Un pilote de la marine vietnamienne disparu dans un orage il y a 54 ans revient enfin chez lui

Par Louise Bevan
11 janvier 2020 15:56 Mis à jour: 11 janvier 2020 15:56

Lorsque le commandant Charles Bernard Goodwin de la Réserve navale est monté dans le cockpit d’un RF-8A Crusader monoplace, personne n’aurait pu prédire qu’il disparaîtrait pour réapparaître 54 ans plus tard.

C’était au petit matin du 8 septembre 1965. Après le décollage, l’avion a eu des ennuis en vol et M. Goodwin a disparu sans laisser de trace.

Plus de 50 ans après sa disparition en mer, l’ancien combattant du Vietnam a finalement été rendu à sa famille et enterré publiquement avec tous les honneurs militaires.

M. Goodwin était entré dans la Marine en décembre 1958. Il avait obtenu son diplôme de l’école de prévol après trois ans d’études à la station aéronavale de Pensacola, en Floride, en octobre 1961. Le jeune pilote avait été affecté à l’escadron photographique léger 63 de l’unité d’aviation.

(Illustration – Shutterstock | Eugene Berman)

M. Goodwin n’avait que 25 ans lorsqu’il a piloté son avion monoplace au large du porte-avions USS Coral Sea pour une mission de photos de combat au-dessus du Vietnam. À peine 15 petites minutes après le décollage, M. Goodwin a signalé qu’il rencontrait des orages en route vers sa destination. Le bref SOS fut sa dernière transmission.

M. Goodwin a été enregistré comme « disparu au combat » le jour de sa disparition. Les autorités navales ont effectué des recherches, en mer et sur terre, d’indices sur les allées et venues du pilote disparu. Aucune épave d’avion ni aucun reste humain n’ont été retrouvés.

Selon la Defense POW/MIA Accounting Agency (DPAA), entre avril 1993 et décembre 2016, de multiples tentatives ont été faites par le Bureau vietnamien de recherche des personnes disparues et les équipes conjointes des États-Unis et de la République socialiste du Vietnam pour localiser le lieu du crash de M. Goodwin.

Leurs tentatives, tout comme celles des premières autorités navales, ont échoué.

Cependant, le dossier de la disparition de M. Goodwin est resté ouvert. En 1988, un réfugié vietnamien s’est présenté avec des informations sur des restes potentiels, relançant la recherche du commandant disparu.

À la fin de 2016, des fonctionnaires sont entrés en possession de restes qui avaient été détenus par un ressortissant vietnamien. Ils ont été envoyés au laboratoire de la DPAA à Hawaii afin d’être analysés par des experts. Les résultats ont solutionné plus d’un demi-siècle de recherches et d’interrogations.

Grâce à l’analyse dentaire et anthropologique des restes, M. Goodwin a été officiellement identifié le 18 mai 2017, il a ensuite été rendu à sa famille dans l’ouest du Texas.

La DPAA a fait savoir que le soutien du gouvernement du Vietnam était essentiel au succès de la récupération.

M. Goodwin a été enterré, avec tous les honneurs militaires, au cimetière Texas State Veterans Cemetery, à Abilene, le 12 octobre 2018. Une rosette a été placée à côté de son nom pour indiquer qu’il avait enfin été retrouvé, l’ancien combattant est maintenant commémoré sur les terrains des disparus au cimetière commémoratif national du Pacifique à Honolulu, à Hawaï.

(Illustration – U.S. Air Force | Airman 1st Class Mercedes Porter)

Selon le site Abilene Reporter News, des membres de la Patriot Guard Riders de Fort Worth, de la région de Dallas et de l’ouest du Texas se sont réunis pour une procession, escortant la dépouille de M. Goodwin jusqu’au cimetière où le pilote tombé au combat a été honoré par une salve de 21 coups de canon.

Un survol à deux avions et un coup de clairon de taps – qui est une sonnerie militaire de l’armée américaine jouée, entre autres, aux funérailles – ont ajouté une solennité respectueuse à la cérémonie. Les membres de la famille de M. Goodwin qui accompagnaient le pilote ont également reçu le drapeau des États-Unis qui enveloppait le cercueil de M. Goodwin.

Stan Owens, membre de la garde du Texas de l’Ouest, qui a lui-même servi 20 ans dans l’armée de l’air américaine, a été ému par la cérémonie. « On l’a ramené chez lui », a-t-il dit.

(Illustration – Shutterstock | Action Sports Photography)

M. Owens ne connaissait pas M. Goodwin ni sa famille, mais il se sentait lié au jeune vétéran du Vietnam en raison de son propre service au Vietnam en 1969 et 1970.

L’histoire de M. Goodwin a eu un épilogue inattendu après son enterrement. Lorsque la nouvelle des funérailles du pilote de la Marine a fait la une des journaux locaux et nationaux, un homme du nom de Marc Newman, d’Irving, s’est présenté.

M. Newman avait acheté un bracelet souvenir des élèves-officiers du Corps d’entraînement de la Réserve de la Force aérienne à l’Université du Texas du Nord au début des années 1980. M. Newman avait déjà envisagé une carrière dans l’aéronavale jusqu’à ce qu’une blessure au genou vienne mettre un terme à ses aspirations. Le bracelet qu’il avait acheté était un bracelet POW/MIA portant une inscription avec un nom. Le nom était celui du lieutenant commandant Charles B. Goodwin.

« Je me souviens avoir choisi ce bracelet particulier parce qu’il portait le nom d’un pilote de la Marine », a dit M. Newman au Abilene Reporter News. « J’ai perdu mes deux parents et mon meilleur ami, que j’avais depuis 25 ans, au cours des dernières décennies, donc je sais combien les souvenirs sont importants pour garder leur mémoire vivante. »

M. Newman a offert de rendre le bracelet à la famille survivante de M. Goodwin.

La DPAA recense 1 594 militaires et civils américains toujours portés disparus après la guerre du Vietnam. La récupération des restes de M. Goodwin représente un triomphe national, une consolation familiale et l’addition d’une pièce de puzzle qui avait disparu pendant plus d’un demi-siècle.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.