Une militante disparaît après avoir protesté contre le régime chinois sur Twitter

Par Alex Wu
6 décembre 2020 00:35 Mis à jour: 17 mars 2021 05:14

Une militante, surnommée « Ink Girl » sur les médias sociaux chinois, a été portée disparue après avoir posté une vidéo sur Twitter le 30 novembre, dans laquelle elle exposait les maltraitances qu’elle a subies à la suite d’une persécution des autorités chinoises parce qu’elle avait critiqué le régime et dégradé une photo du dirigeant chinois Xi Jinping en 2018.

Dong Yaoqiong, originaire de la ville de Zhuzhou, dans la province du Hunan, est un ancien agent immobilier qui a travaillé à Shanghai. Le 4 juillet 2018, Yaoqiong s’est diffusée en direct sur Twitter alors qu’elle éclaboussait d’encre une affiche de propagande à l’effigie de Xi qui se trouvait devant le bâtiment de la Shanghai HNA. Elle a exprimé son opposition à la dictature du Parti communiste chinois (PCC) et a critiqué les autorités pour avoir persécuté son propre peuple par des tactiques de lavage de cerveau et de contrôle mental.

Le même jour, Yaoqiong a été emmenée par la police de Shanghai. Son acte de vandalisme a été considéré par les autorités comme une « attaque contre les dirigeants de l’État », selon un reportage de The Independent. Peu après la disparition de Yaoqiong, elle a été emmenée dans sa ville natale à Zhuzhou, où elle a reçu un traitement psychiatrique à l’hôpital Zhuzhou n° 3 du Hunan (une institution psychiatrique), rapporte Voice of America le 22 juillet 2018.

Le 19 novembre 2019, Yaoqiong a été libérée et envoyée à la résidence de sa mère dans le quartier de Taoshui, au Hunan, où elle a été surveillée par les autorités locales.

En mai de cette année, Yaoqiong a de nouveau été emmenée par les autorités et détenue dans un établissement psychiatrique. Elle a été libérée un mois plus tard. Depuis, sa famille a remarqué qu’elle avait changé.

Son père, Dong Jianbiao, a constaté qu’elle était comme une personne différente. Dans une entrevue accordée au Réseau des droits de l’homme à la fin du mois de septembre, M. Dong a déclaré que sa fille avait été obligée de prendre beaucoup de médicaments à l’hôpital. En conséquence, la jeune femme autrefois vive et joyeuse est devenue réservée, nerveuse et découragée. Il s’est dit inquiet que les autorités puissent revenir chercher sa fille et la placer en détention dans un hôpital psychiatrique, et il a appelé la communauté internationale à prêter attention à son sort.

Le 30 novembre, Yaoqiong a publié sur Twitter une vidéo sur la persécution qu’elle a subie de la part des autorités chinoises. Sa vidéo a rapidement été supprimée, mais a été reprise par des internautes et des militants des droits de l’homme.

Yaoqiong a déclaré : « Je ne suis pas malade mentale, mais je suis au bord de la dépression nerveuse parce que je suis persécutée par eux[le PCC]. […] Après avoir quitté l’hôpital psychiatrique pour la deuxième fois, j’ai été affectée à un travail au sein du département du gouvernement local. Ce soi-disant ‘travail’ était en fait une tactique pour me mettre sous leur surveillance et leur contrôle. »

Elle a révélé que les autorités gardent une trace de ses déplacements et surveillent de près son cercle social.

En outre, Yaoqiong n’est pas autorisée à contacter son père. Elle a appris par l’intermédiaire du militant local Ou Biaofeng que son père a survécu à un accident de chantier à la mine de charbon de Yuanjiangshan à Leiyang, dans le Hunan. Selon les médias chinois, 15 travailleurs se trouvaient sous terre lorsque l’eau a inondé le puits de la mine le 29 novembre. Seuls deux travailleurs (dont le père de Yaoqiong) ont réussi à s’échapper, alors que les 13 autres sont restés coincés.

Sous une telle pression d’être surveillée de près, Yaoqiong a exprimé qu’elle était au bord de la dépression nerveuse.

« J’ai décidé de tweeter maintenant parce que je n’ai plus peur d’eux. […] S’ils me mettent à nouveau dans un hôpital (psychiatrique), pas de problème ; et si je suis coincée là-bas pour le reste de ma vie, alors qu’il en soit ainsi. »

« Alors, je ne veux plus vivre comme ça à présent. Sous cette pression d’être surveillée, je ne peux vraiment plus le supporter. Je suis peut-être sur le point de craquer. Merci à tous de m’avoir prêté attention. Je ne penserai pas aux conséquences de tweeter ce soir. J’en supporterai les conséquences. »

Yaoqiong a demandé : « Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Ai-je enfreint la loi ? Ou est-ce que j’ai vraiment un problème mental ? Avant que je ne fasse des éclaboussures d’encre [en référence à l’incident de 2018], je travaillais dans une entreprise à Shanghai. Vous pouvez demander à mes collègues si j’ai un problème mental. »

En plus de la vidéo, Yaoqiong a également posté trois commentaires sur Twitter le même jour, condamnant Xi Jinping et le vice-président chinois Wang Qishan pour avoir « utilisé le pouvoir de tout le pays » pour étouffer sa liberté. Yaoqiong a souligné qu’elle n’était pas une malade mentale et qu’elle était détenue à l’hôpital contre sa volonté.

À l’heure actuelle, la vidéo et les posts de Yaoqiong ont été supprimés. Au 1er décembre, il n’y a eu aucune activité sur son compte de médias sociaux et il est possible qu’elle ait été enlevée par les autorités, selon un reportage de Radio Free Asia.

L’activiste Xianglin a rediffusé la vidéo de Yaoqiong sur Twitter et a demandé sa libération. « Yaoqiong dit à tout le monde qu’elle a été privée de sa liberté par les autorités communistes chinoises, qu’elle n’est pas malade mentale et qu’elle n’a pas violé la loi. Les autorités du PCC devraient libérer Yaoqiong immédiatement. »

L’activiste pro-démocratie Li Fang a retweeté la vidéo de Yaoqiong et a écrit : « Dong Yaoqiong a dit qu’elle n’a jamais été malade mentale ! Elle a été emprisonnée dans un hôpital psychiatrique pendant plus de deux ans parce qu’elle a éclaboussé d’encre la photo de Xi Jinping, et elle a été obligée de prendre des médicaments tous les jours. Sa punition constitue un crime de détention illégale et maintenant elle est détenue illégalement par des agences gouvernementales. »

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