Tariq Ramadan acquitté en Suisse de l’accusation de viol

Par Epoch Times avec AFP
24 mai 2023 15:20 Mis à jour: 24 mai 2023 15:20

L’islamologue Tariq Ramadan a été acquitté mercredi de l’accusation de viol et contrainte sexuelle par un tribunal genevois qui a jugé qu’il n’y avait pas de preuve contre lui.

Il recevra par ailleurs environ 151.000 francs suisses (environ 154.400 euros) d’indemnités de l’État de Genève.

Une peine de prison ferme avait été requise par le procureur

La partie plaignante a immédiatement annoncé faire appel. Trois ans de prison dont la moitié ferme avaient été requis la semaine dernière par le procureur genevois.

À l’énoncé du verdict, prononcé dans une salle remplie de journalistes, le prédicateur suisse, 60 ans, a souri et été enlacé par l’une de ses filles. Sur le banc des parties civiles, la plaignante, 57 ans, a quitté la salle avant la fin de la lecture du verdict. Tariq Ramadan était pour la première fois jugé pour viol, mais il est menacé d’un procès en France pour des faits similaires. Son procès, très attendu, avait mis au jour deux versions opposées des faits.

M. Ramadan, figure charismatique et contestée de l’islam européen, nie tout acte sexuel et se dit victime d’un « piège ». La plaignante, « Brigitte », qui a choisi ce pseudonyme pour se protéger des menaces, assure en revanche que l’islamologue l’a soumise à des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d’insultes dans la chambre de l’hôtel genevois où il séjournait, la nuit du 28 octobre 2008.

Dépôt de plainte 10 ans après, encouragée par les autres femmes

Lors des trois jours d’audience, la semaine dernière à Genève, un paravent les séparait afin qu’elle n’ait pas à le voir. « Brigitte » a porté plainte dix ans après les faits, en 2018, encouragée, a-t-elle expliqué, par le fait que d’autres femmes aient fait de même contre Tariq Ramadan en France. Les deux s’accordent à dire qu’ils ont passé la nuit ensemble dans la chambre de l’hôtel, qu’elle a quitté tôt le matin pour rentrer à son domicile.

Tariq Ramadan assure que c’est elle qui s’est invitée dans sa chambre. Il dit s’être laissé embrasser avant de mettre rapidement fin à l’échange. Une version que dément « Brigitte », qui a raconté pendant l’audience avoir eu « peur de mourir » sous les coups de l’islamologue.

Le procureur genevois a, lui, accusé Tariq Ramadan de s’être rendu coupable de « viol à trois reprises » dans la même nuit et de « contrainte sexuelle ». La plaignante a demandé le remboursement des frais d’avocats et une indemnisation à hauteur de 50.000 francs suisses (51.300 euros).

Pendant l’audience, la défense a tenté de démontrer l’innocence de Tariq Ramadan en assurant qu’il n’y avait pas de preuves scientifiques. Ses avocats ont également accusé « Brigitte » et les femmes ayant porté plainte en France d’avoir tissé des liens avec pour objectif de faire tomber l’islamologue.

Les avocats de la plaignante ont fait valoir qu’elle avait bien consulté dans les jours suivant la nuit du 28 octobre 2008 deux psychiatres pour leur relater les faits et leur parler de son état de stress. Elle a indiqué durant l’enquête avoir fait la connaissance de l’islamologue lors d’une séance de dédicaces quelques mois avant les faits, avant de le revoir lors d’une conférence, puis de correspondre sur un ton de plus en plus intime sur des réseaux sociaux.

En attente de la décision judiciaire d’un procès en France

Docteur de l’université de Genève, où il a écrit une thèse sur le fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans qui était son grand-père, Tariq Ramadan a été professeur d’études islamiques contemporaines à l’université d’Oxford, au Royaume-Uni, et invité de nombreuses universités au Maroc, en Malaisie, au Japon ou au Qatar.

En France, il est soupçonné de viols commis entre 2009 et 2016 sur quatre femmes, une affaire qui a déclenché sa chute en 2017. Le parquet de Paris a requis en juillet son renvoi devant une cour d’assises et il appartient aux juges d’instruction d’ordonner un procès ou pas. Le dossier français lui a valu plus de neuf mois de détention provisoire en 2018.

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