Passe sanitaire sur les terrasses et dans les centres commerciaux : « Cela va être ingérable »

Par Emmanuelle Bourdy
8 août 2021 07:52 Mis à jour: 8 août 2021 07:52

Après le vote du Conseil constitutionnel ce jeudi 5 août, le passe sanitaire devient obligatoire sur les terrasses des restaurants ainsi que pour accéder aux grands centres commerciaux, sur décision préfectorale. Une énorme déception pour eux, doublée d’une large incompréhension.

Le Conseil constitutionnel a validé l’extension du passe sanitaire aux restaurants, bars et cafés, à compter du 9 août. Sur décision du préfet, les entrées des grands centres commerciaux pourront elles aussi être soumises au passe sanitaire. De nombreux professionnels de ces secteurs sont en colère face à la validation de ces mesures.

Sur quels critères les préfets se baseront-ils ?

Gontran Thüring, délégué général du Conseil national des centres commerciaux (CNCC), se dit « très surpris et dépité », ainsi que le relate Le Parisien. « Le Conseil d’État avait remis en cause son application dans nos centres. Je ne comprends pas comment le Conseil constitutionnel a pu suivre le gouvernement là-dessus ! » s’indigne-t-il.

Emmanuel Le Roch, délégué général du Procos (Fédération pour la promotion du commerce spécialisé), ignore sur quels critères les préfets se baseront pour instaurer le passe sanitaire à l’entrée des grands centres commerciaux. Mesure qui devrait concerner les centres de plus de 20 000 m², « si les conditions l’exigent, en garantissant l’accès aux services essentiels ».

« Il ne faut pas qu’une consigne nationale soit donnée à l’ensemble des préfets. Déjà, la mesure pose un problème d’iniquité. L’État favorise une forme de commerce plutôt qu’une autre. Ce n’est pas normal dans une République ! » pointe Gontran Thüring, qui espère que les préfets appliqueront ces mesures en fonction des « problématiques de saturation hospitalières », et non pas en se basant seulement sur le taux d’incidence dans les départements.

Du côté du Conseil constitutionnel, les Sages estiment que la possibilité donnée aux préfets d’imposer le passe sanitaire ne crée « aucune différence de traitement » lorsque « la gravité des risques de contamination le justifient ».

Les restaurateurs redoutent les tensions avec leurs clients

Le 5 août, le Conseil constitutionnel a directement validé la décision du gouvernement d’imposer le passe sanitaire aux restaurants et cafés, sans même prendre la peine d’aborder le sujet. Roland Héguy, président de l’Umih (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) en est extrêmement « déçu ». Il s’inquiète également des « possibles tensions que cette mesure pourrait provoquer », souligne encore Le Parisien.

« Les clients s’assoient directement. Vous les imaginez se lever si un serveur leur dit, après coup, qu’ils doivent partir parce que le passe n’est pas règle ? Cela va être ingérable ! Encore une fois, le gouvernement doit revenir à la raison », réagit Franck Trouet, le porte-parole du Groupement national des indépendants (GNI). « Il va y avoir des moments extrêmement compliqués à gérer, et on va forcément entrer dans des situations conflictuelles, à un moment donné où la population est un peu tendue », explique à 20 Minutes Laurent Tournier, président de l’Umih en Gironde.

Toutefois, « les Sages disent bien que les mesures doivent être proportionnées par rapport au risque sanitaire. Je me félicite qu’ils rappellent ce point crucial au gouvernement, puisqu’on sait bien qu’on se contamine moins à l’extérieur… », rappelle Franck Trouet, pour qui cela laisse entrevoir une lueur d’espoir. Ce qui n’est pas le cas de Roland Héguy, qui lui, estime que la mesure est « malheureusement entérinée ».

L’Umih prévoit d’ailleurs de réaliser un sondage mi-août et « si nous observons des pertes de chiffres d’affaires significatives, entre 15 et 25 % selon nos estimations, nous tenterons d’infléchir une nouvelle fois la décision du gouvernement », conclut Roland Héguy.

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