Saint-Malo : les Rochers sculptés, un patrimoine qui s’effrite, voué à disparaître

Par Nathalie Dieul
23 août 2021 20:30 Mis à jour: 23 août 2021 20:30

Depuis 120 ans, les Rochers sculptés par l’abbé Fouré font face à la mer à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Entre l’érosion naturelle et le piétinement des touristes, l’œuvre de granit s’efface petit à petit, inéluctablement. Heureusement, une association s’est fixé comme objectif de valoriser et diffuser le travail de l’artiste autodidacte.

« En 1894, l’abbé Fouré part à la retraite. Et il s’ennuie », explique à Ouest-France Patrick Ceillier, membre de l’association des Amis de l’œuvre de l’abbé Fouré. « Installé à Rothéneuf, il se met en tête de sculpter les falaises qui l’entourent. Jusqu’à sa mort, en 1910, il crée 500 sculptures, la moitié sur granit, l’autre sur bois. »

De cette œuvre du prêtre ermite, ce sont les quelque 300 sculptures sur les rochers qui sont connues du public. C’est à Rothéneuf, une ancienne commune qui fait maintenant partie de la ville de Saint-Malo, que l’abbé Fouré a commencé à faire vivre personnages et bas-reliefs dans ce qui est devenu le célèbre site des Rochers sculptés.

« Il n’y a rien à faire, ça s’use »

L’œuvre de l’abbé Fouré a été classée rétrospectivement dans la catégorie art brut. Bruno Montpied, un spécialiste de cette forme d’art, apprécie la « finesse » du granit modelé, mais reconnaît, en entrevue au Pays malouin, que le site est voué à disparaître.

« Il n’y a rien à faire, ça s’use, c’est du granit », remarque aussi Antoine Janvier, propriétaire du site monumental que l’on peut visiter pour la somme de 2,50 euros par personne.

« Les touristes détériorent les sculptures en marchant dessus, et certaines sont très abîmées par l’érosion… », s’inquiète Patrick Ceillier. Déjà en 2009, un rapport de la direction des Affaires culturelles qualifiait l’état du site d’« alarmant ».

Une demande d’inscription aux Monuments historiques a été faite par le gérant du site des Rochers sculptés en 2019, mais elle a été refusée. « Ils n’ont pas voulu, car cela coûterait beaucoup trop cher pour ne pas pouvoir les maintenir tels quels », explique-t-il.

Une association pour faire connaître l’œuvre de l’abbé Fouré

Même si les Rochers sculptés sont voués à disparaître, une association s’est fixé une mission de mémoire pour valoriser et diffuser l’œuvre de l’abbé Fouré, qui ne se limite pas aux sculptures sur granit. L’ermite a aussi réalisé un certain nombre de sculptures en bois, dont la majeure partie a disparu après-guerre.

Ce travail sur bois de l’artiste est très peu connu. Il est possible de voir quelques-unes de ces 200 sculptures en bois au Centre d’interprétation de l’Ermite de Rothéneuf, un petit musée réalisé par l’association Les amis de l’œuvre de l’abbé Fouré, qui organise aussi des balades de 4 km sur les pas de l’Ermite de Rothéneuf.

Existant depuis 2010, l’association a enfin pu ouvrir cet été le micro-musée dont elle rêvait depuis des années. Sur place, on peut même faire une visite virtuelle du site monumental. L’association entretient également les sculptures, construit des répliques grâce à la technologie 3D et récolte les documents historiques tels que les cartes postales où l’on voit l’abbé Fouré poser devant ses œuvres.

Bref, elle fait tout son possible pour que ce patrimoine en danger ne disparaisse des mémoires même si un jour, dans quelques dizaines d’années, les Rochers sculptés ne seront plus qu’une masse de granit. En attendant, « ils n’ont pas encore disparu », rappelle le spécialiste d’art brut Bruno Montpied.

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