Pékin est remarquablement efficace pour exploiter les résultats des moteurs de recherche, selon un rapport

Par Kelly Song
2 juin 2022 19:44 Mis à jour: 3 juin 2022 08:24

Les think tanks Brookings Institution et Alliance for Securing Democracy, basés à Washington, ont publié en mai un rapport de 47 pages sur l’efficacité de Pékin à orienter les opinions publiques en exploitant les résultats des moteurs de recherche.

Les chercheurs ont collecté des résultats de recherche sur deux sujets essentiels pour l’agenda de Pékin : le Xinjiang et la pandémie du Covid‑19. Ils l’ont fait à partir de cinq moteurs de recherche différents : Google Search, Google News, Bing Search de Microsoft, Bing News et YouTube. Les données ont été collectées quotidiennement du 1er novembre 2021 au 28 février 2022.

Pékin a de nombreux accords d’hébergement et de droit de diffusion avec les médias internationaux. Cependant, ce rapport intitulé « Winning the Web » a découvert que Pékin a d’autres ressources très efficaces pour élargir son influence.

Le contenu des médias d’État chinois imposé avant l’actualité

Selon le rapport, les médias d’État chinois peuvent produire du contenu sur des sujets stratégiques au‑delà des contraintes liées à l’actualité.

Il existe un flux constant de récits soutenus par l’État qui sont diffusés sur le Web. La plupart du temps, ils ne sont pas soumis à des barrières de paiement ou à des abonnements, ce qui les rend facilement accessibles. Cette poussée continue de récits soutenus par Pékin tire également parti des algorithmes de la plupart des moteurs de recherche qui privilégient la « fraîcheur ».

Le contenu des médias d’État est amplifié par une énorme armée d’acteurs étatiques sur les médias sociaux. Selon le tableau de bord de l’Alliance for Securing Democracy, qui suit les médias et les responsables gouvernementaux chinois, russes et iraniens affiliés à l’État sur les médias sociaux, #covid19 et #Xinjiang étaient les deux hashtags les plus fréquemment utilisés sur Twitter par tous les comptes officiels chinois, y compris ceux des diplomates et des responsables gouvernementaux chinois en 2021.

Les récits de Pékin apparaissent régulièrement sur la première page des résultats de recherche

Le contenu des médias d’État chinois apparaît régulièrement dans les premières pages des résultats de recherche pour les termes neutres et agressifs liés au Xinjiang. Les chercheurs ont constaté qu’en recherchant des mots‑clés de type « terrorisme au Xinjiang » ou « Xinjiang dévoilé » les contenus des médias d’État chinois apparaissait tous les jours parmi les premiers résultats de recherche sur les moteurs de recherche susmentionnés. Seul Youtube a manqué à ces obligations, semble‑t‑il, puisque sur 120 jours, il y a eu 2 jours ou les contenus chinois sont apparus plus loin dans les résultats de recherche.

Si on entre des termes tels que « Kashgar », « Urumqi », qui sont plus neutres, sans donner plus de précisions, les chercheurs ont constaté que le contenu des médias d’État chinois apparaît encore une fois presque tous les jours dans les premiers résultats proposés par les moteurs de recherches ou sur YouTube. (Kashgar et Urumqi sont des villes du Xinjiang.)

Quels que soient les termes de recherche utilisés, les utilisateurs sont toujours susceptibles de rencontrer du contenu venant des médias d’État chinois, indique le rapport.

Des influenceurs affiliés à l’État pour augmenter la portée de Pékin

Pékin utilise aussi des influenceurs, sur YouTube notamment, pour contrer les reportages critiques d’autres organes d’information. Selon le rapport, ces influenceurs présentent des caractéristiques similaires. Ils sont occidentaux mais ont vécu en Chine. Ils prétendent être des « experts de la Chine » indépendants. Leurs liens avec Pékin sont souvent voilés.

Le vlogueur britannique Jason Lightfoot s’exprime sur sa chaîne YouTube, vu sur un écran d’ordinateur à Pékin, le 2 septembre 2021. Avec leurs vidéos « démystifiant » les allégations de violations des droits de l’homme et leurs diatribes sur les « conspirations » occidentales contre la Chine, un ensemble invraisemblable d’étrangers défendent bruyamment Pékin contre ses critiques internationales. (Jade Gao/AFP via Getty Images)

Une recherche menée en 2021 par l’Australian Strategic Policy Institute (ASPI) a révélé que le contenu des influenceurs s’appuyait sur deux approches pour contester la couverture établie du Xinjiang. Ils mettent en avant les coutumes et la culture locales pour promouvoir une image positive et dynamique de la vie dans la région. Ils dénoncent les « injustices et les préjugés occidentaux » pour contrer les allégations de travail forcé et de centres de détention.

Ces résultats corroborent l’ensemble des données recueillies par Brookings et Alliance for Securing Democracy.

Repris par d’autres médias Pékin renforce sa présence

Le rapport a également révélé qu’un nombre étonnamment élevé de médias apparemment indépendants rediffusent régulièrement des reportages du PCC. Ce type de rediffusion augmenterait de près de 10% le nombre total de médias du PCC dans les résultats de recherche.

Les dix premières sources qui reprennent le contenu de Pékin sont helsinkitimes.fi en Finlande, bignewsnetwork.com aux Émirats arabes unis, msn.com aux États‑Unis, dailytimes.com.pk et bolnews.com au Pakistan, alwihdainfo.com au Tchad, indianexpress.com en Inde, ukranews.com en Ukraine, tbsnews.net au Bangladesh et iol.co.za en Zambie.

Capture d’écran du rapport Brookings montrant quatre médias internationaux partageant le même contenu d’État chinois. (Epoch Times)

Le rapport montre les captures d’écran de quatre médias publiant la même histoire sur le Xinjiang avec exactement le même titre « Le Xinjiang prend la parole : une famille Ouïghoure, quatre générations de croissance ». Parmi ces quatre médias, l’IOL de Zambie a mis « Sponsored Content » (Contenu sponsorisé) sur la ligne de titre. Le site bignewsnetwork.com des Émirats arabes unis affiche « Xinhua » juste en dessous du titre. Ukranews.com affiche « Xinhua News Agency reported » (« L’agence de presse Xinhua a rapporté ») dans le premier paragraphe. Un autre média africain, ippmedia.com, ne donne aucun indice sur la provenance de l’article.

Enfin, le rapport indique que les entreprises technologiques mettent en œuvre des politiques visant à limiter l’influence des médias affiliés à différents États. Au cours des premiers mois de 2022, par exemple, les moteurs de recherche ont adopté des mesures visant à limiter la portée des médias d’État russes.

Mais peu de choses ont été faites concernant les médias d’État chinois.

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