Témoignage d’un combattant volontaire sur une base militaire ukrainienne où une frappe aérienne russe a tué 35 personnes

« C'était terriblement chaotique. Il n'y avait aucune structure de commandement. Certaines personnes couraient dans tous les sens, d'autres criaient. »

Par Ivan Pentchoukov
16 mars 2022 08:09 Mis à jour: 16 mars 2022 11:42

Les missiles russes qui se sont écrasés sur une installation militaire ukrainienne à six kilomètres du village de Koty, le 13 mars sont d’abord apparu sous forme de grands éclairs rouges dans le ciel du matin, jusqu’à ce que la fumée se mêle aux nuages.

Alors que les cloches de l’église du village sonnent à tout‑va, les fenêtres des fermes tremblent, les portes des granges claquent et les habitants terrifiés se précipitent dans leurs caves.

Au centre d’entraînement, le Centre international de maintien de la paix et de la sécurité de Yavoriv, les soldats et les volontaires courent se mettre à l’abri. Tandis que les missiles frappent sans relâche les baraquements où quelque 300 hommes dormaient encore quelques heures auparavant, c’est le chaos.

En tout l’attaque fera 35 morts et 134 blessés, selon le gouverneur de l’administration régionale de Lviv, Maksym Kozytsky.

« Peu après 6 heures du matin, les premiers missiles ont frappé la base. Et puis ce fut le chaos. Tout le monde s’est mis à courir vers la forêt. C’était vraiment chaotique. Il n’y avait plus de structure de commandement. Certains couraient dans tous les sens, d’autres criaient. C’était horrible », témoigne pour Epoch Times un des volontaires étrangers ayant rejoint la base.

À midi, les secours avaient éteint tous les incendies du camp, et les baraquements étaient réduits en cendres fumantes.

Selon le témoin (ayant voulu garder l’anonymat), la base d’entraînement se consacrait tout spécialement à l’accueil des volontaires étrangers.

Les soldats qui ont survécu aux explosions ont reçu l’ordre de se rendre dans la forêt et de s’y retrancher. Plus tard, ils ont eu le choix, soit retourner chez eux, soit rester. L’homme a décidé de retourner dans son pays, choqué par la réalité de la guerre et terrifié.

En tout, non moins de 30 missiles de croisière russes ont ciblé la grande installation. Selon Maksym Kozytsky, certains des missiles ont été interceptés.

Plus tard dans la journée, deux soldats ukrainiens ont examiné en voiture les alentours touchés par la frappe aérienne. Ils ont déclaré à Epoch Times que les hommes qui avaient fui la caserne après l’explosion du premier missile avaient été écrasés par les débris projetés lors des explosions suivantes. Les missiles ciblaient exclusivement les casernes, ont‑ils ajouté, les réduisant à des tas de gravats et de briques.

Le Centre international pour le maintien de la paix et la sécurité, qui a accueilli des exercices de l’OTAN et des responsables occidentaux, dont l’amiral Rob Bauer, président du Comité militaire de l’OTAN, se trouve à 24 km de la frontière entre l’Ukraine et la Pologne.

Depuis le début de la guerre, le Centre était un terrain d’entraînement pour les volontaires étrangers venus se battre pour l’Ukraine, explique le volontaire à Epoch Times. Certains des hommes présents dans le centre ont été emmenés là après avoir franchi la frontière ukrainienne et avoir déclaré qu’ils voulaient s’engager. Ils venaient du Portugal, de France, d’Angleterre, d’Allemagne, d’Autriche, de Pologne, de République Tchèque, de Hongrie et des États‑Unis, poursuit le témoin.

Finalement, son entraînement n’aura pas duré longtemps. Il pense que les Russes ont déterminé l’emplacement de l’installation à partir de photos de la base publiées sur les médias sociaux par les volontaires malgré les interdictions.

« Notre propre ignorance a conduit à notre propre perte », conclut‑il.

Le village de Koty, à 24 km de la Pologne et à 11 km de la base du Centre international de maintien de la paix et de la sécurité de Yavoriv bombardé dabs la nuit du 13 mars 2022. (Charlotte Cuthbertson/Epoch Times)

Selon une commerçante locale encore sous le choc, les femmes qui cuisinaient pour l’installation militaire vivaient à Koty, tout comme certains des hommes qui y servaient.

Ce matin‑là, à l’église locale, les gens ont prié pour la paix et un ciel dégagé, selon un habitant des alentours.

« Il faut que Dieu réveille ceux qui cautionnent cette guerre », a‑t‑il dit.

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