Les pires geôliers : la Chine est en tête du plus grand nombre de journalistes détenus

Par Jocelyn Neo
12 avril 2020 15:21 Mis à jour: 12 avril 2020 15:21

Au début de l’année, lorsque l’épidémie du virus du PCC était à son apogée en Chine, plusieurs journalistes citoyens chinois ont été arrêtés pour avoir révélé la véritable situation de la pandémie dans l’épicentre à Wuhan.

Cependant, de telles informations ne surprendront pas ceux qui ont suivi les nouvelles. En fait, avant même que le virus du PCC* (Parti communiste chinois), communément appelé le nouveau coronavirus, ne fasse des ravages à l’échelle mondiale, la Chine s’attaquait aux journalistes qui ne pratiquaient pas l’autocensure lors de leurs reportages.

En 2019, le régime communiste chinois a été le principal geôlier de journalistes en Asie, suivi par le Vietnam, également un pays communiste. La Chine a arrêté 48 journalistes, le Vietnam en a emprisonné 12, selon le rapport annuel du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York. Le même rapport note qu’au moins 250 journalistes sont emprisonnés dans le monde.

Un policier fait un geste devant l’une des routes bloquées par les autorités pour empêcher les gens de quitter Wuhan, dans la province centrale du Hubei en Chine, le 25 janvier 2020, lors de l’épidémie du virus mortel qui a débuté dans la ville. (©Getty Images | Hector RETAMAL / AFP)

Arrêter et emprisonner les journalistes

Depuis des années, le régime communiste est connu pour limiter la liberté d’expression. La Chine a été classée 177e sur 180 pays dans le cadre de l’enquête sur la liberté de la presse en 2019 conduite par Reporters sans frontières.

Sophia Huang Xueqin, une journaliste indépendante qui a travaillé pour plusieurs médias chinois et militante du mouvement #MeToo, a été arrêtée en octobre 2019. Elle avait écrit sur son blog au sujet de son expérience lors des manifestations de Hong Kong. La journaliste de 32 ans a été accusée de « se quereller et de provoquer des troubles », une accusation courante utilisée contre ceux que le régime considère comme une menace, selon le rapport du CPJ.

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« Pékin craint que les manifestations de Hong Kong n’inspirent un défi au régime en place, toute expression d’idées de liberté et de démocratie est une menace pour sa mainmise sur le pouvoir », a déclaré Wang Yaqiu, chercheur à la Human Rights Watch et ami de Sophia Huang, dans une déclaration rapportée par CNN.

Sophia Huang, qui avait l’intention de commencer des études de droit à l’Université de Hong Kong, a été libérée en janvier 2020, selon les médias. Cependant, la police a continué à garder son passeport, son téléphone portable et son ordinateur.

Un manifestant marche avec une pancarte lors d’un rassemblement contre une proposition de loi d’extradition controversée à Hong Kong le 9 juin 2019. (©Getty Images | PHILIP FONG/AFP)

Alors que le régime communiste a commencé à développer les camps de rééducation dans la province du Xinjiang, où un grand nombre de Ouïghours et autres musulmans ont été détenus, certains journalistes ont également été emprisonnés pour le travail journalistique qu’ils avaient effectué il y a des années, selon le rapport du CPJ.

« Sur les quatre affiliés à la maison d’édition publique Kashgar, qui publie des livres et des périodiques sur des sujets tels que la politique et les développements juridiques et démographiques, deux éditeurs avaient pris leur retraite au moins une décennie plus tôt », a déclaré le CPJ.

La police anti-émeute chinoise regarde une femme musulmane d’origine ouïghoure protester à Urumqi, dans la province du Xinjiang, à l’extrême ouest de la Chine. (©Getty Images | PETER PARKS)

Le régime a également arrêté des journalistes dans le passé pour avoir travaillé pour l’édition chinoise du journal Epoch Times. Dix journalistes ont ainsi été arrêtés le 16 décembre 2000 dans la ville de Zhuhai, dans la province de Guangdong, et certains ont été condamnés à dix ans de prison.

Epoch Times a rapporté que l’un d’entre eux, Huang Kui, a peut-être été condamné à cinq ans de prison pour avoir couvert des informations internationales, tandis que d’autres se sont concentrés sur les affaires chinoises, et en particulier sur la persécution par le régime communiste du groupe spirituel Falun Gong. Huang Kui s’est depuis échappé de Chine et vit maintenant aux États-Unis.

Le Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa, est une ancienne discipline spirituelle corps-esprit basée sur les principes de Vérité, Compassion, Tolérance. La pratique a été interdite en juillet 1999 par le régime chinois lorsque le nombre de pratiquants a atteint 70 millions, dépassant le nombre de membres du PCC, seulement 5 ans après son introduction en Chine.

Pratique de groupe des pratiquants de Falun Dafa à Guangzhou, en Chine, avant le 20 juillet 1999. (©The Epoch Times)

Selon un rapport du CPJ de 2014, deux autres journalistes indépendants qui ont collaboré avec le journal Epoch Times ont également été arrêtés et condamnés.

Yang Tongyan, connu sous son nom de plume Yang Tianshui, a été condamné à 12 ans de prison en 2006 pour « subversion de l’autorité de l’Etat ». Il avait travaillé pour le journal Epoch Times et Boxun News.

Un autre journaliste, Qi Chonghuai, a été condamné à quatre ans en 2008 pour « fraude et extorsion ». Qi Chonghuai et son collègue, Ma Shiping, avaient critiqué un fonctionnaire local de la province du Shandong dans un article publié dans le journal Epoch Times.

Renforcer les contrôles

En plus d’emprisonner les journalistes qui ont ouvertement critiqué le régime autoritaire, le PCC a également publié un nouveau code d’éthique pour les reporters qui définit les règles à suivre. Le code a été mis à jour pour la dernière fois en 2009.

Le nouveau code stipule que les journalistes doivent « servir le peuple de tout cœur » et être loyaux envers « le Parti, la mère patrie et le peuple », a rapporté CNN.

Selon le média, le code exige également des journalistes qu’ils aient « un état d’esprit correct lorsqu’ils couvrent des questions relatives aux affaires intérieures », qu’ils « montrent une bonne image » pour les informations destinées au monde entier et qu’ils « construisent activement un pont entre la Chine et le monde extérieur ».

Le code, qui est divisé en sept sections, demande également aux journalistes « de présenter le chemin parcouru par la Chine, sa théorie, son système et sa culture de façon vivante lorsqu’ils doivent relater des événements concernant le pays, le Parti communiste chinois, le socialisme avec ses spécificités chinoises et le peuple chinois, pour permettre au monde de mieux comprendre la Chine », et notamment de « guider l’opinion publique sur Internet » grâce aux nouvelles technologies.

*Epoch Times qualifie le nouveau coronavirus, à l’origine de la maladie COVID-19, de « virus du PCC » parce que la dissimulation et la gestion déplorable du Parti communiste chinois ont permis au virus de se propager dans toute la Chine avant d’être transmis dans le monde entier.

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