Notre-Dame de Paris: la pétition contre les vitraux contemporains voulus par Emmanuel Macron atteindra-t-elle son objectif de 150.000 signatures?

Par Sarita Modmesaïb
14 décembre 2023 18:58 Mis à jour: 14 décembre 2023 18:58

Suite à l’annonce faite par Emmanuel Macron de vouloir remplacer des vitraux intacts de Notre-Dame de Paris par des vitraux contemporains, le média La Tribune de l’Art a immédiatement réagi en lançant une pétition demandant l’abandon de ce projet.

« C’est avec mon plein accord que nous allons lancer un concours qui permettra aux artistes contemporains de soumettre, sur la base d’une commande qui va être passée, une œuvre figurative », annonçait ce vendredi 8 décembre Emmanuel Macron lors de sa visite à Notre-Dame de Paris.

Quatre ans après l’incendie qui a ravagé une partie de la cathédrale la plus visitée au monde, entraînant la mise en place d’un immense chantier de restauration, avec des techniques et des matériaux les plus proches possibles de ceux utilisés à l’origine afin de conserver l’authenticité de ce patrimoine, le président de la République annonce vouloir remplacer des vitraux datant de Viollet-Leduc, par des œuvres contemporaines.

Afin d’atteindre cet objectif de porter « la marque du XXIe siècle » dans la cathédrale, Emmanuel Macron a aussi annoncé le lancement d’un concours permettant aux artistes contemporains de réaliser cette « œuvre figurative ».

« Une véritable création que l’architecte a voulu fidèle à l’origine gothique de la cathédrale »

Pourtant, les vitraux concernés, situés dans six chapelles du bas-côté sud, ont été épargnés par les flammes de l’incendie et ont même été nettoyés et restaurés depuis.

Face à ce que beaucoup qualifient d’incohérence, nombre de défenseurs de l’Art et du patrimoine s’élèvent contre cette décision. Une pétition en ligne a ainsi été lancée par La Tribune de l’Art, réclamant l’abandon pur et simple de ce projet.

Outre le fait que ces vitraux datant du XIXe siècle soient demeurés intacts dans l’incendie, Didier Rykner, directeur et fondateur du média, revient dans sa pétition sur cet « ensemble cohérent » créé par Viollet-Leduc : « Il s’agit d’une véritable création que l’architecte a voulu fidèle à l’origine gothique de la cathédrale. Aux vitraux historiés du déambulatoire, du chœur et du transept s’ajoutent, dans les chapelles de la nef, des verrières purement décoratives en grisaille. Il y a ici une recherche d’unité architecturale et de hiérarchisation de l’espace qui fait partie intégrante de son œuvre et que les travaux avaient notamment pour but de retrouver. »

Un projet déjà abandonné en 2020

Lors de son allocution de vendredi 8 décembre, le président de la République a précisé que les experts de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA), « avaient été consultés ». Ceux-ci, pourtant, ne se souviennent pourtant pas l’avoir été, ni d’avoir donné le moindre accord, rapporte Le Figaro.

En revanche, il est vrai que dès 2020, ils s’étaient déjà élevés contre un projet de réaménagement de l’intérieur de la cathédrale, laissant dire à Roseline Bachelot, ministre de la Culture à l’époque, que « les vitraux sont partie intégrante du monument, et une telle décision appartient à l’État. En tout état de cause, les grisailles sont classées monuments historiques, et il paraît donc exclu qu’on les remplace ».

« Une volonté commune »

Le président laisse aussi entendre que l’idée vient de Mgr Laurent Ulrich, l’archevêque de Paris, qui aurait, dans une lettre adressée à la présidence, indiqué son souhait de remplacer ces vitraux par du contemporain.

Dans une interview accordée à Epoch Times, Didier Rykner apporte des précisions quant à cette déclaration, rappelant que « l’archevêque de Paris et le clergé voulaient depuis très longtemps faire des vitraux contemporains », mais que, c’est le président lui-même, qui « a demandé à l’archevêque de lui envoyer une lettre, pour pouvoir dire que c’est l’archevêque qui le demandait… alors, qu’en fait c’est une volonté commune ! »

« C’est sous ma présidence qu’on a restauré la cathédrale »

« Le président de la République veut marquer de sa patte la restauration de la cathédrale, il veut marquer en disant « c’est sous ma présidence qu’on a restauré la cathédrale ». Il ne faut pas oublier surtout que c’est sous sa présidence que la cathédrale a brûlé, elle a brûlé en raison d’un nombre énorme de négligences de l’État, qui n’est que l’aboutissement de toutes les négligences précédentes. Quand la cathédrale a brûlé, les pompiers sont intervenus 45 minutes après et pas avec le matériel qu’il fallait, et c’est bien la faute de l’État qui n’a pas surveillé suffisamment la cathédrale. Donc, je serais modeste à sa place ! », poursuit M. Rykner.

Dans la pétition qui atteignait déjà 75.000 signatures ce jeudi matin, M. Rykner n’est pas sans rappeler que « la renaissance de la cathédrale a été rendue possible par une vaste mobilisation nationale et internationale, grâce aux contributions de milliers de donateurs qui souhaitaient la restaurer dans son état historique ».

« Croit-on vraiment que ceux-ci accepteront que sa restauration soit altérée par la volonté d’Emmanuel Macron d’y laisser son empreinte ? »

La tour nord, une alternative à l’installation de nouveaux vitraux ?

Dans son annonce, le président souhaite également que les vitraux originels de Viollet-Leduc soient retirés puis exposés dans un futur musée dédié à l’histoire de la cathédrale. Là encore, une exposition hors de l’enceinte de la cathédrale est considérée comme « absurde, car ces verrières n’ont d’intérêt qu’in situ, en tant qu’élément à part entière de l’architecture », déplore Didier Rykner dans sa pétition.

Parallèlement, le directeur de La Tribune de l’Art expose son point de vue quant à l’installation de nouveaux vitraux contemporains au sein de la cathédrale, estimant qu’ils auraient leur place, par exemple, dans « la tour nord ».

« Celle-ci possède en effet, comme on peut le voir sur certaines vidéos, des baies sans vitraux, uniquement fermées par des verrières blanches, explique-t-il sur son média. Y installer ces vitraux ne nuirait donc pas à l’harmonie voulue par Viollet-le-Duc et constituerait un enrichissement de la cathédrale, par ailleurs accessible aux visiteurs qui pourront à nouveau accéder à ce lieu exploité en temps normal par le Centre des Monuments Nationaux. »

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