Les « énergies renouvelables », un business déficitaire – comment les installations éoliennes et solaires pèseront sur le contribuable allemand à partir de 2024

Le financement des sources d'énergie "renouvelables" pèse de plus en plus sur le budget fédéral. Pour l'année prochaine, les gestionnaires de réseau du courant prévoient des coûts de 10,6 milliards d'euros. En effet, ce ne sont plus les consommateurs d'électricité qui paieront bientôt, mais les contribuables

Par Maurice Forgeng
3 janvier 2024 17:36 Mis à jour: 3 janvier 2024 17:36

Les exploitants allemands d’installations photovoltaïques et éoliennes bénéficient d’un droit à rémunération réglementé par la loi, pour le courant électrique qu’ils produisent et qu’ils livrent au réseau électrique public. Ce droit existe en général pendant 20 ans et commence à la mise en service de l’installation. C’est ce que prescrit la loi sur les énergies renouvelables (EEG), qui encourage le développement des énergies « renouvelables »[1] en Allemagne.

Le ministère fédéral de l’Économie et de la Protection du climat vient d’annoncer que cette obligation de rémunération de l’État coûtera l’année prochaine aux contribuables plusieurs dizaines de milliards d’euros. Interrogé par Epoch Times, le ministère de l’Économie a déclaré : « Pour l’année 2024, l’expertise actuelle des gestionnaires de réseaux de transport prévoit un besoin de financement de l’EEG d’environ 10,6 milliards d’euros. »

Financé par l’argent des contribuables

Le besoin de financement de l’EEG est « déterminé chaque année pour l’année suivante, conformément à la loi sur le financement de l’énergie, dans une expertise des gestionnaires de réseau de transport du courant électrique », explique Daniel Greve, porte-parole du ministère pour les domaines de la politique économique et de la politique énergétique.

Dans ce contexte, ce n’est plus la taxe EEG qui finance les versements aux exploitants d’une installation, comme cela a longtemps été le cas. Depuis le 1er juillet 2022, les consommateurs d’électricité ne doivent plus payer cette taxe via leur facture d’électricité.

En effet, depuis l’entrée en vigueur de la loi sur le financement de l’énergie le 1er janvier 2023, les besoins de financement de l’EEG sont « financés par le budget et donc par le gouvernement fédéral », explique Daniel Greve. Autrement dit : depuis cette année, c’est le contribuable qui paie pour l’électricité dite verte. Le ministère de l’Économie qualifie ce changement comme un « pas important pour soulager les consommateurs d’électricité ».

Une activité déficitaire croissante ?

L’une des raisons de ce changement pourrait être que, ces derniers mois, les recettes – provenant notamment des revenus de la vente d’électricité verte – ont toujours été inférieures aux coûts. Ainsi, selon « Statista« , ces recettes s’élevaient en septembre à 517 millions d’euros, alors que les coûts s’élevaient le même mois à environ 2,3 milliards d’euros – soit plus de quatre fois plus.

Recettes, dépenses et solde des gestionnaires de réseau pour l’électricité produite à partir d’énergies « renouvelables » en Allemagne de septembre 2022 à septembre 2023 en millions d’euros (valeurs relevées). (photo : Maurice Forgeng/Epoch Times; données : Statista)

Selon ces chiffres, les « énergies renouvelables » ne peuvent pas être financées uniquement par les recettes des ventes. De septembre 2022 à septembre 2023, les données montrent une baisse parfois importante pour chaque mois. Le meilleur bilan est encore celui du mois de janvier, peu ensoleillé, où les recettes ont été les plus faibles. Les pertes n’ont été que de 50 millions d’euros environ. Les installations d’électricité verte ont enregistré le plus mauvais bilan pendant les mois d’été juillet et août : l’État a dû régler jusqu’à 1,84 milliard d’euros par mois.

Jusqu’à présent, le gouvernement fédéral a pu se servir dans le compte EEG, « encore très bien rempli en 2022 et 2023 », des gestionnaires de réseaux de transport du courant, selon Daniel Greve. C’est pourquoi, jusqu’à présent, « aucun prélèvement mensuel ne devait être effectué par l’État fédéral ».

L’attaché de presse ne nous a toutefois pas révélé à quel point le compte de l’EEG était encore bien rempli. Le portail « PV-Magazine » fournit un aperçu à l’aide d’un graphique de l’institut Fraunhofer. Il en ressort que l’avoir diminue constamment, car il n’y a plus d’afflux depuis l’été dernier. Il est ainsi passé de son dernier pic en août 2022 avec plus de 17 milliards d’euros à 3,22 milliards d’euros en octobre. Compte tenu de l’importance des soldes négatifs, le compte EEG devrait être à zéro début 2024.

Une question de définition

Les 10,6 milliards d’euros de coûts prévus pour l’année prochaine pourraient s’avérer être calculés de manière optimiste. En effet, d’octobre 2022 à septembre 2023, le total des coûts s’élevait déjà à environ 12 milliards d’euros. Mais il est probable que le déficit sera encore plus élevé en 2024, car le mois de septembre de cette année a affiché un déficit presque trois fois plus important que celui de l’année dernière.

Les données actuelles de l’Agence fédérale des réseaux montrent qu’au cours des deux dernières semaines, la production d’électricité par l’énergie éolienne a été particulièrement élevée et a même pu en partie égaler la consommation d’énergie de l’Allemagne.

À lire aussi : Allemagne : « Les énergies renouvelables fournissent plus de la moitié de l’électricité consommée » – mais seulement sur le papier

Il est toutefois important de noter tout d’abord que l’électricité n’est pas la même chose que l’énergie. L’énergie électrique ne représente qu’un sixième environ de ce que l’on appelle la consommation d’énergie primaire. Selon l’Agence fédérale de l’environnement, celle-ci s’élevait en 2022 à 3264 térawattheures (TWh), dont environ 552 TWh d’électricité. Il y a également l’énergie pour le chauffage, les carburants et les combustibles. Si toutes les sources d’énergie « renouvelables » fournissent 100% de l’électricité consommée, il ne s’agit en réalité que d’environ 16,7% d’ « énergie primaire verte ».

Des circonstances défavorables

En outre, la production d’énergie solaire et éolienne dépend toujours des conditions météorologiques. Parfois, les quelque 30.000 éoliennes et les millions d’installations photovoltaïques que compte l’Allemagne fournissent beaucoup trop peu d’électricité. C’est le cas lors de ce que l’on appelle le « black-out ».

Mais il y a aussi des jours où ces installations fournissent nettement plus d’électricité que ce qui est nécessaire à ce moment-là. Dans ce cas, le prix de l’électricité sur le marché est proche de zéro ou tombe même en dessous de zéro. Cela signifie que les gestionnaires de réseau allemands doivent payer un certain montant pour que les pays voisins achètent leur excédent d’électricité. C’est ce qui s’est passé par exemple en juillet de cette année, lorsque le prix du mégawattheure est tombé à moins de 500 euros environ. En d’autres termes, l’acheteur recevait en plus de l’électricité un supplément de 50 centimes par kilowattheure.

Grâce à la loi sur les énergies renouvelables, les producteurs d’énergie éolienne et solaire peuvent continuer à alimenter le réseau même en cas de surproduction, car la loi stipule que l’électricité qu’ils produisent doit être achetée par l’exploitant du réseau. Les producteurs d’électricité verte n’ont pas non plus à supporter les coûts. Au contraire, ils reçoivent à la place le montant garanti de la rémunération par kilowattheure injecté. Les prix négatifs sont supportés par les consommateurs d’électricité, tandis que le bilan global négatif, comme le montre le graphique ci-dessus, est supporté par les contribuables.

La tendance à plus long terme semble être que le business de l’électricité verte deviendra encore moins rentable pour l’État à l’avenir. Selon le cabinet de conseil en énergie Enervis, les rémunérations versées aux propriétaires d’énergies « renouvelables » devraient augmenter à plus de 19 milliards d’euros d’ici 2028 seulement, comme le rapporte le portail d’information « NIUS ». (« NIUS » n’a pas précisé s’il s’agissait d’un montant annuel, mais on peut le supposer). Enervis a calculé les besoins de financement pour 2024 à la demande du ministère de l’Économie et du Climat. À cela s’ajoute le fait qu’avec le développement rapide des installations éoliennes et solaires, les recettes de la bourse de l’électricité pourraient encore baisser en raison du prix négatif de l’électricité sur le marché décrit plus haut.

[1] Le terme « énergies renouvelables » s’est certes établi dans la société, mais selon le principe de conservation de l’énergie, l’énergie n’est en principe pas renouvelable. Elle ne peut être que transformée.

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