«Ils pourraient faire une descente avec leurs carabines»: quand la France rurale veut donner une leçon à la France des cités

Par Emmanuelle Bourdy
2 décembre 2023 09:52 Mis à jour: 2 décembre 2023 13:51

Depuis cette soirée tragique à Crépol, une colère gronde parmi les habitants de cette France rurale, qui s’oppose à celle des cités. Ce crime, que nombre de personnes estiment être à caractère raciste, exacerbe les tensions. Certains se disent même prêts à en découdre avec les délinquants du quartier de la Monnaie, à Romans-sur-Isère.

Dans la nuit du 18 au 19 novembre dernier lors d’un bal à Crépol, Thomas, un jeune de 16 ans, trouvait la mort, froidement assassiné à coups de couteau par un Franco-Maghrébin à la sortie d’un bal à Crépol (Drôme).

« Les chasseurs disent qu’ils vont aller régler la situation à la Monnaie »

Pour de nombreuses personnes, le mobile de ce crime est le racisme anti-blanc. « On est là pour planter du Blanc, on est là pour tuer du blanc », ont crié les assaillants à Crépol, d’après les témoignages recueillis sur place et relayés dans un podcast diffusé par Le Dauphiné libéré le 22 novembre dernier. Cela a eu pour conséquence de faire basculer les opinions politiques de certains.

Interrogé par Le Figaro, un ami de la famille de Thomas se déclare « convaincu » qu’il s’agissait d’une « expédition raciste ». À Saint-Donat-sur-l’Herbasse – la commune dans laquelle les obsèques de Thomas se sont déroulées – une femme explique avoir toujours été « modérée » politiquement, mais « ce racisme anti-blanc » lui « donne envie d’être raciste en retour ».

« Les agresseurs de Thomas, ils ne s’intègrent pas, ce sont des délinquants. Ils crient au racisme dès qu’il y a une embrouille » pointe auprès de nos confrères un quadragénaire qui vie dans cette « Drôme des collines » depuis vingt-cinq ans. Un commerçant de Romans, qui ne croit plus le gouvernement capable de « remettre l’ordre », lance : « Les chasseurs disent qu’ils vont aller régler la situation à la Monnaie. Si ça continue, ils pourraient faire une descente avec leurs carabines. » « La prochaine fois, on ira sur le point de deal, et on calmera ces voyous. Avec quelques coups de poing s’il le faut », renchérit un quinquagénaire.

« Extraire ces individus qui pourrissent la vie de tout le monde »

Un discours qui tranche avec celui de David Riste, le directeur du lycée du Dauphiné, à Romans-sur-Isère, dans lequel Thomas était scolarisé. Ce lundi 27 novembre, lors de l’hommage rendu à la victime en présence du porte-parole du gouvernement, le chef d’établissement a invité à « rester unis dans l’adversité », prônant « la mixité et la diversité positives » du lycée. Pas sûr que ce discours ait réussi à apaiser tous les esprits.

Et la réalité de ce quartier de la Monnaie est toute autre. Gangrénée par le trafic de drogue depuis des années, cette cité de Romans-sur-Isère risque d’être stigmatisée par cette délinquance, et les habitants du quartier craignent d’en subir les conséquences. Marie-Hélène Thoraval, la maire de cette ville de 33. 000 habitants, s’inquiète, elle aussi, de cette stigmatisation. « Quelques familles de délinquants, pour lesquelles le trafic de drogue est un modèle économique, empêchent les habitants de la Monnaie de vivre paisiblement », déplore-t-elle à ce sujet.

Malgré les moyens mis dans ce quartier de la Monnaie – soit un peu plus de 150 millions d’euros injectés depuis 2014 pour des rénovations et constructions de bâtiments – des délinquants ont mis le feu à la crèche en 2017, ont brûlé la médiathèque, la ludothèque et la maison de quartier en 2020 et se sont attaqués à l’office HLM en 2023. La mairie dépense chaque année 500.000 euros pour ces dégradations. L’édile précise que la Monnaie est « l’un des quartiers les plus dotés ». Elle souligne par ailleurs que lors des émeutes, « bizarrement, aucun commerce communautaire n’a été dégradé ». Elle est d’avis d’« extraire ces individus qui pourrissent la vie de tout le monde ».

« D’anciens gros dealers sont aujourd’hui les parents de jeunes délinquants »

Louane – une femme de 58 ans ayant passé ses jeunes années dans ce quartier et dont les parents sont Algériens – raconte que dans son enfance, qu’elle décrit comme « heureuse » mais « sans beaucoup d’argent », les Italiens, les Espagnols et les Arabes y vivaient en harmonie. « Ma mère était fan des femmes françaises chics ! Aucune d’entre nous ne se voilait, non ! Nous, on voulait ressembler à Catherine Deneuve ! » se souvient-elle, nostalgique. Louane, qui a vu la situation se dégrader dès la fin des années 1990, a depuis quitté ce quartier et réside dans le centre de Romans.

« La Drôme est une terre d’immigration ancienne. Beaucoup de gens de la Monnaie en sont partis pour se fondre dans les villages », confirme effectivement le politologue Jérôme Fourquet, déplorant le fait qu’aujourd’hui, « ces familles intégrées se voient rattrapées par la cité avec le drame de Crépol ».

C’est notamment avec l’arrivée de la drogue qu’une partie de la population a commencé à s’enfoncer dans la délinquance, entraînée dans les trafics de stupéfiants auxquels sont étroitement liés les règlements de comptes. Selon une source policière de Romans, « d’anciens gros dealers sont aujourd’hui les parents de jeunes délinquants ». « Les gens qui travaillent côtoient d’autres familles plus disloquées, plus pauvres », et cela peut facilement entraîner les jeunes dans la délinquance, a-t-il conclu.

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