Chine : l’ancien chef du Parti, Jiang Zemin, placé « sous surveillance »

21 août 2015 12:35 Mis à jour: 26 octobre 2015 17:50

Selon une source de Pékin proche des hauts-dirigeants chinois, le leader du Parti communiste chinois Xi Jinping a fait un premier geste significatif contre l’ancien chef du Parti et son principal rival, Jiang Zemin. La source déclare que Jiang Zemin et ses deux fils ont été placés sous surveillance.

La source, proche de Lin Feng, un journaliste de l’édition d’Epoch Times en chinois, a déclaré que l’action a été entreprise le 15 août et que Zeng Qinghong, l’homme de main de Jiang Zemin, était aussi sous surveillance.

Lin Feng estime que le but de cette révélation est d’envoyer un signal aux partisans de Jiang Zemin encore présents dans le régime : « Il s’agit de préparer chacun d’eux psychologiquement au jour où Xi Jinping va arrêter officiellement Jiang Zemin ».

« Ils ont fait la même chose avant l’éviction de Zhou Yongkang et d’autres hauts-fonctionnaires en leur mettant la pression », a déclaré Lin. Zhou Yongkang était l’ancien chef de la sécurité du Parti ; lorsque des rumeurs, selon lesquelles il finirait par être purgé, ont commencé à sortir de Chine, elles ont été automatiquement rejetées par les observateurs de la politique chinoise à l’étranger. L’éviction de Zhou Yongkang est largement reconnue maintenant pour être de mémoire d’homme, parmi les purges politiques les plus importantes.

Jiang Zemin a été le chef du Parti communiste chinois de 1989 à 2002. Il est resté à la tête de l’armée pendant deux ans, et n’a renoncé à tous ses postes militaires qu’un an après. Pendant ses années au pouvoir et comme il partait, Jiang Zemin a installé une série d’hommes de main à des postes clés, dont certains avaient leurs propres directives en dehors du contrôle de la direction formelle du pouvoir central.

Cette structure de pouvoir parallèle a englobé l’appareil de sécurité, à travers les rôles de Luo Gan, puis de Zhou Yongkang, qui ont élargi leur puissance avec un budget annuel de 120 milliards de dollars – plus grand que celui de l’armée, ainsi que des forces militaires. Tout cela a assuré la poursuite des politiques internes de Jiang Zemin, y compris sa croisade contre la pratique spirituelle Falun Gong. Selon Yang Chuncheng, ancien directeur adjoint de l’Académie des sciences militaires, interviewé par la télévision Phoenix TV, Guo Boxiong et en particulier Xu Caihou, les deux anciens vice-présidents de la Commission militaire centrale ont « empiété sur le pouvoir » du président Hu Jintao.

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Une grande partie de la stratégie de purge de Xi Jinping au sein du Parti communiste au cours des presque trois dernières années a été de déraciner ce réseau politique et d’éliminer les survivances de Jiang Zemin les unes après les autres. Il a été accompagné par des fuites d’informations au bon moment dans la presse, et par des rapports incisifs et des remarques de fonctionnaires laissant entendre les profondes conspirations politiques au sommet du régime.

Que Jiang Zemin soit le grand parrain de la machine politique que Xi Jinping cherche à démanteler a été largement compris dans les milieux politiques chinois, mais n’avait pas été explicitement mis en évidence jusqu’à un éditorial paru le 10 août dans le Quotidien du Peuple, porte-parole du Parti. Le journal a publié une critique acérée des anciens dirigeants qui interfèrent dans les affaires de leurs successeurs, les empêchant de « retrousser leurs manches et de faire un travail courageux »

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L’éditorial se plaignait également de dirigeants qui « devaient être malheureux à la retraite … et faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour étendre leur pouvoir. »

Les commentateurs politiques ont immédiatement identifié l’éditorial comme une attaque directe contre Jiang Zemin. « Pour ceux qui ont des yeux pour voir, il est clair au premier coup d’œil que cet article est une critique contre Jiang Zemin, sans le nommer, » a écrit Hu Ping, analyste politique vivant en exil à New York, dans un commentaire sur le site web de Radio Free Asia.

Dans ses révélations à Epoch Times, la source a dit : « À l’origine, il [Xi Jinping] voulait arrêter Jiang au printemps prochain, lui laissant le reste de l’année pour prendre soin de l’économie… à l’origine il ne voulait pas faire cela aussi tôt. ».

Lin Feng a commenté qu’il ne sait pas si cela signifie que Jiang Zemin va maintenant disparaître de la vue du public. En effet, dans un certain nombre d’autres affaires très médiatisées de fonctionnaires en cours d’éviction, ils étaient encore autorisés à apparaître brièvement en public d’une manière ou d’une autre, même après qu’ils aient été mis sous enquête ou en cours de procédures disciplinaires. Cela comprenait Guo Boxiong et Ling Jihua – l’équivalent de l’ancien chef de cabinet du groupe de direction du Parti.

La source a ajouté : « Après l’incident de Tianjin, Xi Jinping n’a pas pu dormir pendant deux nuits ». La source a laissé entendre que Xi Jinping croyait que Jiang Zemin était derrière les deux explosions massives – l’équivalent de 21 tonnes de TNT selon les autorités, qui auraient détruit à travers l’installation portuaire de Tianjin, la ville côtière chinoise le 12 août.

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La cause des explosions est inconnue, selon les autorités. Le cratère laissé par l’explosion est de la taille de plusieurs blocs de rue, et la boule de feu a laissé des milliers de voitures carbonisées, transformant leurs essieux en poussière. Des bâtiments jusqu’à près de 2 km de distance ont eu les vitres brisées par la force de l’explosion. Une semaine après l’explosion, le bilan officiel est de 116 victimes et les habitants font état de pluies toxiques et de la mort de milliers de poissons. Les fonctionnaires ont déclaré que 700 tonnes de cyanure de sodium, substance potentiellement mortelle, étaient dans l’entrepôt au moment de l’explosion.

La théorie selon laquelle les explosions pouvaient être délibérées a été diffusée avec empressement dans les médias chinois à l’étranger, peu de temps après que l’explosion a eu lieu.

Un site d’information associé à Boxun, diffusant à partir de la Caroline du Nord aux États-Unis, a cité dans plusieurs articles une source exclusive rapportant que « la détonation avait été déclenchée par un véhicule bourré d’explosifs … le camion avait été très soigneusement garé à côté de l’entrepôt, à l’emplacement le plus proche des matériaux inflammables. Les passagers seraient partis rapidement, et environ 15 minutes plus tard, l’explosion a eu lieu, déclenchant la chaîne des autres explosions ».

D’après les articles de Boxun, et d’un certain nombre d’autres titres de presse à Hong Kong, les explosions seraient liées à Jiang Zemin.

Lin Feng, le journaliste à l’édition chinoise de Epoch Times, a déclaré que les hommes de main de Jiang Zemin sont connus pour faire fuiter des informations et des rumeurs dans les médias étrangers. En ajoutant que si Jiang Zemin était d’une quelconque façon derrière l’explosion, il aurait voulu que l’affaire soit médiatisée.

« Le message semblait être: ‘Nous pouvons créer le chaos’ », a ajouté Lin. L’instabilité sociale serait en effet attribuée aux hauts-responsables chinois, et offrirait de nouvelles conditions pour limiter le pouvoir de Xi Jinping à l’intérieur du Parti. Ce qui montre aussi que l’étendue et la gravité de la lutte anti-corruption menée par Xi Jinping inspire à certains un ressentiment significatif.

 

Article original: Former Chinese Party Chief Jiang Zemin Placed ‘Under Control’

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