Week-end « sportif » pour Trump et Poutine avant un sommet délicat à Helsinki

15 juillet 2018 13:45 Mis à jour: 15 juillet 2018 16:49

Avant d’attaquer sa tournée européenne, Donald Trump avait prédit que l’étape d’Helsinki, où il doit retrouver Vladimir Poutine, serait la « plus facile ». Leur sommet pourtant s’annonce particulièrement épineux. Le président américain et son homologue russe, dont les moindres faits et gestes seront scrutés à travers le monde, se retrouveront dans la capitale finlandaise à l’issue d’un week-end « sportif ».

Le premier a goûté aux joies du golf, sa « principale forme d’exercice » selon ses termes, dans son luxueux complexe hôtelier écossais de Turnberry. Le second assistait dimanche soir à la finale du Mondial-2018 de football à Moscou entre la France et la Croatie. A cette occasion, il devait s’entretenir avec les chefs d’Etat des deux nations finalistes, le Français Emmanuel Macron et la Croate Kolinda Grabar-Kitarovic.

Si les étapes du 45e président des Etats-Unis à Bruxelles et à Londres ont été agitées, marquées par ses charges virulentes contre ses alliés de l’Otan,  l’Allemagne en tête, accusée d’être « prisonnière » des Russes  les points de friction entre Washington et Moscou ne manquent pas. Rattachement en mars 2014 de la péninsule ukrainienne de Crimée par Moscou, soutien de la Russie au régime syrien de Bachar al-Assad, nouveaux droits de douane américains… La liste est longue.

Les deux présidents s’entretiendront d’abord en tête-à-tête avec leurs seuls interprètes au Palais présidentiel, avant d’ouvrir la réunion à leurs délégations respectives pour un déjeuner de travail. La journée s’achèvera par une conférence de presse commune qui pourrait être haute en couleurs étant donnée la propension du magnat de l’immobilier à bondir d’un sujet à l’autre et à s’emporter face à des journalistes.

A la veille de leur entrevue, entre 2.000 et 2.500 personnes ont manifesté « pour les droits de l’homme » à Helsinki. Non loin du Palais présidentiel qui accueille le sommet, les manifestants ont dénoncé la politique des deux chefs d’Etat avec la même virulence. « Vous sponsorisez les guerres mais c’est l’Europe qui en paye le prix », pouvait-on lire sur une banderole.

Kira Vorlick, une Américaine d’une trentaine d’année, affirme avoir quitté son pays « pour être débarrassée » de Donald Trump. Et selon elle, « Trump n’aurait pas dû rencontrer Poutine » après l’inculpation cette semaine aux Etats-Unis de douze agents russes accusés d’ingérence dans la présidentielle américaine.

 

Donald Trump va-t-il demander des comptes à Poutine dans ce dossier comme dans leurs autres contentieux, ou va-t-il au contraire faire le dos rond et jouer l’alliance des dirigeants à poigne comme il l’a fait avec le Chinois Xi Jinping et même le Nord-coréen Kim Jong Un?  Et quelle sera la stratégie de l’homme fort du Kremlin?

« Poutine a démontré son incroyable faculté à lire les personnalités », analyse Alina Polyakova, de la Brookings Institution. « C’est ce à quoi il a été formé, après tout, en tant qu’officier du renseignement et je pense qu’il est particulièrement doué pour détecter les faiblesses ». Dans une lettre ouverte au président américain, une demi-douzaine de sénateurs démocrates l’ont exhorté à ne pas négocier seul à seul avec l’homme fort du Kremlin. « Il doit y avoir d’autres Américains dans la pièce », ont-ils martelé, même si leur demande a peu de chances d’être entendue.

A trois jours de la rencontre, un autre sujet sensible s’est réimposé de façon spectaculaire au menu des discussion : l’inculpation de douze agents du renseignement russe dans l’ enquête sur l’ingérence du Kremlin dans la présidentielle de 2016. Vendredi, Donald Trump s’est engagé à mettre le sujet sur la table à Helsinki. « Je vais absolument et fermement poser la question », a-t-il affirmé, martelant avoir été « beaucoup plus ferme sur la Russie que quiconque ».

Il dément toute collusion avec Moscou et dénonce inlassablement une « chasse aux sorcières » menée par un FBI à la solde des démocrates. La Russie dément elle aussi toute ingérence, comme elle dément sa responsabilité dans l’empoisonnement au Novitchok de l’ex-espion russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia en mars à Salisbury, dans le sud-ouest de l’Angleterre. Tous deux y ont survécu mais une Britannique de 44 ans est décédée la semaine dernière dans la même région, et une « petite bouteille » contenant l’agent innervant a été retrouvé au domicile de son compagnon.

« Si nous pouvons développer une relation (avec M. Poutine) « ce serait fantastique », va répétant Donald Trump. Pour Maria Lipman, une analyste politique indépendante basée à Moscou, la rencontre sera délicate car ce qui unit les deux hommes c’est en définitive que « ni l’un ni l’autre  n’est prêt à céder sous la pression ».

DC avec AFP

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