Les origines sombres du communisme – Partie 1 : Comment la Terreur en France a inspiré Karl Marx

Comment les meurtriers du règne de la terreur en France sont devenus l'inspiration de Karl Marx

Par Epoch Times
18 décembre 2017 02:07 Mis à jour: 3 mars 2020 14:40

Si vous interrogez votre entourage sur les origines du communisme, beaucoup vous renverront vers Karl Marx et Friedrich Engels, auteurs du Manifeste du Parti Communiste. Si vous interrogez un marxiste, en revanche, il est fort probable qu’il mentionne plutôt François-Noël Babeuf, dit « Gracchus » Babeuf,  considéré comme le premier communiste révolutionnaire.

Si Babeuf pouvait parler aujourd’hui et se voyait posé la question des origines de ses croyances, il vous répondrait probablement que tout cela est un peu plus compliqué qu’il n’y paraît.

C’est le 28 juillet 1794 qu’est guillotiné Maximilien Robespierre ; cette date clef de la Révolution française marque la fin de la dictature du Club des Jacobins, son groupe politique révolutionnaire. Son exécution signe également la fin du règne de la Terreur, sanglante période de l’histoire française, responsable de la mise à mort de plus de 16 000 personnes.

François-Noël Babeuf (1760–1797), considéré comme le premier communiste révolutionnaire, sur un portrait de 1846 par Léonard Gallois.

Babeuf entre dans l’histoire quand Robespierre en sort, et après que la mort de celui-ci a semé la confusion chez les nombreux radicaux qu’il avait sous ses ordres. Babeuf, nous dit David Priestland dans son livre The Red Flag (Le Drapeau Rouge), « reproche à Robespierre d’avoir trahi les petits artisans et paysans français, et est vite devenu la figure de proue du premier mouvement communiste ».

Le but de Babeuf est de renverser le Directoire (gouvernement qui prend le relais après la Terreur et durera jusqu’en 1799), afin de restaurer le pouvoir des Jacobins et d’instaurer un « communisme égalitaire », une doctrine directement inspirée des nouvelles idées socialistes.

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Toujours selon Priestland, Babeuf « avait développé une condamnation de la notion de propriété individuelle plus radicale encore que celle défendue par les Jacobins » et rejetait l’idée selon laquelle une simple réforme agraire pourrait suffire à promouvoir la « parfaite égalité » qu’il prônait.

Dans le système politique qu’il imagine, l’argent est éliminé et le peuple est obligé de centraliser l’intégralité du fruit de son travail dans des « entrepôts communs, » un gouvernement tout-puissant étant ensuite en charge de la redistribution de ces biens.

Babeuf avait déjà tiré les leçons de ce qu’il considérait être les faiblesses du jacobinisme modéré, et il reprenait à son compte la violence endémique de la Terreur sous Robespierre : il fallait selon lui mettre en place un système encore plus radical et, par le biais d’une révolution sanglante, prendre le contrôle de la société pour lui imposer la volonté de l’État.

Ce projet prend forme dans la « Conjuration des Égaux », un complot qu’il élabore en février 1795 alors qu’il est sous les verrous pour avoir, selon le Dictionnaire critique de la Révolution française, « incité à la rébellion, au meurtre, et à la dissolution de l’assemblée nationale représentative. »  Selon cet ouvrage, « des anciens terroristes et des nouveaux terroristes », eux aussi en prison, tels que Germain, Bodson, Debon et Buonarroti, constituaient le gros des rangs des conspirateurs, rapidement rejoints par d’autres radicaux.

Lorsque le Directoire a vent de ce projet de soulèvement armé, il organise le 10 mai 1796, la veille de la date prévue par Babeuf pour son insurrection, l’arrestation puis la condamnation à mort des concernés, suite à un procès qui durera deux mois.

Babeuf est guillotiné le 27 mai de l’année suivante, mais ses théories seront reprises par Filippo Buonarroti qui documentera l’histoire de ce mouvement.

C’est ainsi que la Ligue des Bannis, une nouvelle société secrète, voit le jour à Paris. Un de ses nouveaux membres, un tailleur allemand du nom de Wilhelm Weitling qui a rejoint Paris en 1835, deviendra, selon Priestland, « une des principales figures communistes des années 1840. »

Weitling reprend chez Babeuf les idées de violence, d’état totalitaire au service de l’égalité, ainsi que la destruction systématique de la propriété individuelle, auxquelles il ajoute, selon Priestland, ses propres conceptions « chrétiennes apocalyptiques ». La ligue change de nom et devient la ligue des Justes.

À cette époque, l’Europe comptait beaucoup de sociétés secrètes extrémistes et nombres de personnalités et journaux ont contribué à la propagation de ces toutes nouvelles idées qu’étaient le socialisme et le communisme, en particulier à Paris qui  fut le terrain de nombreuses tentatives de révolution tout au long du 19e siècle.

La ligue des Justes rejoint la rébellion blanquiste de mai 1839. Louis-Auguste Blanqui deviendra plus tard le chef de ce que l’on pourrait appeler le premier gouvernement communiste, avec la Commune de Paris de 1871. La Commune mènera un vaste programme d’assassinats et de destruction responsable de la mort de dizaines de milliers de personnes en à peine deux mois, et organisera la mise à sac de près d’un quart de la ville de Paris et de son patrimoine culturel.

Les restes de la colonne Vendôme, après sa destruction par les communards menés par Gustave Courbet le 16 mai 1871, à Paris. (Harris Brisbane Dick Fund, 1953)

Pourtant, le communisme avait déjà commencé à prendre racine avant la Commune de Paris, et de ses tout débuts jusqu’à l’avènement du communisme moderne, son athéisme totalitaire et ses luttes permanentes n’auront de cesse de s’étendre.

Une fois la rébellion de 1839 écrasée, la Ligue des Justes s’exile à Londres et fonde la Société d’éducation des travailleurs allemands en 1840. Puis, lors d’un congrès en juin 1847, elle se fond dans la Ligue communiste, créée un an auparavant par Karl Marx et Friedrich Engels.

C’est ainsi, qu’avec Marx et Engels aux commandes, la Ligue Communiste est formée et publie, un an plus tard, en 1848, le Manifeste du Parti Communiste.

Le Manifeste fait maintenant partie du corpus des régimes communistes modernes. Pourtant, selon Bernard H. Moss, auteur du livre Marx et la révolution permanente en France, ce n’était à la base qu’un pamphlet « brouillon et ne visant qu’une petite secte, » d’ailleurs passé presque inaperçu à l’époque.

Le manifeste eut peu d’écho car en 1848 : « La plupart des idées qu’il véhiculait était déjà monnaie courante chez les démocrates travaillistes, notamment en France », précise Moss.

Le manifeste n’accèdera à la popularité que quand Marx et Engels seront devenus célèbres, car il condense et synthétise leur pensée auprès de tous ceux que la lecture des autres textes de Marx et Engels aurait sans aucun doute rebuté.

L’autre rôle majeur joué par Marx et Engels est à chercher du côté de leurs tentatives d’unifier les différents mouvements socialistes et communistes de leur époque. Tout d’abord au sein du Club des Travailleurs Allemands, puis, et cette fois-ci avec succès, au sein de l’Association internationale des Travailleurs, plus connue sous le nom de Première Internationale.

Marx et Engels, qui cherchaient à regrouper les nombreuses mouvances socialistes et communistes sous une seule et même idéologie, sont parvenus à imposer les bases d’un type de communisme qui s’inspire de la Révolution française. Ils appelaient avec ferveur à la destruction de toute hiérarchie qui pourrait menacer leur propre hiérarchie totalitaire – la famille, la propriété individuelle, la noblesse et la religion, dans la lignée des penseurs de la Révolution française.

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Le Manifeste du Parti Communiste a pu attirer par la défense apparente de concepts nobles tels que l’égalité et le partage ; lu dans toute son étendue,  il promeut en réalité des idées désastreuses pour l’humanité. Le manifeste affirme ainsi que « le communisme abolit les vérités éternelles, il abolit toute religion et toute moralité. »

En lieu et place des valeurs traditionnelles de vertu et de responsabilité individuelle, le manifeste propose qu’un gouvernement aux pouvoirs illimités détruise par la force toutes les structures sociales, pour se placer seul à la tête d’un état qui impose à ses citoyens un nouveau système basé sur l’athéisme et la lutte de classe.

Dans  « la Sainte Famille », écrit en 1845, Marx et Engels affirment que « le mouvement révolutionnaire est né en 1789 dans le Cercle Social (…) et a temporairement été défait lors de la Conspiration de Babeuf  ; il a donné naissance à l’idée communiste que Buonarroti a réintroduite en France après le Révolution de 1830. Cette idée, constamment développée, est l’idée d’un nouvel ordre mondial. »

Selon Le Livre noir du communisme, en l’espace d’un siècle, ce nouveau système  « sera responsable de la mort de plus de 100 millions de personnes. »

Lire la suite : « Les origines sombres du communisme – Partie 2 : Expériences ratées de redistribution des richesses, répression violente et athéisme d’État »

On estime que le communisme est responsable de la mort de plus de 100 millions de personnes. Et pourtant, l’étendue de ses crimes n’a jamais vraiment été exposée au grand jour et son idéologie persiste. Epoch Times enquête sur l’histoire et les croyances de ce mouvement.

Article original: The dark origins of communism part 1 of 3

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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