Une maison recréant l’esprit de la forêt

17 février 2015 21:52 Mis à jour: 26 octobre 2015 18:43

«C’est le type de maison qu’on a construit une fois dans notre vie et qu’on ne reconstruira pas», admet Éli en contemplant l’œuvre que lui et sa femme Julie ont construite de A à Z, un chantier qui aura duré sept années avant d’arriver à ce résultat dont la beauté ne laisse personne indifférent. «C’est surtout un projet qu’on a réalisé à deux, sans l’autre ça aurait été impossible de fabriquer tout ça», ajoute-t-il.

L’histoire de Julie et d’Éli commence par un drame. Julie vivait avec son premier mari et leurs deux jeunes enfants, alors qu’Éli était en train de construire sa propre maison à côté. Le mari de la jeune femme décède soudainement, électrocuté à son travail.

La jeune veuve continue à opérer sa garderie à la maison avec l’aide de sa mère qui la remplace certains jours pour qu’elle puisse vivre son deuil difficile. Puis, un an après le décès du premier mari de la jeune femme, Éli et Julie tombent amoureux l’un de l’autre. Peu de temps après, Julie part faire une retraite de deux jours pour réfléchir : «je viens de vivre un deuil, est-ce que je m’embarque tout de suite avec quelqu’un?»

Éli, Julie et leurs deux enfants, Amélie (13 ans) et Zachary (10 ans), devant leur porte de Hobbit. (Nathalie Dieul/Epoch Times)

Toutefois, le nouveau couple avait une passion et un rêve communs  : celui d’être propriétaires d’une terre. Or, c’est en partant pour cette retraite que Julie trouve une petite annonce d’une terre à vendre à Val-David dans les Laurentides, à 10 minutes de l’endroit où elle avait bâti sa maison avec son premier mari. Il n’y avait pas de pancarte sur le terrain, sinon les voisins se seraient sûrement portés acquéreurs. «Quand le destin t’amène à un endroit… j’ai tout de suite dit à Éli « va voir si cet endroit est intéressant ». Quand il est venu, il a trouvé la chute d’eau. Il adore les affaires d’eau et il a dit  : « il faut acheter ça! »»

C’est ainsi que le couple de jeunes amoureux achète cette magnifique et immense terre de 33 acres. À ce moment-là, ils ont encore leurs deux maisons. Celle d’Éli n’est pas terminée  : seulement la carcasse est faite. Julie l’aide à la finir  : «Elle était très belle aussi, mais il y avait beaucoup moins de temps investi, parce qu’il savait qu’il ne l’habiterait même pas. Puisque j’avais ma garderie dans ma maison, c’est sûr qu’on gardait ma maison. Donc, on a loué sa maison, après ça on a vendu sa maison. Moi, je n’ai pas vendu ma maison tout de suite à cause de mon histoire  : c’était un gros détachement.»

Entre temps, Julie suit des cours d’équitation pour l’aider à vivre son deuil et elle tombe en amour avec deux chevaux dont le propriétaire ne s’occupe pas, elle les achète pour presque rien. Ne voulant pas payer de pension, le couple pellette dans la neige un jour de décembre pour construire un abri de fortune pour les chevaux. Ce sont donc les chevaux qui sont les premiers habitants de cette terre, rebaptisée Viricuta qui signifie «Terre Sacrée».

Dès ce premier hiver, Éli se met au travail avec l’aide du cheval  : il coupe le bois et le sort de la forêt, à l’ancienne, en vue de la construction de la maison dont le bois serait le matériau principal. «Les chevaux qu’on a achetés n’avaient jamais eu d’attelage, ils n’avaient jamais travaillé dans la forêt, et moi non plus. L’hiver où je l’ai fait, ça s’est fait super bien. On a acheté un petit moulin à scie pour scier notre bois, pour ne pas l’acheter au magasin. Le moulin à scie s’est payé», raconte celui qui est un artiste avant d’être un constructeur.

Dès l’entrée, tout le monde fait «Wow!» (Nathalie Dieul/Epoch Times)

Le travail de cet hiver permet au couple de se rendre compte que, pour véritablement démarrer ce nouveau projet, il faut se détacher de la maison de Julie, «parce que tu ne peux pas gérer deux ou trois maisons pendant plus d’un an, tu deviens fou».

L’année suivante, les deux amoureux de la forêt coulent les fondations de leur nouvelle maison, puis se marient selon les traditions amérindiennes avec lesquelles ils ont une grande affinité. «On a bien planté nos balises ici et l’aventure a commencé après», s’amuse l’ancienne éducatrice de garderie qui donne maintenant des soins énergétiques.

Le premier bâtiment construit est une petite cabane rustique dans la forêt. Puis, la maison et la belle écurie. Les grandes lignes de la maison sont décidées par le couple qui en dessine les plans avant de les faire approuver par la Ville.

Au bout de six mois, la petite famille peut emménager dans la nouvelle maison qui est loin d’être terminée. «D’habitude, quand on rentre dans une maison, tout est fait, tout est beau, c’est propre, mais moi je n’ai pas vécu ça. J’ai vécu ça avec ma première maison, mais pas avec celle-là. Il faut que tu apprennes à fermer tes yeux et à accepter que, pour être dans la créativité, il faut que tu lâches prise. Par exemple, la toilette qui est là, le premier Noël, il y avait une toilette avec un drap tout autour [au lieu d’un mur]. On se rappelle toutes les étapes. C’est comme ça pour tout, les comptoirs aussi. Tout a été super long», raconte Julie en riant.

La maison d’Éli et de Julie est une création commune qui a évolué au gré de la créativité du couple. Par exemple, une grosse roche trône dans le salon  : «c’est la seule pierre qu’il y avait quand on a creusé. On l’a sortie et on a dit pourquoi on ne la mettrait pas dans la maison. Elle était là. C’est un gardien», assure le jeune homme.

La grosse roche est la gardienne de la maison. (Nathalie Dieul/Epoch Times)

Julie coupe le bois, fait du travail de préparation pour son mari, met ses idées partout et se spécialise dans les céramiques  : elle casse les carreaux de céramique dès qu’elle les reçoit pour les transformer en œuvres d’art uniques. Mais, surtout, la jeune mère de famille travaille dans l’invisible  : elle s’occupe de toute la gestion du projet, les comptes et les factures à payer.

De son côté, Éli donne libre cours à son imagination pour créer l’intérieur que l’on peut admirer aujourd’hui  : des branches d’arbre épluchées pour servir de rampe, des boiseries découpées dans les planchers, des rondeurs partout… «Éli est vraiment magicien», admire Julie, tout en reconnaissant qu’il lui a toujours laissé la place dont elle avait besoin pour exprimer sa propre créativité, ce qui n’est pas toujours le cas des artistes.

La maison qui contient l’esprit de la forêt est-elle maintenant terminée? À 95 ou 98 %, oui, répond Éli après avoir regardé quelques instants autour de lui. En fait, le couple s’est dépêché de terminer les planchers et la céramique l’hiver dernier parce que Julie avait encore un autre rêve  : que ses parents viennent vivre avec eux pour avoir de l’aide. À 61 ans, les parents de Julie voulaient moins travailler et ont accepté avec plaisir. Ils ont vendu leur maison en six jours  seulement et se sont installés dans la chambre du rez-de-chaussée.

Une toilette ronde se trouve au milieu de la pièce principale. (Nathalie Dieul/Epoch Times)

En effet, le travail ne manque pas à Viricuta : gérer la maison, le jardin potager et le jardin de plantes médicinales; l’accueil des personnes à qui la thérapeute donne des soins énergétiques; l’école à la maison pour Zachary et Amélie, 10 et 13 ans respectivement; s’occuper des animaux,  quatre chevaux, des poulets et un cochon pour la viande, des poules pour les œufs; couper le bois dans la forêt pour chauffer la maison…

Et si c’était à refaire? «Tu es content de ce que tu as fait, mais parfois il y a des affaires que je ne trouvais pas essentielles. Oui, c’est beau, mais il y a un prix à payer. J’aime le travail, mais j’aime aussi m’amuser», avoue Julie.

«Il y a des choses que je changerais et je ferais un autre type de maison, mais je suis toujours heureux, toujours satisfait et je ne me tanne jamais de regarder ce qu’on a fait, de regarder les rondeurs, de regarder les planchers», assure l’artiste qui aimerait maintenant pouvoir réaliser le même genre de créations pour un entrepreneur ou un designer d’intérieur.

Pour en savoir davantage sur Viricuta et les créations d’Éli, visitez  : www.viricuta.ca

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