Perpignan: mercenaires bulgares engagés pour récupérer un point de deal: jusqu’à huit ans de prison requis

Par Epoch Times avec AFP
20 janvier 2023 08:34 Mis à jour: 20 janvier 2023 09:55

Un juteux point de vente de stupéfiants à Perpignan, deux clans rivaux et des mercenaires bulgares appelés en renfort : jusqu’à huit ans de prison et 80.000 euros d’amende ont été requis le 19 janvier, à Marseille, au procès d’une violente guerre des gangs.

Depuis le 9 janvier, dix-neuf prévenus sont jugés devant le tribunal correctionnel de Marseille pour leur participation à cette guerre entre deux bandes rivales, début 2020, dans le quartier sensible Saint-Jacques, au cœur de la capitale de la Catalogne française, autour du point de vente du Four de Betriu.

Un « plan stups » qui attirait les convoitises, avec son chiffre d’affaires quotidien évalué entre 30.000 et 50.000 euros, comme l’a expliqué la procureure Sophie Couillaud, dans son réquisitoire, en dénonçant « l’appropriation par des trafiquants d’un territoire de la République ».

Selon l’accusation, le conflit serait la conséquence de la décision d’Hafid Chaouch de reprendre sa place, à sa sortie de prison, au sein de ce point de vente géré en son absence par ses ex-associés, Kada Djidel, 33 ans, alias « Lion », son demi-frère Hakim Djidel, et leur cousin Mohamed Tartaya, décédé au Maroc en 2021.

Règlements de compte entre deux clans

Cette guerre de territoire avait notamment conduit à l’enlèvement, le 14 novembre 2019, dans le coffre d’un véhicule, d’un autre demi-frère de Kada Djidel, ensuite arrosé d’essence avec une demande de rançon de 200.000 euros. Après un convoi menaçant de véhicules à sa recherche, une nuit de décembre 2019, la famille Djidel avait finalement pris la fuite, cédant les juteux bénéfices du Four de Betriu à Hafid Chaouch et ses nouveaux associés marseillais.

Mais Kada Djidel, présenté par l’accusation comme l’un des chefs d’une équipe de malfaiteurs de Perpignan, n’en serait pas resté là. Lui et son équipe aurait alors fait appel à une escouade de mercenaires venus de Bulgarie, dont plusieurs avec des casiers judiciaires étoffés, pour regagner ce terrain perdu.

Un territoire repris de force par les armes

Au total, une trentaine d’hommes de main auraient ainsi été recrutés, logés dans des hôtels, équipés de véhicules et grassement payés, jusqu’à 3500 euros par mois. Mais au final seuls huit d’entre eux, dont quatre ne se sont pas présentés à l’audience, sont jugés à Marseille.

Ce renfort avait d’abord permis, le 18 janvier 2020, la violente attaque du Capitole, un bar du centre-ville fréquenté par le clan Chaouch, avec pour objectif l’enlèvement d’un surnommé ‘Lolo’. Sur les vidéosurveillances de la ville, les policiers avaient recensé seize personnes cagoulées, dont deux portaient une arme.

Puis, dans la nuit du 28 au 29 janvier 2020, c’était la reprise du Four de Bétriu, saluée sur les messages cryptés des téléphones des prévenus comme une « victoire », un « feu d’artifice ».

8 ans de prison pour Kada Djidel

C’est contre Kada « Lion » Djidel que la peine la plus forte a été requise par le parquet jeudi, avec huit ans de prison et 80.000 euros d’amende. Six ans de prison ont été demandés contre Raphaël Alonso, son lieutenant ; et cinq ans ainsi que 10.000 euros d’amende contre Paraskrev Krastev, ouvrier agricole bulgare installé dans la Drôme, considéré comme le « maillon intermédiaire » dans ce dossier.

Lors des audiences, Kada Djidel a tenté de convaincre le tribunal qu’il avait seulement monté cette opération à la demande de commerçants opposés au trafic, pour rétablir le calme dans ce quartier sensible. « Quand on entend ces explications, on a l’impression qu’il ‘est un chef d’État’ qui s’approprie les prérogatives des forces de l’ordre », a ironisé Mme Couillaud.

4 à 5ans de prison pour les mercenaires bulgares

Du côté des mercenaires bulgares, tous contestent avoir su qu’il s’agissait d’assurer la sécurité d’un point de deal. Des peines de quatre ans à cinq ans de prison ont été requises contre eux, ainsi qu’une interdiction du territoire français pendant dix ans. Le cas d’Hakim Djidel, en fuite à Dubaï, a été disjoint.

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