Éducation nationale: les priorités de Pap Ndiaye suscitent la défiance

Par Etienne Fauchaire
13 juin 2023 13:24 Mis à jour: 13 juin 2023 15:16

Accusé d’insincérité par la famille de la jeune Lindsay, une adolescente de 13 ans qui s’est donnée la mort après avoir été victime de harcèlement scolaire et de cyberharcèlement, Pap Ndiaye voit maintenant ses choix de gestion de l’éducation nationale remis en question. Dans un article publié le 7 juin sur le média Boulevard Voltaire, la directrice de la rédaction Gabrielle Cluzel souligne que le ministre semble porter plus d’attention à mener des inspections au sein des écoles catholiques hors contrat que de mettre en œuvre les moyens qui permettraient de rétablir discipline et sérénité dans l’école publique : un ordre des priorités bien « étrange ».

« Est-ce vraiment l’école qui est inspectée ? »

Des « pratiques scandaleuses » : c’est en ces termes que la Fondation pour l’école et la Fédération des parents d’élèves des écoles indépendantes (FPEEI) décrivent dans un communiqué publié le 3 juin dernier la tenue des inspections récemment diligentées par le ministère de l’Éducation nationale dans plusieurs écoles hors contrat.

Des arrivées surprises « par des portes dérobées », des « inspecteurs en surnombre : 10 pour une école de 90 élèves, par exemple », des questions constituant « une intrusion dans la vie privée des familles » : « Avez-vous des problèmes familiaux ? Parlez-vous de la sexualité à la maison en famille ? En parlez-vous beaucoup ? Que lisez-vous chez vous ? Dans quelles écoles sont vos frères et sœurs ? Avez-vous des amis en dehors de l’école ? En avez-vous assez d’êtres cloîtrés toute la journée sans votre téléphone ? Supportez-vous l’uniforme ? Cela ne vous dérange-t-il pas de ne jamais changer d’aspect ? Quelle est la chose qu’il faut changer à l’école ? Pourquoi ne lisez-vous pas des mangas ? ».

De quoi pousser l’organisme, qui dénonce des « dérives inquiétantes », à s’interroger : « Est-ce vraiment l’école qui est inspectée ? Ne sont-ce pas plutôt les familles qui y scolarisent leurs enfants ? »

Intimidations

Interrogé par Boulevard Voltaire, Michel Valadier, président de la Fondation pour l’école, fustige des « méthodes de voyou ». S’il reconnait la raison d’être et l’utilité de ces inspections, il dénonce les « intimidations » dont les directeurs d’établissement ont été victimes de façon à ce que les élèves, mineurs, soient interrogés seuls par les fonctionnaires du ministère, sans autorisation des parents. Par exemple, en cas de refus d’obtempérer, la directrice de l’institut d’Argentré Sylvie Berget a été menacée de voir son école fermée. Au terme de son entretien, une étudiante en classe de 5e dans son école rapporte que les inspecteurs « voulaient que l’on dise que l’on était malheureux dans l’école, mais on leur a dit que ce n’était pas vrai ! »

Devant la hausse du nombre d’inspections et le mode opératoire adopté, Gabriel Cluzel, rappelant que ce ne sont pas ces écoles catholiques qui « fournissent des bataillons d’islamistes », se pose la question : « Une conséquence de l’arrivée de Pap Ndiaye à l’Éducation nationale ? » Et la journaliste de charger l’ordre des priorités du ministre, dont il a la responsabilité : « Les inspecteurs n’ayant pas le don d’ubiquité, pourquoi, alors que tant de signalements de parents restent apparemment sans effet dans l’enseignement public, user les ressources de contrôle académique vers ces écoles indépendantes n’ayant commis d’autre crime que s’efforcer de proposer une école sereine où règnent la discipline et le calme afin de dispenser ces enseignements fondamentaux que l’on se lamente de voir disparaître partout ailleurs… »

L’attitude de Pap Ndiaye étrillée par les parents de Lindsay

Cet article fait suite au suicide de Lindsay, une collégienne de 13 ans. En classe de quatrième dans le collège Bracke-Desrousseau de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), l’adolescente était la cible depuis plusieurs semaines de harcèlement scolaire et s’est donnée la mort chez ses parents, vendredi 12 mai 2023, révélait La Voix du Nord . Un drame qui a reçu un fort écho médiatique et qui a conduit le ministre de l’Éducation nationale à déplorer sur BFM TV le 1er juin « un échec collectif », promettant dans le même temps un renforcement des moyens, notamment financiers, pour les numéros d’appels dédiés aux victimes de harcèlement.

Le 5 juin, ce dernier a ensuite reçu les parents de Lindsay. Problème : à la suite du rendez-vous, la mère s’est dite sur le plateau de CNews insatisfaite de sa rencontre avec le ministre. « Mon ressenti : il n’y avait aucune sincérité de sa part, aucune conscience de ce qu’il se passe vraiment aujourd’hui. Et je pense que c’est pris à la légère ce qu’il se passe aujourd’hui. Je ne me sens pas du tout soutenue », s’est-elle désolée.

Mixité sociale

Le mois dernier, le ministre de l’Éducation nationale avait de nouveau suscité la polémique en faisant état de sa volonté d’accroître la « mixité sociale » dans les établissements privés sous contrat, déclenchant les récriminations de la droite qui le taxaient de vouloir « rallumer la guerre scolaire » avec le privé.

Dans une tribune au Figaro, le président des Républicains Eric Ciotti a ainsi estimé que « l’éducation de nos enfants n’a pas à être un domaine d’expériences idéologiques » menées par Pap Ndiaye, qu’il n’hésite pas à qualifier de « partisan assumé des déconstructions diverses et variées du wokisme décomplexé ». Là aussi, son ordre des priorités est critiqué : « Plutôt que de s’inquiéter de la mixité sociale des écoles privées, Pap Ndiaye devrait se préoccuper davantage du déclin tragique de notre niveau scolaire », tance l’homme politique.

De son côté, le président de Reconquête a fustigé derrière le terme de mixité sociale « une manipulation sémantique » : « Ce n’est pas les riches entre riches et les pauvres entre pauvres. Le vrai problème et la vraie question, c’est une fois de plus l’immigration, les enfants de l’immigration. On parle de mixité sociale car on ne veut pas trancher le grand tabou de la mixité ethnique et culturelle. » Et de faire valoir : « Dans les écoles les plus élitistes – Henri IV, Louis le Grand et d’autres -, il y a énormément d’enfants de profs. Est-ce que vous considérez que les profs sont des riches ? Tout ça c’est du baratin, car la vérité, c’est que des riches sont avec des gens modestes : les enfants de profs sont modestes. Ce que veut imposer Pap Ndiaye aux Français qui l’ont fui, c’est l’immigration. »

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