Les opérations du PCC au Canada vont au-delà de la mise en place de postes de police à l’étranger, selon des députés

Par Andrew Chen
10 décembre 2023 08:44 Mis à jour: 10 décembre 2023 08:44

Les opérations cachées du régime chinois au Canada vont au-delà des postes de police secrets, rapportent des députés dans un récent rapport d’enquête.

Le rapport, intitulé «Postes de services de police du Parti communiste chinois à l’étranger», rassemble les témoignages des personnes ayant comparu devant le Comité spécial sur la relation entre le Canada et la République populaire de Chine (CACN). Publié le 29 novembre, le rapport examine les allégations selon lesquelles le Parti communiste chinois (PCC) a installé plus de 100 postes de police secrets dans le monde, dont au moins sept seraient situés dans les villes canadiennes de Toronto, Vancouver et Montréal.

L’enquête du CACN s’est concentrée sur des rapports publiés par l’ONG Safeguard Defenders, basée en Espagne, en septembre et décembre 2022. Ces rapports traitent de la répression transnationale et du maintien de l’ordre par les forces de police de Pékin. Le régime communiste a publiquement revendiqué le succès du «retour volontaire»  d’environ 230.000 Chinois de la diaspora grâce à son réseau de police à l’étranger entre avril 2021 et juillet 2022.

Des témoins s’inquiètent de cette campagne de Pékin dite de «retour volontaire» car ses méthodes impliquent le harcèlement et l’intimidation des personnes visées et de leurs familles restées en Chine.

Le rapport met également en lumière le témoignage de Laura Harth, directrice de campagne chez Safeguard Defenders, qui a révélé l’existence de trois incidents de retour forcé en Chine, qui auraient eu lieu en dehors des activités associées aux présumés postes de police chinois au Canada.

«Je peux vous dire que des preuves anecdotiques, encore une fois de source ouverte, indiquent qu’au moins trois opérations de persuasion au retour ont eu lieu sur le sol canadien », a-t-elle déclaré au CACN le 20 mars. « Il est probable qu’il y en ait beaucoup plus, mais ce sont les chiffres que nous pouvons obtenir à partir des preuves.»

Coercition

Ces trois incidents s’ajoutent au retour forcé de trois personnes au Canada vers la Chine, documenté dans le rapport de Safeguard Defenders intitulé «Retours non-voulus: les opérations secrètes chinoises pour forcer les ‘fugitifs’ à l’étranger à rentrer au pays», publié en janvier 2022.

Se référant à un rapport publié en 2019 par Epoch Times en version chinoise, le document cite le cas de Weidong Xie, un ancien juge de la Cour suprême de Chine ayant publiquement critiqué le système de justice pénale chinois, et qui s’est installé au Canada en 2014. Les autorités chinoises l’ont accusé de corruption puis auraient tenté de le persuader de rentrer volontairement au pays. Lorsqu’il a refusé, sa sœur et, plus tard, son fils résidant tous deux en Chine, ont été arrêtés. Les autorités ont également contacté son ex-femme, ainsi qu’un ancien partenaire commercial de longue date, et d’autres personnes, y compris l’avocat représentant sa sœur, dans le but de le convaincre de rentrer.

«Ayant été juge en Chine, Weiding Xie savait très bien ce qui l’attendait s’il rentrait et il a continué à refuser malgré les représailles exercées contre les membres de sa famille et d’autres personnes. La Chine a même envoyé un avocat au Canada pour le persuader en personne, mais en vain», a déclaré Safeguard Defenders.

Gloria Fung, présidente de Canada-Hong Kong Link, cite un autre exemple de diaspora chinoise surveillée par des agents du PCC pour avoir critiqué le régime.

«Les membres de sa famille ont reçu des photos de ses proches, ainsi que des photos le montrant en train de dîner avec sa famille à Toronto. Il était totalement choqué, car il pensait maintenant vivre dans une société sûre et libre. Il ne savait pas que même au Canada, il était toujours sous surveillance», a déclaré Mme Fung dans son témoignage au CACN.

«A la fin, parce qu’il refusait de s’autocensurer, son frère a été licencié. Puis les parents de sa femme ont été mis en prison. Cela montre la gravité de ce type de coercition ainsi que des menaces, de l’intimidation et du harcèlement dont sont victimes les gens en dehors de Chine.»

Xie Weidong, ancien juge de la Cour suprême de Chine qui vit aujourd’hui à Toronto, sur une photo d’archives. (Epoch Times)

Tout endroit qui cause des interférences

L’ancienne commissaire de la GRC, Brenda Lucki, a déclaré au CACN que les fameux postes de police chinois, également appelés centres de services de police, ne sont pas ce qu’on appelle habituellement « postes de police ».

«Dans les médias, on les appelle ainsi mais il s’agit surtout de tout bureau qui provoque des interférences, des intimidations ou des harcèlements sous quelque forme que ce soit» , a-t-elle déclaré le 6 février. «Ce n’est pas un poste de police tel que nous le définissons. Dans certains cas, il peut s’agir d’une simple pièce située derrière un magasin de détail.»

Les autorités chinoises, y compris les ambassades de Chine au Canada et en Irlande, ont démenti ces accusations, affirmant que ces bureaux ne font que fournir des services aux ressortissants chinois vivant à l’étranger, par exemple en les aidant à renouveler leur permis de conduire. Toutefois, le rapport cite des témoignages qui indique que ces postes ont été impliqués dans la surveillance des communautés de la diaspora, la collecte de renseignements civils et le harcèlement et l’intimidation des critiques du régime de Pékin.

«Bien que le Parti communiste chinois présente les postes de police à l’étranger comme étant de simples installations fournissant des services administratifs et consulaires, les témoins soulignent qu’ils surveillent également la diaspora, recueillent des renseignements civils, harcelent et intimident les personnes qui critiquent les politiques de la Chine et aidant les autorités chinoises à mener des opérations de retour forcé », indique le rapport de la CACN du 29 novembre.

Plusieurs témoins précisent que les personnes et les associations qui exploitent ces stations ont des liens directs avec le département du travail du Front uni, le principal outil d’ingérence du PCC à l’étranger, selon une étude réalisée en 2020 par l’Australian Strategic Policy Institute, intitulée «The Party Speaks for You» (Le parti parle pour vous).

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