Molières : des « gilets jaunes » s’invitent, Blanche Gardin s’installe

13 mai 2019 21:57 Mis à jour: 14 mai 2019 11:57

Un coup d’éclat, puis un éclat de rire. Les Molières du théâtre français ont de nouveau récompensé lundi l’humoriste Blanche Gardin au cours d’une soirée brièvement perturbée par l’irruption d’intermittents « gilets jaunes » qui ont dénoncé les coupes budgétaires pour la culture sous les yeux du ministre.

La soirée, qui décerne les prix les plus prestigieux du théâtre français, s’est déroulée aux Folies Bergère, à Paris, avant d’être diffusée en différé en deuxième partie de soirée sur France 2. Une diffusion toutefois privée de la séquence surprise « gilets jaunes » au nom de la « maîtrise de l’antenne », a précisé la chaîne publique.

Le président de la Nuit des Molières, Jean-Marc Dumontet, proche d’Emmanuel Macron, a affirmé vers la fin de la soirée que ces « gilets jaunes » s’étaient introduits aux Folies Bergère « par les toits ».

« Généralement, c’étaient les intermittents, on s’est dit pour Franck Riester, qu’est ce qu’on peut faire, on a dit intermittents et gilets. C’était votre baptême », a plaisanté l’influent directeur de théâtres parisiens à l’adresse du ministre de la Culture.

Faisant irruption des coulisses en début de cérémonie, les « gilets jaunes » ont débarqué sur scène et interrompu le maître de cérémonie Alex Vizorek, s’adressant à M. Riester.

« Le Molière du déshonneur incontestablement et à l’unanimité du jury, il revient à M. Macron et son gouvernement. M. Franck Riester, nous vous remettons le Molière du déshonneur parce que vous participez à cette grande fête et en même temps, vous coupez partout dans le budget de la culture », a déclaré un des manifestants.

« Techniciennes, techniciens et artistes présents ce soir, ne nous regardez pas, rejoignez-nous, le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple », a lancé une autre manifestante.

Ces « gilets jaunes », qui portaient une banderole sur laquelle était écrit « droits au chômage pour tout.es », sont sortis en traversant la salle et en scandant des slogans hostiles au président Macron.

Début mai, des comédiennes comme Juliette Binoche ou Emmanuelle Béart, des écrivains comme Édouard Louis ou Annie Ernaux ainsi que 1 400 autres acteurs du monde de la culture ont apporté leur soutien au mouvement des « gilets jaunes », dans une tribune intitulée « Gilets jaunes: Nous ne sommes pas dupes ! ».

Dans la salle, des applaudissements ont fusé à plusieurs reprises pendant cette interruption, et l’humoriste Blanche Gardin notamment s’est levée pour les applaudir.

Plus tard dans la soirée, c’est la comédienne qui est devenue l’autre star de la soirée, en raflant le Molière de l’humour pour la deuxième année consécutive.

En 2018, elle avait été la première à remporter ce trophée dans une catégorie généralement dominée par les hommes.

Mais pour cette édition, cette catégorie comptait quatre femmes et aucun humoriste homme.

Côté pièce de théâtre, c’est le triomphe de « La machine de Turing », inspirée de la vie du mathématicien britannique qui a brisé le code secret de l’Énigma allemande pendant la Seconde guerre mondiale.

La pièce a remporté ses quatre nominations : meilleur spectacle dans le théâtre privé, meilleur comédien dans le privé pour Benoît Solès, qui remporte également le Molière de l’auteur francophone vivant, et meilleur metteur en scène dans le privé pour Tristan Petitgirard.

La pièce rivale, « Le canard à l’orange » — célèbre pièce de boulevard de William Douglas Home sur un mari à la fois volage et cocu, remontée par Nicolas Briançon — a essuyé plusieurs déceptions, ne décrochant finalement qu’un trophée sur sept nominations (meilleur comédien dans un second rôle).

Dans le théâtre public, « La nuit des rois » de Shakespeare, mise en scène par l’Allemand Thomas Ostermeier qui avait secoué la Comédie-Française avec une version déjantée, a remporté le Molière de la meilleure pièce.

D. S avec AFP

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