Perpignan – Agressée par 2 élèves, une enseignante quitte l’Éducation nationale : « Ma hiérarchie ne m’a pas soutenue »

Par Paul Tourège
28 octobre 2020 13:08 Mis à jour: 29 octobre 2020 10:49

Bouleversée par la violente agression dont elle a fait l’objet et écœurée par le peu de soutien manifesté par sa direction, une quadragénaire qui enseigne l’espagnol dans un collège perpignanais a décidé de démissionner.

Le vendredi 18 septembre, une enseignante âgée de 41 ans qui exerce au collège Albert Camus de Perpignan (Pyrénées-Orientales) a été violemment prise à partie par deux élèves de 3e pendant un cours d’espagnol.

Bouleversée par son agression, la quadragénaire, affectée dans le collège du quartier Saint-Gaudérique depuis la rentrée, a témoigné dans les colonnes de L’Indépendant. Craignant d’éventuelles représailles après l’assassinat sauvage de Samuel Paty, elle a préféré conserver l’anonymat.

« Dès mon arrivée, des collègues m’ont prévenue des problèmes de discipline de certains élèves, mais je ne m’en faisais pas, j’avais exercé dans des établissements classés en Rep+ [Réseaux d’éducation prioritaire renforcés, NDLR] comme Sévigné, j’avais l’habitude », a expliqué l’enseignante aux journalistes du quotidien régional.

Le jour des faits, elle venait d’exclure deux adolescents qui perturbaient le déroulement de son cours.

« Ils avaient de la haine contre moi »

Les intéressés avaient toutefois refusé de quitter la classe et leur professeur avait envoyé un autre élève prévenir le Conseiller principal d’éducation (CPE) afin de régler le problème.

« Je m’étais levée pour refermer la porte quand je les ai sentis tous les deux derrière moi. Je me suis retournée, ils étaient à 10 cm à peine, ils me bloquaient le passage », raconte le professeur d’espagnol.

« Ils avaient de la haine contre moi. L’un d’eux m’a attrapée par l’épaule. Je me suis agrippée à la poignée de porte. Il s’est enfui au fond de la salle pour sortir et revenir tenter d’enfoncer la porte de l’extérieur, tandis que son ami me coinçait », poursuit la quadragénaire.

Face aux violents coups de boutoir assénés par l’élève qui tentait d’enfoncer la porte de la classe depuis le couloir, l’enseignante finit par lâcher la poignée et les deux adolescents s’enfuient.

« Ils m’ont hurlé dessus, ils m’ont traitée de raciste »

Choqué par la scène qui vient de se dérouler, le professeur se rend aussitôt dans le bureau du directeur de l’établissement scolaire.

« J’étais en larme, il m’a demandé un rapport dans la demi-heure, me disant qu’il ferait son enquête avant de prendre une décision », confie l’enseignante à nos confrères de L’Indépendant.

Souffrant de vives douleurs au poignet et au coude, la quadragénaire décide de se faire examiner par un médecin. Ce dernier lui délivrera 14 jours d’ITT et un arrêt de travail prolongé.

Dans la foulée, l’enseignante dépose plainte contre les deux élèves pour « violences en réunion ». Elle tente ensuite de joindre les parents des deux protagonistes pour les mettre au courant.

« Je voulais leur expliquer le motif de ma plainte, mais ils m’ont hurlé dessus, ils m’ont traitée de raciste et m’ont menacée de retourner la plainte contre moi », soupire la quadragénaire.

L’enseignante résolue à présenter sa démission

Quelques jours plus tard, elle apprend que les deux élèves concernés ont fait l’objet de deux jours d’exclusion de la part de la direction du collège, alors que leur professeur avait demandé leur renvoi définitif de l’établissement scolaire.

« Non seulement ma hiérarchie ne m’a pas soutenue, mais elle a voulu me faire culpabiliser, le principal n’a rien trouvé d’autre que de me conseiller de changer ma façon de travailler », regrette l’enseignante.

Écœurée, elle a décidé de ne pas reprendre son poste à l’issue de l’arrêt maladie prolongé qui lui a été délivré et compte démissionner : « C’est fini pour moi, je quitte l’Éducation nationale. Je refuse de continuer plus longtemps à servir une institution qui ne me défend pas. »

Contacté par la rédaction de L’Indépendant, Frédéric Fulgence, le directeur académique des Pyrénées-Orientales, a fermement condamné l’agression dont l’enseignante a fait l’objet.

S’il soutient la mesure disciplinaire prise par la direction du collège Albert Camus, le directeur académique précise qu’il recevra le professeur agressé à l’issue de son arrêt maladie afin de trouver une solution. « À l’inspection comme au rectorat, […] nous avons à cœur de prendre soin de nos personnels », assure M. Fulgence.

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