Les immigrés clandestins: les nouveaux esclaves des États Unis

Par Charlotte Cuthbertson
14 août 2022 18:52 Mis à jour: 14 août 2022 19:54

GOLIAD, Texas – Cela fait longtemps que les responsables fédéraux de l’immigration préviennent que chaque immigré clandestin traversant la frontière sud des États‑Unis doit payer le cartel mexicain qui contrôle cette zone de la frontière, appelée « plaza ».

Les frais varient en fonction de la nationalité du passeur et du type de « service » demandé. C’est moins cher pour ceux qui veulent passer la frontière et se rendre ensuite à la patrouille frontalière, mais c’est plus cher pour les ressortissants étrangers qui voyagent depuis des pays plus lointains comme la Chine, l’Afrique ou le Moyen‑Orient.

Pour les personnes qui veulent éviter les patrouilles frontalières et se rendre clandestinement dans leur ville de destination aux États‑Unis, les frais sont plus élevés et la logistique, plus complexe.

Un récent acte d’accusation prononcé par le département de la Justice à l’encontre de quatre passeurs guatémaltèques a révélé que l’organisation faisait payer entre 10.000 et 12.000 dollars aux personnes pour être amenées illégalement du Guatemala aux États‑Unis. Plusieurs étrangers clandestins chinois ont précédemment déclaré à Epoch Times qu’ils avaient payé 15.000 dollars pour entrer aux États‑Unis.

Ces étrangers, qui échappent aux patrouilles frontalières, sont enregistrés comme des « fugitifs » si les agents ou les caméras détectent leur présence.

Depuis le début de l’année fiscale, les agents de la patrouille frontalière ont enregistré plus de 800.000 cas de ce type, selon l’ancien directeur de la police de l’immigration et des douanes, Tom Homan, et plusieurs sources de la protection des douanes et des frontières.

Les fugitifs finissent souvent par être redevables au cartel et passent des années à rembourser leur dette – peu importe ce qui leur a été promis au départ, explique le shérif du comté de Goliad, Roy Boyd.

« J’ai en fait une lettre provenant d’une maison d’esclaves sexuels située à Rockport [Texas], issue d’un mandat de perquisition que j’ai exécuté il y a quelques années, qui l’explique clairement », a déclaré le shérif Boyd à Epoch Times le 23 juin.

« Il faut 8 à 13 ans pour racheter sa liberté une fois arrivé aux États‑Unis. »

Selon M. Boyd, Houston est la première grande destination pour de nombreux étrangers en situation irrégulière une fois la frontière passée au Texas.

« Une fois qu’ils arrivent à Houston, où ils pensent qu’ils vont retrouver leur famille, il n’en est rien. »

« En réalité, ce qui se passe, c’est qu’une fois qu’ils arrivent à Houston, on leur annonce qu’ils doivent 5.000 ou 10.000 dollars de plus, selon l’endroit d’où ils viennent et la quantité d’argent investie en eux. Ils doivent travailler pour rembourser cette dette. »

Le remboursement de la dette peut se faire de diverses manières : hôtellerie, aménagement paysager, travail en usine, prostitution forcée et trafic de drogue, explique‑t‑il.

Le shérif raconte comment son bureau a attrapé une femme qui faisait passer trois femmes clandestinement dans sa voiture l’année dernière.

« Nous les avons amenées ici en prison. Nous avons découvert que ces trois femmes, qui pensaient être ramenées ici et réunies avec leur famille, allaient en fait être conduites à Chinatown, à Houston, pour y devenir des esclaves sexuelles. »

« La passeuse avait les fausses cartes de sécurité sociale dans ses sous‑vêtements. »

Le shérif du comté de Goliad, Roy Boyd, dans son bureau à Goliad, Texas, le 23 novembre 2021. (Charlotte Cuthbertson/Epoch Times)

Dans une affaire plus récente, une femme du nord du Texas, Manuela Magdalena Jimon Castro, 30 ans, a été accusée le 4 août d’héberger des étrangers.

Mme Castro et un membre de sa famille ont collaboré avec un réseau de passeurs pour retenir des étrangers en situation irrégulière en otage à leur domicile et les menacer de les priver de nourriture et d’eau jusqu’à ce qu’ils paient 11.000 à 12.000 dollars ou « remboursent » leur dette, selon le département de la Justice (DOJ).

« L’enquête a débuté lorsque les forces de l’ordre californiennes ont reçu un tuyau d’une femme qui affirmait que sa sœur était retenue contre rançon au Texas », a indiqué le DOJ dans un communiqué de presse.

« La femme a raconté que sa sœur avait voyagé du Guatemala au Mexique avec l’intention de demander l’asile aux États‑Unis, puis avait traversé la frontière sur ordre d’un cartel mexicain qui la retenait captive. Elle a affirmé que sa sœur lui avait envoyé une épingle indiquant un lieu à Friona [Texas] avant de s’échapper. »

Les agents des forces de l’ordre ont trouvé 17 immigrants illégaux, dont deux enfants mineurs, dans la maison des Castro.

Si elle est reconnue coupable, Mme Castro risque jusqu’à cinq ans de prison.

L’esclavage n’est pas réservé à la population d’immigrants illégaux en fuite, les détenteurs de visas et les demandeurs d’asile sont également leurrés.

En 2014, lors d’un afflux sans précédent de mineurs non accompagnés qui traversaient la frontière, le Bureau de réinstallation des réfugiés a placé huit enfants entre les mains de trafiquants, selon un rapport de la sous‑commission permanente d’enquête du Sénat, publié en 2018.

« Les trafiquants ont mis les enfants au travail forcé dans une ferme de production d’œufs à Marion, dans l’Ohio », indique le rapport. « Les enfants travaillaient sans être payés, 12 heures par jour, six à sept jours par semaine, et vivaient dans des conditions déplorables. Les trafiquants les menaçaient, ainsi que leurs familles, de violences s’ils ne se pliaient pas à leurs exigences. »

Les trafiquants ont attiré les enfants aux États‑Unis pendant une période de quatre mois, en leur promettant une éducation et une vie meilleure, selon le rapport.

« Il y a beaucoup plus d’esclaves que les gens ne le pensent. Cela se passe sous nos yeux, mais nous ne le voyons pas, parce que cela ne ressemble pas à ce qu’on nous raconte sur History Channel à propos de l’esclavage », affirme le shérif.

« Et l’esclavage se perpétue, se poursuit, et se développe à un rythme soutenu. C’est ce que nous voyons. »

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