Îles Féroé : une pêche énorme de plus de 1400 dauphins fait vaciller la tradition

Par Léonard Plantain
20 septembre 2021 20:47 Mis à jour: 20 septembre 2021 20:47

Dimanche 12 septembre, alors que presque 1500 dauphins ont été tués dans les îles Féroé, les chasseurs ne savent que faire du surplus de viande.

À l’occasion de la chasse annuelle ancestrale aux cétacés appelée grindadráp ou grind, 1428 dauphins à flanc blanc ont été tués en ce dimanche 12 septembre. Les cétacés ont été rassemblés dans la baie par des bateaux de pêche puis tués au couteau par des chasseurs qui s’avançaient dans l’eau depuis le rivage.

Dimanche dernier, « nous étions 500 personnes sur la plage. Je n’avais jamais vu quoique ce soit de similaire avant. C’est la plus grande prise aux Féroé », raconte à l’AFP l’un des chasseurs-pêcheurs, Jens Mortan Rasmussen.

Dans le profond fjord de Skala, un petit village de 750 habitants au pied des falaises de l’Esturoy, la taille immense du banc a ralenti le processus de mise à mort qui a pris « beaucoup plus de temps qu’un grind normal », d’après M. Rasmussen.

« Quand les dauphins arrivent jusqu’à la plage, il est très difficile de les renvoyer à la mer, ils ont tendance à toujours revenir s’échouer vers la plage », a-t-il expliqué.

La chasse communautaire de subsistance au cétacé est pratiquée depuis 5 500 ans par les peuples Inuits du Canada, d’Alaska, de Russie et du Groenland et par de nombreux autres peuples dans le monde. Le grindadráp permet d’assurer aux communautés une certaine sécurité alimentaire. « Aujourd’hui, la redistribution a toujours lieu et tous les Féroïens peuvent prétendre à une part de la prise lorsqu’un grindadráp a lieu sur une plage associée au district auquel ils appartiennent », selon l’étude « Le grindadráp aux Îles Féroé » publiée dans Géoconfluences en avril 2019.

Les photos des dauphins alignés sur la rive ont engendré de nombreuses critiques, poussant le gouvernement à annoncer une évaluation de la régulation de la chasse de cette espèce.

« Bien que ces chasses soient considérées comme durables, nous allons examiner de près les chasses au dauphin et le rôle qu’elles doivent jouer dans la société féringienne », a fait savoir le Premier ministre Bárdur á Steig Nielsen.

Les Féringiens rappellent souvent l’abondance des cétacés dans leurs eaux (plus de 100.000, soit deux par habitant) et la signification historique de cette pratique : sans cette viande venue de la mer, leur peuple aurait disparu.

Trop de viande pour les besoins de consommation

Cette année, un problème se pose : que faire d’autant de viande ? Cette année, il y en a plus que largement assez, même trop.

Les organisateurs ont contacté une entreprise de déchets pour qu’elle incinère le « surplus ». À noter que les habitants ont aussi indiqué que de la viande de dauphin avait été envoyée dans d’autres parties du pays, mais qu’il y a aura malgré tout du gaspillage.

Aujourd’hui, l’argument de la subsistance n’est plus à l’ordre du jour, même si le produit des chasses est toujours exclusivement destinée à la consommation.

Pour l’ONG écologiste Sea Sheperd, mobilisée depuis des décennies contre la chasse des cétacés, il est temps de mettre fin à cette pratique, d’autant plus que la viande chassée contient de dangereux niveaux de mercure.

Les Féroé ont abandonné la chasse à la baleine en 1986.

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