La crise sanitaire a fait de nombreux ravages chez les personnes âgées, et pas seulement à cause du virus. La solitude et l’isolement ont eu un effet certain sur leur moral et leur santé physique.
« J’étais moralement et physiquement abattue : j’avais des idées noires, j’étais au plus mal et je pensais qu’on n’allait pas s’en sortir », reconnaît Madeleine, une dame de 83 ans, qui s’est confiée auprès de nos collègues du Parisien.
Cette Parisienne du XVIIIe arrondissement « n’a vu personne » en cinq semaines de confinement, et ne s’est « jamais sentie aussi seule de sa vie », vivant cette période « dans la douleur et l’angoisse ».
« J’étais tellement perturbée par ces nouvelles anxiogènes sur le virus, et ces rues vidées, sans piéton ni voiture, que je me suis demandé si ce n’était pas la fin du monde », reconnaît cette ancienne aide-soignante.
« On n’aura aucun chiffre, mais il est évident qu’il y a eu des morts du confinement », assure Marie de Hennezel, psychologue clinicienne et écrivain. Pour elle, certaines personnes âgées sont « mortes d’autre chose : chagrin, dépression, désespoir… Elles se sont laissées mourir, chez elles ou en Ehpad ».
Madeleine était en effet tellement angoissée qu’elle a doublé sa dose de somnifères pour pouvoir dormir.
Elle n’est pas la seule à avoir mal vécu le confinement : Élodie Lemarthe, médecin en service post-urgences à l’hôpital de Perpignan, a par exemple hospitalisé deux personnes âgées et une autre personne pour mélancolie en l’espace d’une dizaine de jours. En temps normal, elle ne fait cela que pour un patient tous les deux ans.
« Ils s’étaient arrêtés de boire et de manger du jour au lendemain », remarque le médecin. « Les patients âgés ont besoin de rituels pour préserver leur équilibre. Le confinement, avec la limitation des visites, a constitué un événement aigu qui a cassé ces rituels et entraîné des décompensations psychiatriques », assure-t-elle.
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