[Rentrée politique] Au Cannet, Les Républicains à la sauce Ciotti montrent les muscles

Par Etienne Barreau
30 août 2023 10:26 Mis à jour: 30 août 2023 17:24

Sur les terres maralpines du nouveau président du parti, Les Républicains (LR) ont fait leur rentrée politique en rassemblant 2500 sympathisants surgonflés. Dans un discours fleuve, Éric Ciotti a tracé une ligne très à droite conforme à celle qu’il avait portée pendant le congrès et aux attentes des militants.

Un changement de dernière minute, de Nice vers Le Cannet, n’a pas suffi à décourager les sympathisants LR venus nombreux à cette rentrée politique s’apparentant à un banquet-meeting. Des adhérents venus de toute la France et aux profils caractéristiques : beaucoup de personnes âgées, des costumes chics, des jeunes au style boy-scout… Dehors, une fanfare anime les pérégrinations des visiteurs entre les différents stands. À l’intérieur, chacun assis autour de grandes tables déguste des petits fours et de la socca pendant qu’un groupe de rock joue les classiques des années 80 et 90.

Soudain, l’ambiance se fait solennelle et le groupe entonne Les Lacs du Connemara. Un choix qui n’a rien d’anodin après les propos acides de Juliette Armanet sur le tube de Michel Sardou : « Ça me dégoûte […] C’est de droite. » Voici qu’arrivent Éric Ciotti et ses lieutenants, Laurent Wauquiez en tête qui restera aux côtés du député de Nice dans les gradins, mais aussi Michèle Tabarot, Bruno Retailleau, François-Xavier Bellamy, David Lisnard… Notons l’absence d’Aurélien Pradié, tenant de la ligne modérée, et de Gérard Larcher, président du Sénat.

Course à l’autorité

Tandis que chacun agite son petit drapeau français, Michèle Tabarot, députée et illustre représentante de la droite du pays niçois, monte à la tribune. En quelques phrases, le ton est donné : le style Ciotti a bien imprimé et n’a rien perdu de son tranchant depuis le congrès. L’élue maralpine attaque tour à tour l’immigration, la dette, l’impôt, l’intégrisme islamique, le gouvernement algérien et l’extrême gauche. Pour gagner, elle appelle à partir à la « reconquête du cœur et de la confiance des Français », dans un clin d’œil aux électeurs républicains partis chez Éric Zemmour.

Éric Ciotti lui emboîte le pas après une longue clameur avec un discours tout aussi droitier. Après un été marqué entre autres par les émeutes urbaines, la grogne des forces de l’ordre et plusieurs faits divers macabres, la demande d’autorité est plus forte que jamais à droite. Comme un poisson dans l’eau, c’est là-dessus que le député de Nice embraye en parlant de « débâcle de l’ordre républicain » et de signifier son soutien aux « hommes d’exception » grâce à qui la République a tenu : forces de l’ordre et pompiers. L’immigration légale et illégale est pointée du doigt ainsi que les 3 milliards de dette française. En économie, retour aux fondamentaux avec la baisse des charges et la chasse à l’assistanat : « Il faut redonner du souffle aux entrepreneurs qui font la richesse de la France ». Un libéralisme à la française nuancé par le soutien au système de santé : « Voilà les dépenses auxquelles nous sommes prêts. »

« Nous aurons un candidat en 2027 et nous gagnerons »

Les Républicains se pensent encore comme un parti de gouvernement, d’où l’importance pour eux d’être une « opposition utile et responsable ». C’est pourquoi Éric Ciotti se rendra à l’invitation du président de la République à l’Élysée le 30 août. Emmanuel Macron a invité les chefs des partis représentés à l’Assemblée à une réunion de rentrée pour trouver des majorités sur ses projets de loi. Le chef de la droite égrène les mesures qu’il entend proposer : prison ferme pour toute atteinte à un policier, retour de la loi Ciotti supprimant les allocations familiales aux parents de délinquants, retour de la double peine, suppression de l’aide médicale d’État (AME), plafonds migratoires, sortie des accords d’Évian, sortie du marché européen de l’énergie, uniforme à l’école et politique de natalité. Voilà des idées qui pourraient constituer un « programme commun de la droite » tant elles sont partagées par le Rassemblement national (RN) et Reconquête. Les formations de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour ne sont pas critiquées une seule fois pendant le discours. Serait-ce enfin la doctrine du « pas d’ennemi à droite » quelques jours après les mots de Nicolas Sarkozy sur le RN qui serait un parti républicain comme les autres ? Pour autant, Éric Ciotti n’ouvre aucune perspective d’union à droite pour les européennes. Même chose pour 2027 : « Je vous fais le serment que nous aurons un candidat en 2027 et que nous gagnerons. Nous déciderons du mode de désignation dans les mois à venir. »

Le réflexe de diabolisation du RN semble avoir disparu des paroles des militants, mais ce n’est pas pour autant qu’ils sont prêts à envisager une union : « On a un énorme écart avec eux sur l’économie. Ils ont le programme économique de la gauche d’il y a 30 ans. Ce sont les mesures de Mitterrand qui ont fait couler le pays » selon un jeune de l’UNI, syndicat étudiant de la droite. Quant à Reconquête, « ils ne sont pas aptes à gouverner ».

Pour les européennes, François-Xavier Bellamy, apprécié des militants, devrait être reconduit tête de liste malgré sa contre-performance de 2019 (8 %) : « Un bon conservateur qui représente bien nos valeurs au Parlement européen », selon une jeune adhérente de 20 ans. Quant aux présidentielles, le président du parti a réitéré sa confiance en Laurent Wauquiez qui a longuement arpenté la salle pour prendre des photos avec les militants.

Le même jour, Gérald Darmanin faisait sa rentrée politique personnelle à Tourcoing pour se positionner en vue des élections présidentielles. Ministre de l’Intérieur adepte d’un discours musclé depuis quelque temps, il est vu par la gauche et sans doute par certains macronistes comme le candidat capable de succéder à Emmanuel Macron en chassant sur les terres de la droite. En tout cas, chez LR, on n’y croit pas, ou du moins pas encore. « Son discours n’est pas suffisamment clair », selon un militant de Belfort, « avec les affaires judiciaires qu’il a, c’est délicat de le soutenir quand on est une femme », ajoute une étudiante, « il a été ministre d’un gouvernement de gauche, il ne représente pas la France du travail, ni la France de l’ordre », peut-on encore entendre.

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