Les plans de la Chine à Davos d’attirer les investisseurs étrangers ont échoué, selon des experts

Pékin a envoyé une importante délégation dirigée par le premier ministre Li Qing au Forum économique mondial afin d'attirer les investisseurs étrangers dans le contexte du déclin de l'économie chinoise

Par Alex Wu
24 janvier 2024 16:00 Mis à jour: 24 janvier 2024 16:00

Les chefs du Parti communiste chinois (PCC), qui règne sur la Chine, ont envoyé une importante délégation au Forum économique mondial (FEM) de cette année pour tenter d’attirer les investissements étrangers afin de sauver l’économie chinoise en plein marasme.

Toutefois, l’État-parti n’a pas réussi à persuader les délégués que son économie était un lieu d’investissement fiable en raison des différences structurelles fondamentales entre les économies centralisées et les systèmes libéraux de libre marché, comme l’ont souligné les experts.

La délégation envoyée par Pékin à la réunion annuelle de Davos, en Suisse, qui s’est tenue du 15 au 19 janvier, était exceptionnellement nombreuse cette fois-ci. Elle comprenait 140 membres, dirigés par le Premier ministre Li Qiang, dont 10  ministres, les principaux responsables économiques et financiers ainsi que des experts et des entrepreneurs chinois.

Actuellement, l’économie chinoise continue de décliner et est confrontée à de multiples crises structurelles, telles que celle de la dette publique, de l’éclatement de la bulle immobilière et d’un taux de chômage élevé.

La politique extrêmement restrictive du « zéro Covid » effectuée en Chine et les strictes mesures de contrôle lors des trois premières années de la pandémie du Covid-19, ainsi que la mise en œuvre d’une loi anti-espionnage, ont fait fuir un grand nombre d’investisseurs et d’hommes d’affaires étrangers. Le troisième trimestre de l’année dernière a vu la première sortie nette trimestrielle d’investissements étrangers, une tendance qui devrait se poursuivre.

Cependant, Li Qiang a continué à promouvoir à Davos la Chine comme une destination sûre pour les investisseurs.

Dans un discours soigneusement préparé, il a présenté cinq suggestions vagues, espérant « rétablir la confiance avec l’Occident et renforcer la coopération économique entre la Chine et l’Occident ». Il s’agissait de la coordination macroéconomique, du maintien et du respect des chaînes d’approvisionnement centrées sur la Chine, du renforcement de la coopération technique internationale et de la coopération dans le domaine des « objectifs verts ».

Le Premier ministre chinois a également déclaré que la Chine honorait ses promesses. Lorsque le régime chinois a rejoint l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001, il a promis de mener à bien des réformes orientées vers le marché dans un délai de 15 ans et de s’ouvrir aux pays développés de manière réciproque. Cependant, après l’ouverture à sens unique de l’Occident à la Chine, au lieu d’ouvrir son marché, le régime profite de son marché toujours fermé et utilise des subventions pour développer les entreprises d’État.

L’Occident est sceptique

L’Occident est en train de retirer ses chaînes d’approvisionnement de la Chine en investissant davantage dans des pays démocratiques ou amicaux tels que l’Inde, le Vietnam et le Mexique. Pourtant, le PCC espère toujours le retour des capitaux étrangers.

Le 16 janvier, Li Qiang a rencontré Jamie Dimon, le PDG de la banque JPMorgan Chase, et d’autres chefs d’entreprise au sujet de l’ouverture de la Chine aux sociétés de services financiers occidentales. Toutefois, le 17 janvier, M. Dimon a confié aux médias américains que les investisseurs entrant en Chine – la deuxième économie mondiale – devraient être « un peu inquiets », car « le rapport risque/récompense a changé de façon spectaculaire ».

Le bureau de la banque JPMorgan Chase à Pékin, le 11 octobre 2007 (STR/AFP via Getty Images)

L’Occident a annoncé à plusieurs reprises qu’il souhaitait établir des relations économiques étroites avec des pays démocratiques et libres partageant les mêmes valeurs et « réduire les risques » face à des adversaires totalitaires tels que la Chine. Le soutien de l’État-parti chinois à la Russie et au Hamas n’a pas changé non plus, bien qu’il fasse pression sur la communauté internationale pour qu’elle l’intègre encore plus largement dans l’économie mondiale.

Cette fois-ci, le discours de Li Qiang à Davos n’a porté que sur l’économie et n’a abordé aucun sujet géopolitique. Des responsables ukrainiens ont confié que leur président Volodymyr Zelensky était disposé à rencontrer des représentants du PCC en Suisse, mais Li Qiang n’a pas pris l’initiative de s’entretenir avec M. Zelensky. Le monde extérieur y voit le dernier signe que le régime chinois a choisi de continuer à se ranger du côté de la Russie.

Contrairement au Premier ministre chinois, qui n’a abordé que des questions économiques, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a mentionné neuf fois le mot « démocratie » et six fois le mot « liberté » dans son discours de 20 minutes à Davos.

« Nos entreprises prospèrent grâce à la liberté – celle d’innover, d’investir et d’être compétitives. Mais la liberté des entreprises repose sur la liberté de nos systèmes politiques », a-t-elle souligné. « C’est pourquoi je pense que renforcer notre démocratie et la protéger des interférences et des risques auxquels elle est confrontée est notre devoir commun et permanent. Plus que jamais, nous devons instaurer la confiance et l’Europe est prête à y jouer un rôle clé. »

Lors du forum de Davos, il y a un an, Mme von der Leyen a proposé pour la première fois le concept de « dé-risquer plutôt que découpler » pour redéfinir la stratégie économique de l’Union européenne à l’égard de la Chine. Ce concept a depuis été adopté par les États-Unis et d’autres pays du G7.

Les dirigeants des pays du G7 (de g. à dr.) : le président américain Joe Biden, le chancelier allemand Olaf Scholz, le Premier ministre britannique Rishi Sunak, le Premier ministre japonais Fumio Kishida, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le président du Conseil européen Charles Michel, le président français Emmanuel Macron, la Première ministre italienne Giorgia Meloni et le Premier ministre canadien Justin Trudeau participent à un déjeuner de travail dans le cadre du sommet des dirigeants du G7 à Hiroshima, au Japon, le 19 mai 2023. (Ludovic Marin/AFP via Getty Images)

À Davos, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a réitéré le soutien des États-Unis à la démocratie taïwanaise.

« Nous avons félicité le président élu, mais aussi le peuple taïwanais pour sa démocratie robuste et l’immense exemple qu’il donne non seulement à la région, mais aussi au monde entier », a-t-il déclaré.

Il a également critiqué les tentatives du régime de Pékin « d’exercer des pressions sur Taïwan – pression économique, pression militaire, pression diplomatique, isolement – qui n’ont fait que renforcer un grand nombre de personnes que Pékin ne veut pas renforcer ».

Li Qiang n’a pas répondu aux remarques d’Ursula von der Leyen ou d’Antony Blinken.

Le PCC poursuit sa stratégie agressive

Song Guo-cheng, chercheur au Centre de recherche sur les relations internationales de l’Université nationale Chengchi de Taïwan, a indiqué à Epoch Times que les discours de Li Qiang à Davos consistaient à envoyer des signaux SOS pour demander de l’aide dans le but de sauver l’économie du régime chinois. Mais, en même temps, le régime n’a pas cessé d’essayer d’installer son système socialiste de gouvernance dans les territoires contestés.

Il a également souligné qu’alors que Li Qiang souhaite éviter les conflits géopolitiques mondiaux, le régime chinois continue d’être impliqué dans les conflits et les a même secrètement déclenchés.

« Le PCC ne reconnaît toujours pas que la Russie a envahi l’Ukraine et a toujours insisté sur la réunification de Taïwan par la force. Il propose également une fausse paix par rapport à la guerre entre Israël et le Hamas », a noté M. Song.

« Le monde occidental peut maintenant voir clairement [ce qu’est le régime chinois]. Li Qiang a essayé de tromper le monde occidental, mais celui-ci ne se laisse plus prendre par les tactiques du PCC. »

Yeh Yaoyuan, titulaire de la chaire d’études internationales à l’université de St. Thomas, a affirmé à Epoch Times que le régime communiste chinois lui-même, à ce stade, est devenu un objectif d’investissement à haut risque.

« Peu importe qu’il s’agisse de contacts unilatéraux, bilatéraux ou multilatéraux, il ne peut pas persuader les investisseurs étrangers à effectuer des investissements à grande échelle en Chine », a-t-il constaté.

« Le régime doit d’abord résoudre le problème de fond. Il doit au moins mettre en place un processus juridique transparent et ouvert, sans parler de la démocratisation. Mais le Parti communiste ne le fait toujours pas et il recule encore plus. »

« Le Parti communiste craint que, si le marché entier chinois devient dynamique, il produira beaucoup d’informations privées qui ne pourront pas être contrôlées. Si vous essayez de les contrôler, ce ne sera pas un marché concurrentiel normal. Le PCC craint que les informations privées ne subvertissent son régime. »

M. Yeh a ajouté que la plupart des économistes prévoient que le taux de croissance économique de la Chine continuera à baisser.

« Il est de 5% environ aujourd’hui [selon les chiffres de Pékin], il peut-être de 4% plus tard, puis de 3% », a-t-il indiqué. « L’ancienne situation d’investissements étrangers à grande échelle et de décollage économique ne devrait pas se reproduire. »

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