaré lundi le rapporteur de l’ONU chargé de la question. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a rencontré pour un sommet historique le président américain Donald Trump le 12 juin à Singapour, après s’être réuni deux fois avec le président sud-coréen Moon Jae-in.

Le rapprochement en cours contraste singulièrement avec les menaces échangées en 2017 par MM. Kim et Trump, et fait espérer à certains des progrès sur la question de l’arsenal nucléaire nord-coréen, qui comprend des missiles capables d’atteindre le territoire continental des Etats-Unis. Mais Pyongyang est accusé d’une litanie d’abus des droits de l’Homme, y compris par l’ONU, et ni la déclaration commune de Singapour, ni la déclaration de Panmunjom signée auparavant par MM. Kim et Moon n’ont évoqué la question.

« Il semblerait que ceux qui négocient ont perdu de vue cette chose importante, à savoir, ce processus va-t-il bénéficier au bout du compte aux gens qui vivent en Corée du Nord?« , a demandé Tomas Ojea Quintana dans un entretien avec l’AFP. Washington et Séoul mettent au premier plan leurs propres préoccupations, a-t-il poursuivi. « Le président des Etats-Unis a montré qu’il était intéressé par la dénucléarisation de la Corée du Nord afin que leur territoire ne soit plus en danger, et cela, bien sûr, relève de leurs intérêts propres », a-t-il dit.

Les droits de l’homme ne sont pas l’importance majeure pour l’heure 

« Je tente toujours de comprendre jusqu’à quel point la question des droits de l’Homme a été soulevée à Singapour » par le président Donald Trump, a ajouté l’avocat argentin. « Il semblerait que cela n’ait pas été évoqué de manière exhaustive ». Il s’est dit particulièrement préoccupé par des déclarations du président américain selon lesquelles l’accent devait être mis sur l’avenir plutôt que le passé.

« Ce ne sont pas le genre de déclarations qu’aiment à entendre ceux qui défendent les droits de l’Homme », a-t-il dit, en particulier « venant de la part de quelqu’un qui négocie avec le leadership de la République populaire démocratique de Corée », le nom officiel de la Corée du Nord.

A Singapour, le numéro un nord-coréen a « réaffirmé son engagement ferme et inébranlable envers la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne ». Une formulation vague qui a déçu les attentes des experts, d’autant qu’elle ne fait pas mention de la nécessité que ce processus soit aussi « vérifiable et irréversible », comme le réclamaient les Etats-Unis.

Le secrétaire d’Etat américain s’est rendu à Pyongyang durant le weekend pour tenter de mettre de la chair sur le processus mais le Nord a prévenu que celui-ci était menacé par les exigences de « gangster » des Etats-Unis et leur l’attitude dominatrice.

M. Pompeo a balayé ces déclarations, évoquant des « progrès ». Il a également réaffirmé que les sanctions punissant Pyongyang pour ses programmes balistique et nucléaire resteraient en place jusqu’à la dénucléarisation « finale ».

Des abus graves des droits de l’Homme sont toujours commis en Corée du nord

Les sanctions qui visent l’économie générale de la Corée du Nord sont incompatibles avec les droits de l’Homme et doivent être levées, a encore dit M. Ojea Quintana.  Celui-ci est en visite en Corée du Sud, où, a-t-il déclaré, les responsables sud-coréens lui font fait savoir que s’ils étaient toujours engagés derrière le principe des droits de l’Homme au Nord, « ce n’est pas pour le moment une priorité pour eux ».

Il n’a pu pour l’heure se rendre en Corée du Nord. En 2014, une commission d’enquête de l’ONU avait conclu que « des crimes contre l’Humanité avaient été commis et étaient commis » en Corée du Nord. La situation ne s’est pas améliorée depuis, a poursuivi le rapporteur.

« Le système socialiste tout entier s’est effondré il y a un moment. Ce qui s’est effondré, c’est la partie services du système socialiste, il ne fournit plus de services. Mais ce qui est toujours en place, c’est le système de contrôle, de surveillance et de détention de la population ». « Des abus graves des droits de l’Homme sont en train d’être commis et les responsables sont le gouvernement et le leadership ».

DC avec AFP

 

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