Des milliers de personnes prises au piège, submergées alors que les autorités chinoises déversent des eaux pluviales dans les villages

Par Nicole Hao
26 juillet 2020 22:54 Mis à jour: 26 juillet 2020 22:54

Pour éviter que les villes ne soient inondées par les eaux de crue, les autorités locales du centre de la Chine déversent dans les zones rurales l’excès d’eau de pluie qui s’accumule dans les rivières et les réservoirs.

Ces derniers jours, les terres agricoles et les maisons dans les provinces du Jiangxi, du Hunan, de l’Anhui et du Hubei ont été submergées.

Prises au dépourvu, de nombreuses victimes des inondations se sont retrouvées sans-abri. Elles ont monté des tentes dans les zones surélevées et prient pour leur survie.

Les habitants ont déclaré à l’édition chinoise d’Epoch Times que dans certains cas, les autorités ne leur ont alloué que quelques heures pour évacuer, de sorte qu’ils n’ont eu la possibilité de prendre en toute vitesse que quelques vêtements et quelques objets de valeur et transportables.

Le régime chinois n’a pas publié le décompte des maisons détruites par les rejets d’eau.

La région de Mengwa, dans l’Anhui, offre un aperçu sur ce qui s’est passé dans la campagne chinoise.

Cette région, qui compte 195 000 habitants, a été submergée quelques heures après que le barrage de Wangjia, dans le canton de Funan, dans la ville de Fuyang, a déversé l’eau de la rivière Huai.

Propagande d’État

La récente couverture médiatique des graves inondations en Chine a souligné que le pays compte environ 100 régions désignées comme zones de « stockage des eaux de crue », ce qui signifie qu’elles sont sujettes aux inondations en raison de leur faible altitude et de leur proximité avec des rivières tumultueuses.

Le Conseil d’État chinois a fait cette distinction en août 2012, en notant que les gouvernements locaux seraient autorisés à déverser les eaux de crue dans ces régions de « stockage des eaux de crue » en cas de besoin.

Les médias d’État ont affirmé qu’il était inévitable que les habitants de ces régions soient confrontés à des inondations. « Stocker les inondations signifie que vous devez ouvrir votre porte et laisser l’inondation entrer chez vous. Les domiciles de centaines de milliers de personnes de l’Anhui ont été submergées », affirme un présentateur de télévision de l’Anhui lors d’un programme d’information.

Le présentateur a « félicité » les habitants de l’Anhui pour avoir « sauvé le pays » en sacrifiant leurs maisons et leurs biens.

L’océan sur la terre ferme

Xiao You, directeur de la Commission du fleuve Huai au sein du ministère chinois des Ressources en eau, a déclaré à l’agence de presse publique Xinhua le 23 juillet que le barrage de Wangjia avait été fermé ce jour-là, après l’évacuation des eaux de crue pendant plus de 76 heures. Toutefois, les autorités se réservent le droit de rouvrir le barrage à l’avenir si le niveau d’eau de la rivière monte à nouveau en raison de fortes pluies.

Xiao You n’a fait aucune mention de ce que les autorités comptaient faire pour soutenir les victimes des inondations.

Dans le bourg de Guzhen, à Liu’an, dans l’Anhui, les gens se sont lamentés à l’édition chinoise d’Epoch Times qu’ils étaient toujours bloqués, car les eaux de tempête n’avaient pas reculé depuis trois jours.

« C’est comme une ville fantôme maintenant », précise Liu Gang, propriétaire d’une entreprise à Guzhen, dans une interview téléphonique le 22 juillet.

Liu Gang estime que plusieurs de ses voisins portés disparus ont probablement été emportés par l’inondation.

Les déchets et la boue inondés s’accumulent dans la ville alors que les autorités ont coupé l’eau et l’électricité.

« C’est effrayant. Les voleurs se précipitent de maison en maison pour voler des choses. Personne ne vous aide », a ajouté M. Liu.

Même une bijouterie locale s’est vue victime des voleurs profitant du désordre et manque de supervision.

L’inondation est survenue à l’improviste, car les autorités ont soudainement déversé l’eau des réservoirs locaux, laissant les gens se démener seuls, sans temps pour se préparer, selon M. Liu.

Les autorités ont récemment déversé encore plus d’eau de deux réservoirs à proximité de la ville, ce qui signifie que d’autres inondations s’annoncent.

« J’ai le sentiment que les autorités nous ont abandonnés. Elles ne veulent pas nous sauver », a martelé M. Liu.

Gu He est un résident du canton de Dangtu dans l’Anhui. Il dit que le centre-ville a été inondé le 17 juillet, alors que certaines zones rurales ont également été submergées.

Il s’est plaint que les autorités ont déversé l’eau de la rivière sans alerter la population.

M. Liu (aucun lien de parenté) tient une épicerie dans le canton de Zhegao, situé dans la ville de Chaohu, dans l’Anhui. Le canton est situé au bord du lac Chao. Tôt le matin du 19 juillet, les autorités ont rompu les berges et ont déversé l’eau dans les villes de Zhegao, Huailin et Gaolin sans préavis.

« Vous [les responsables] devriez nous prévenir avant de déverser l’eau du lac, et nous pourrions alors emballer nos objets de valeur », a critiqué [article en chinois] le commerçant Liu.

Il a clamé que les eaux sont entrées rapidement dans la ville. L’inondation dans son magasin a atteint 2 m en trois heures. Il n’a pas pu sortir les marchandises et a subi environ 13 000 € (15 000 $) de dommages. Un magasin de bricolage voisin a perdu environ 600 000 € (700 000 $).

« Si le gouvernement nous avait donné trois heures, nous aurions pu mettre tous les produits les plus valables dans le camion et les faire sortir », a fait remarquer M. Liu.

Zhang Yu, un villageois de Zhegao, a raconté à Epoch Times une histoire similaire à celle de M. Liu. « Nous n’avions que le temps de sauver nos vies. » Le 22 juillet, l’eau dans la maison de M. Zhang atteignait une hauteur de 2,5 mètres, le premier étage étant complètement submergé.

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