Retrait de l’étude scientifique d’un chirurgien impliqué dans la persécution du Falun Gong

13 février 2017 07:55 Mis à jour: 12 janvier 2018 18:12

Une revue médicale exerce son droit de retrait concernant une étude controversée sur la transplantation hépatique co-écrite par un médecin chinois impliqué dans les prélèvements forcés d’organes sur des prisonniers d’opinion. Ce changement reflète les inquiétudes que génère le système douteux de transplantations mis en place par le gouvernement chinois, et vise à sensibiliser les responsables de publication à la déontologie scientifique.

L’étude remise en cause, publiée dans la revue Liver International d’octobre 2016, analyse 564 greffes de foie réalisées par le Premier hôpital affilié à l’Université du Zhejiang entre avril 2010 et octobre 2014. Un des auteurs, le Dr Zheng Shusen, et seize autres universitaires affirment qu’aucun organe n’a été prélevé sur des prisonniers « non exécutés ».

Ce qui soulève la polémique et selon les spécialistes de l’éthique médicale, le terme de « non exécutés » a très probablement été inventé.

Dans une lettre adressée à l’éditeur de la revue et publiée le 30 janvier écrite par Wendy Rogers, professeure d’éthique clinique à l’Université Macquarie en Australie, et deux autres rédacteurs, on essaye d’expliquer sur quoi peut se fonder l’assertion du professeur. Premièrement, le système des dons d’organes rudimentaire en Chine n’a jamais affirmé ne pas utiliser d’organes de prisonniers pendant la période en question ; deuxièmement, les organes « donnés » proviennent potentiellement de détenus exécutés dits « volontaires ».

Zheng Shusen, chirurgien de transplantation du foie du Premier hôpital affilié à l’Université du Zhejiang, lors d’une conférence  à Chengdu, province du Sichuan, le 21 novembre 2015. (haodf.com)

Le rédacteur en chef du Liver International, Mario Mondelli, de l’Université de Pavie en Italie, a déclaré pour Science Magazine que Zheng Shusen et un co-auteur ont, dans un courriel, d’abord répondu aux sceptiques que « tous les organes avaient été prélevés après la mort cardiaque des donneurs et qu’aucune greffe obtenue de prisonniers exécutés n’avait été utilisée » – une affirmation copiant mot pour mot celle de l’étude originale.

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Dans le doute néanmoins, la Pre Rogers et ses collègues insisteront et M. Mondelli réclamera de Zheng Shusen un document officiel avant le 3 février pour prouver cette déclaration. Il ne recevra aucune réponse. Il annoncera donc dans Science Magazine que l’étude litigieuse, les échanges qui ont suivis et une déclaration de rétractation doivent être publiés dans le prochain numéro. De plus les auteurs de l’étude recevront une « interdiction à vie » de soumettre de nouveaux articles à la revue.

Les rétractions d’articles sont rares dans le monde de l’édition universitaire et ne se produisent généralement que lorsque des problèmes graves sont identifiés. L’année dernière, la Pre Rogers et d’autres personnalités contestaient une publication du Journal of Medical Ethics pour son récit « épuré » et « très positif » concernant l’interdiction du gouvernement chinois d’utiliser des organes de prisonniers exécutés. Néanmoins, la revue émettrait une réserve plutôt qu’un démenti.

C’est un symbole fort pour dire que les revues n’accepteront plus sans preuve des revendications d’organes obtenus dans le respect de la déontologie.

La Pre Rogers d’éthique clinique à l’Université Macquarie

Le récent retrait de l’étude marque un tournant majeur. En effet, « c’est un symbole fort pour dire que les revues n’accepteront plus sans preuve des revendications d’organes obtenus dans le respect de la déontologie, et que des sanctions suivront si les directives éthiques sont violées », a déclaré la Pre Rogers dans un courriel. J’espère que d’autres journaux qui publient des données sur la Chine en prendront bonne note, et seront particulièrement prudents lorsqu’ils traiteront des documents sur la transplantation d’organes. »

Torsten Trey, directeur exécutif de Doctors Against Forced Organ Harvesting (DAFOH), une ONG basée à Washington, a déclaré qu’un tel désaveu « signifie que le système chinois de transplantation et de recherche n’est pas au niveau des normes internationales. » DAFOH travaille à exposer et arrêter les prélèvements d’organes non éthiques, ce dont est précisément accusé le Dr Zheng Shusen.

Zheng Shusen a déclaré, dans une publication, qu’il avait effectué 46 transplantations de foie « en urgence » entre janvier 2000 et décembre 2004. Cette période se situe bien avant que le gouvernement chinois n’accepte les organes des donneurs volontaires. En outre cela implique que les transplantations ont eu lieu un ou deux jours après l’arrivée du patient à l’hôpital, et donc des donneurs non consentants, parmi une liste de personnes présélectionnées de leur vivant, exécutés sur commande. Le site Web de l’établissement où exerce le Pr Zheng indique qu’il est le « principal chirurgien », responsable des deux mille transplantations de foie ces dernières années.

Des enquêteurs spécialisés en droits de l’Homme affirment que le
Pr Zheng et d’autres médecins chinois ont pu, à la demande, effectuer un grand nombre de transplantations d’organes.

Des enquêteurs spécialisés en droits de l’Homme affirment que le Pr Zheng et d’autres médecins chinois ont pu, à la demande, effectuer un grand nombre de transplantations d’organes, car le gouvernement chinois récolte systématiquement les organes des prisonniers d’opinion. La plupart de ces prisonniers en Chine sont des pratiquants de la discipline spirituelle du Falun Gong, soumise à une violente persécution.

Des documents officiels prouvent que Zheng Shusen n’est pas simplement un médecin désintéressé. C’est également le président de l’Association anti-secte du Zhejiang, un organisme du Parti chargé de diriger la propagande contre le Falun Gong et de travailler avec le Bureau 610, une organisation semblable à la Gestapo qui orchestre cette répression. C’est sous ce titre qu’il se présente lors des événements publics auxquels il participe.

D’autre part, une des présentations publiques du Pr Zheng, le 21 novembre 2015, contredit les affirmations officielles sur le fait que l’utilisation des organes issus des prisonniers a été stoppée. Durant la conférence, le Pr Zheng fournira un graphique et exposera l’augmentation des organes issus d’une source éthique selon les critères chinois, c’est à dire les dons de foie dit « volontaires » (où le prélèvement se fait après la mort cardiaque, ou DCD), face au nombre total de transplantations hépatiques effectuées. Or, dans des publications antérieures, les autorités chinoises ont clairement indiqué que les transplantations qui ne sont pas DCD proviennent de la source habituelle, c’est-à-dire des exécutions.

Dans le graphique derrière le Pr Zheng, le taux de foies censé être obtenus de manière éthique croît à un rythme exponentiel à partir de 2010 – de 1 à 5 %, 15 %, 26 %, puis 46 % – un résultat extraordinaire. Mais, en 2015, encore 10 %  proviennent de sources non éthiques.

Or, c’est en 2015 que les autorités chinoises promettaient de ne plus utiliser un seul organe prélevé sur des prisonniers.

Version originale : Top Chinese Transplant Surgeon Involved in Anti-Falun Gong Campaign Has Study Retracted

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Un génocide moderne : La persécution du Falun Gong en Chine

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