Les courants anti-Xi Jinping au sein du PCC inquiètent le Parti

La réapparition du concept d'"escrocs politiques", un terme datant de l'époque de la Révolution culturelle, pourrait viser des membres importants du PCC, selon des experts

Par Pinnacle View Team
22 avril 2024 02:16 Mis à jour: 22 avril 2024 02:16

Récemment, l’école centrale du Parti communiste chinois (PCC) a publié un article appelant une nouvelle fois à la vigilance contre les « escrocs politiques » au sein du Parti. La reprise par le PCC d’un terme issu du lexique de la Révolution culturelle intervient dans un contexte de récession économique en Chine.

Lors de l’émission en chinois « Pinnacle View » de la NTD, un groupe de panélistes s’est penché sur le contexte et la signification de cette dernière manifestation d’angoisse du PCC. NTD est une chaîne de télévision chinoise indépendante, originaire des États-Unis, et opérant dans différents pays dont la France.

Passé et présent du concept d’ « escroc politique »

Guo Jun, rédacteur en chef de l’édition hongkongaise d’Epoch Times, a expliqué lors de l’émission que l’expression « escroc politique » datait de l’époque de la Révolution culturelle du PCC, entre 1966 et 1976. À l’époque, le PCC utilisait ces termes pour qualifier les membres du Parti « déloyaux » ou « contre-révolutionnaires ».

« Je pense que lorsque le PCC a récemment soulevé la question des ‘escrocs politiques’, il ne faisait certainement pas référence aux fonctionnaires ordinaires [du Parti] », a-t-elle déclaré. « Ils visaient au moins les fonctionnaires du comité permanent du Politburo, voire ceux qui se situent au deuxième ou au troisième rang du comité permanent », en référence à l’organe des hauts dirigeants du PCC.

Yuan Hongbing, ancien directeur de la faculté de droit de l’université de Pékin et célèbre dissident chinois basé en Australie, estime que le cinquième membre du Comité permanent du Politburo du PCC, Cai Qi, est probablement responsable de la résurgence de ce terme.

« La raison principale pour laquelle Cai Qi a gagné les faveurs de Xi Jinping est qu’il a d’abord proposé et constamment insisté pour que le statut de Xi Jinping soit comparé à celui de Mao Zedong, souhaitant que Xi Jinping soit vénéré comme une ‘divinité’ du Parti communiste, tout comme Mao Zedong », a-t-il déclaré. « Mao Zedong a conduit le PCC à établir une dictature communiste et, selon le PCC, il a grandement contribué à la fondation du pays. Cai Qi veut présenter Xi Jinping comme le sauveur du PCC, le sauveur de l’armée et le sauveur du pays », a-t-il déclaré.

M. Yuan a également expliqué que M. Cai est prêt à recourir à des luttes ouvertes au sein du PCC pour cibler les hauts fonctionnaires du régime qui pourraient avoir des réserves à l’encontre de Xi Jinping. Par conséquent, le terme « escrocs politiques » est utilisé pour désigner toute personne susceptible de douter ou de remettre en question du leadership actuel.

Selon des spécialistes du PCC, Xi Jinping estime qu’il y a des escrocs politiques au sein même de la haute direction du Parti. Bien qu’on ne sache pas de qui il s’agit, beaucoup pensent que Zhao Leji, le membre de troisième rang du Comité permanent du Politburo, pourrait être visé.

L’impopularité de Xi Jinping parmi les élites du PCC

M. Yuan estime que Xi Jinping est extrêmement isolé au sein du PCC. Après une décennie entière à se présenter comme un chantre du combat contre la corruption, Xi Jinping est parvenu à vaincre la faction de l’ancien dirigeant du PCC, Jiang Zemin et a purgé un grand nombre de ses membres.

« En outre, en revenant à l’orthodoxie [communiste] de Mao Zedong, Xi Jinping a profondément offensé les riches entrepreneurs privés chinois », a-t-il déclaré. « La série d’actions politiques et économiques de Xi Jinping font de lui un tyran. Dans l’histoire du PCC, il n’y a jamais eu de dictateur aussi isolé que Xi Jinping. À l’époque, Mao Zedong disposait encore d’un groupe de partisans enthousiastes, comme les « gardes rouges », qui étaient des partisans fanatiques de Mao. Aujourd’hui, Xi Jinping ne bénéficie du soutien d’aucune classe ou couche sociale, ce qui constitue sa plus grande crise ».

Xi Jinping a mis en place un État autoritaire de haute technologie et un système de contrôle social sans précédent pour surveiller l’ensemble de la société chinoise. M. Yuan pense qu’un tel système peut maintenir la stabilité du PCC pendant un certain temps, mais qu’à un moment donné, le fort mécontentement de la société chinoise finira par exploser et se transformera en une force capable de renverser le régime tyrannique.

Les alternatives anti-Xi

M. Yuan a expliqué dans « Pinnacle View » qu’il existe deux grands courants anti-Xi en Chine et même au sein du PCC. L’un est le soi-disant retour à la voie de la réforme et de l’ouverture de l’ancien dirigeant du PCC, Deng Xiaoping, qui a conduit à un boom économique en Chine.

L’autre idéologie, plus progressiste que la première, est la nostalgie du leader pro-réforme Hu Yaobang au sein du Parti. Dans les années 1980, M. Hu est allé au-delà de la réforme économique et a favorisé la réforme politique de la Chine. Sa mort en 1989 a directement conduit à des manifestations massives d’étudiants en faveur de la démocratie, qui ont tragiquement abouti au massacre de la place Tiananmen, a déclaré M. Yuan.

Le massacre de la place Tiananmen a été un moment où « L’empire contre-attaque » et a marqué la fin des réformes de M. Hu, a-t-il poursuivi. Les discussions sur son héritage ont été censurées pendant des années, les autoritaires purs et durs du parti ayant tué l’espoir d’une démocratisation de la Chine. Néanmoins, M. Yuan pense que certains membres du PCC se préparent aujourd’hui à brandir à nouveau la bannière de M. Hu pour défier la tyrannie de Xi Jinping.

Il a déclaré : « C’est ce qui inquiète le plus Xi Jinping, ce dont il a le plus peur, et à mon avis, cette tendance de l’histoire est imparable. »

Mme Guo a déclaré que dans un système autoritaire, plus le pouvoir est grand, plus l’insécurité augmente. Le principal problème auquel le PCC est actuellement confronté est la stagnation économique, voire la régression, qui pourrait menacer la stabilité du régime.

« Un dictateur à courte vue qui veut à tout prix éviter l’effondrement [de son régime] doit éviter l’opposition interne, empêcher l’émergence d’ ‘escrocs politiques’ ou les éliminer immédiatement dès qu’ils se manifestent. Ces luttes [internes] au sein du PCC ne s’arrêteront jamais et des ‘escrocs politiques’ apparaîtront toujours sous son règne », a-t-elle déclaré. »

Michael Zhuang a contribué à cet article.

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