Universités: les blocages se poursuivent, l’affrontement entre « extrêmes » également

10 avril 2018 15:13 Mis à jour: 10 avril 2018 17:43

Les blocages se poursuivaient mardi dans plusieurs universités pour protester contre les nouvelles modalités d’accès à la fac, tandis que la ministre Frédérique Vidal mettait en garde contre « une instrumentalisation » par « les extrêmes ».

La Coordination nationale étudiante (CNE) avait appelé ce week-end à une journée de mobilisation. Quelques 1.200 personnes ont défilé de la Sorbonne à Jussieu à Paris en début d’après-midi pour protester contre la loi Vidal, et plus largement contre la politique d’Emmanuel Macron.

« Lycéens, étudiants, chômeurs et salariés, c’est tous ensemble qu’il faut lutter car c’est tous ensemble qu’on va gagner », scandaient les participants.

A Lille, un cortège de 200 à 300 étudiants et professeurs, est parti vers 15H00 de la place de la République, dans le calme. Une manifestation était également prévue à Montpellier. Trois universités sont toujours entièrement bloquées depuis plusieurs jours, voire semaines: Paul-Valéry à Montpellier, Jean-Jaurès à Toulouse, et Paris-8 en région parisienne.

Frédérique Vidal a déploré mardi « le retour d’une certaine extrême gauche » et « d’une certaine extrême droite » qui « cherchent à en découdre » sur le site universitaire de Tolbiac (qui dépend de Paris-1), bloqué depuis fin mars par des étudiants et des militants.

« Il n’est pas acceptable que nos universités soient ainsi instrumentalisées pour en faire le théâtre d’affrontements entre extrêmes », a-t-elle déclaré à l’Assemblée nationale. Ailleurs, la situation est plus mouvante, avec de nouveaux blocages ou des occupations levées chaque jour. A la mi-journée, le ministère de l’Enseignement supérieur chiffrait à « moins de dix » les sites universitaires perturbés sur les 400 que compte le territoire.

Nanterre, fac emblématique de région parisienne d’où était partie la contestation en Mai 68, a rouvert mardi, au lendemain de l’intervention musclée de CRS dans un bâtiment occupé par des personnes qui, selon la direction, n’étaient pas des étudiants.

Les syndicats Sud éducation, le Snesup, la FSU et l’Unef ont condamné l’intervention de la police. Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux l’a justifiée, affirmant qu’« une infime minorité, souvent de personnes qui sont extérieures à l’université, n’empêcheront pas la tenue des cours« .

Mardi après-midi, une centaine d’étudiants bloquaient le bâtiment de la présidence, empêchant toutes entrées et sorties du bâtiment. Des policiers ont pris position devant la fac. À Lille, plus de 300 étudiants ont tenu une assemblée générale sur le parvis du site de Moulins (sciences juridiques, politiques et sociales), dans le calme. Plusieurs sections de licences, de droit et sciences politiques, ont voté le boycott de leurs examens oraux et écrits respectifs.

« La sélection c’est un écrémage parce qu’on n’a pas assez de moyens », estime Elodie, en deuxième année de licence de sciences politiques, qui a rendu copie blanche mardi matin à son examen, avec un mot en soutien aux professeurs grévistes.

À Strasbourg, deux nouveaux bâtiments universitaires ont été bloqués par une cinquantaine d’étudiants, portant à trois le nombre de sites fermés administrativement depuis le début du blocage la veille. Les examens prévus mardi ont été reportés jusqu’à nouvel ordre.

Par ailleurs, un des deux campus de Rennes-2 est bloqué depuis lundi; le site de Censier (Paris-3) est fermé mardi; à l’Université Grenoble Alpes, plusieurs bâtiments sont bloqués; le site de La Victoire à Bordeaux reste également bloqué mais les cours ont été délocalisés…

Dans cette dernière fac, plusieurs motions ont été votées mardi parmi lesquelles un « soutien aux étudiants ayant subi des violences policières » dans diverses universités et la formation d’un « cortège étudiant » en vue de la journée de grève nationale le 19 avril.

Des enseignants se sont publiquement associés au mouvement de protestation dans une tribune publiée mardi. Plus de 400 professeurs ont ainsi dénoncé la « sélection hypocrite » de la réforme de l’accès à l’université, affirmant leur volonté d’« élever le niveau de ceux qui ne l’ont pas ». Frédérique Vidal a assuré que 2018 ne serait pas « une année perdue ».

A Montpellier, à l’université Paul Valéry, plus de 800 examens dématérialisés concernant quelque 15.000 étudiants seront organisés d’ici le 20 avril, ce que contestent certains étudiants et syndicats.

 

D.V avec AFP

 

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