Le PCC publie les chiffres de la consommation sur la période du Nouvel An chinois ; les experts parlent de récession

Par Alex Wu
2 mars 2024 00:57 Mis à jour: 2 mars 2024 00:57

Le Parti communiste chinois (PCC) a publié des données sur la consommation pendant les vacances du Nouvel An chinois. Les médias d’État se sont empressés de se réjouir de la bonne santé du marché intérieur de la consommation.

Cependant, les experts financiers réfutent cet optimisme, estimant que l’économie chinoise est en plein marasme et qu’elle entre dans une situation similaire à celle de la Crise de 1929 (1929-1939).

Le centre de données du ministère de la culture et du tourisme du PCC a publié récemment des informations indiquant qu’il y a eu 474 millions de déplacements touristiques dans le pays pendant les vacances du Nouvel An chinois, du 9 au 17 février, et que les touristes nationaux ont dépensé un total de 632,68 milliards de yuans (environ 84,5 milliards d’euros) pour leurs voyages. Les ventes des principales entreprises de vente au détail et de restauration à travers le pays ont augmenté de 8,5% d’une année sur l’autre sur une base comparable.

Les médias officiels du PCC y voient le signe que l’économie chinoise a pris un « bon départ » pour cette nouvelle année, et s’appuient sur les données relatives à la consommation pendant cette semaine de vacances dans les secteurs du tourisme, de la restauration, du commerce de détail, des transports et du cinéma, entre autres.

En réalité, l’économie chinoise continue de plonger en 2023 après l’abandon par le PCC des mesures restrictives de contrôle de la politique « zéro Covid », qui ont mis l’économie sous confinement pendant trois ans. Tous les secteurs économiques ont connu un ralentissement caractérisé par une baisse des exportations, une croissance stagnante de la demande intérieure, des baisses significatives de la production et des ventes manufacturières, un effondrement de l’immobilier et des ralentissements dans la plupart des industries de services.

Le marché boursier chinois s’est effondré fin janvier, début février, atteignant l’indice le plus bas depuis des années, des milliers d’actions ayant touché le fond.

Un commentateur financier chinois connu sous le nom de « Da Liu Shuoshuo », qui compte 3,84 millions de followers sur les réseaux sociaux chinois, a mis en ligne une vidéo dans laquelle il affirme que, bien que la consommation ait rebondi pendant le Nouvel An chinois, elle présente les caractéristiques d’une fausse prospérité. « Derrière les centaines de milliards de consommation se cache en réalité la contraction de milliers de milliards. Il s’agit d’un ‘effet rouge à lèvres’ » dit-il.

Le concept d’ « économie du rouge à lèvres » ou d’ « effet rouge à lèvres » décrit une situation dans laquelle les consommateurs disposant de fonds limités sont enclins à acheter des articles de luxe abordables en période de ralentissement économique. En d’autres termes, les gens ont  tendance à privilégier les produits en solde.

La Grande crise est imminente

L’édition chinoise de Voice of America (VOA) a publié au début du mois un article du politologue Jiang Zemin (un nom de plume hautement sarcastique), originaire de Shanghai, intitulé « The Great Depression is Coming: The Historic Moment of Shanghaiization » (La Grande Dépression [ou Crise de 1929] arrive: le moment historique de la shangaïsation.)

L’article notait que l’atmosphère à la veille du Nouvel An chinois était particulière. « Le peuple chinois assiste, impuissant, au début de la Grande crise », écrit « Jiang Zemin ».

L’article souligne que, par rapport aux années précédentes, cette année, davantage d’entreprises et d’usines ont fermé leurs portes avant le jour férié. Tous les secteurs sont en récession et, selon lui, « les patrons qui s’enfuient [sans préavis ni paiement de salaire ou de dettes] » sont presque devenus la nouvelle norme.

Vue d’une galerie marchande à Pékin, le 18 juillet 2023. (Greg Baker/AFP via Getty Images)

Sur de multiples plateformes de réseaux sociaux, de nombreux Chinois se plaignent du ralentissement qu’ils ont observé dans divers secteurs, tels que les fermetures de magasins et d’entreprises, la chute des prix de l’immobilier, le chômage et les pertes considérables dans les transactions boursières.

Après le Nouvel An chinois, à leur retour au travail, de nombreuses personnes à travers le pays ont rapporté sur les réseaux sociaux chinois que les entreprises ou les usines pour lesquelles elles travaillaient avaient fermé définitivement leurs portes après les vacances.

L’article de VOA explique que le modèle économique chinois se caractérise de plus en plus par une économie circulaire interne qui va à l’encontre des principes d’un marché libre, et qui est dominée par les pouvoirs politiques. Cette évolution a entraîné l’érosion de l’économie chinoise et de son paysage politique. L’article suggère que ce phénomène, caractérisé par des promesses vides faites par les fonctionnaires chinois, est la cause première d’une inéluctable « Grande crise » en Chine.

Un investisseur regarde un écran montrant les mouvements du marché boursier dans une société de titres à Hangzhou, dans la province du Zhejiang, dans l’est de la Chine, le 8 février 2024. (STR/AFP via Getty Images)

L’influenceur financier chinois « Magical Blue » a récemment déclaré dans un post que le plus grand problème auquel le peuple chinois est actuellement confronté réside dans trois grands excès de capitaux que génère la crise de confiance au sein de la population.

« Le premier est l’excès de capital industriel. L’industrie manufacturière chinoise est largement excédentaire. Le taux d’exploitation global de nombreuses industries est inférieur à 50%, voire à 20% seulement. La demande est insuffisante, les gens n’ont pas d’argent et les produits fabriqués ne peuvent pas être vendus, ce qui entraîne une surcapacité », estime l’influenceur.

« Le second est l’excès de capital financier. De nombreuses banques ont plus de dépôts que de prêts. Les entreprises n’investissent pas et les consommateurs n’achètent pas. Cet argent ne circule pas dans l’économie réelle, mais reste inactif dans le système financier. Si les banques ne peuvent pas prêter de l’argent et doivent quand même payer des intérêts aux gens, il s’agit d’un excès de capital financier », poursuit Magic Blue.

« Le troisième est l’excès de capital commercial. Aujourd’hui, les rues sont pleines de centres commerciaux, de pharmacies, d’hôtels et de boutiques branchées de thé au lait. Il y avait 420.000 pharmacies en 2012, et à la fin de 2022, il y en aura 620.000 ; il y a quatre à cinq pharmacies dans une même rue. »

La communauté internationale a également observé que l’économie chinoise était en proie à de nombreux problèmes qui ressemblent aux causes sous-jacentes de la Crise de 29 aux États-Unis, en particulier le déclin des prêts bancaires et le manque de confiance.

« Même en l’absence d’un krach boursier, ce manque de confiance – cette réticence à emprunter et à dépenser – rappelle les problèmes auxquels les États-Unis ont été confrontés lors de la Crise de 29 », a écrit Milton Ezrati, expert en finance et collaborateur d’Epoch Times, dans un récent article d’opinion.

Fang Xiao a contribué à cet article.

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