Commerce avec la Chine : pourrait-il être réajusté par un conseiller de Trump ?

Un ancien académicien cherche une approche plus ferme envers la politique économique agressive du régime chinois

15 mars 2018 00:37 Mis à jour: 15 mars 2018 00:37

Le conseiller commercial de Donald Trump, Peter Navarro – connu pour sa position intransigeante envers les relations commerciales et autres avec la Chine – devrait exercer une plus grande influence sur l’administration américaine après le départ d’un autre conseiller économique qui était favorable à une approche conciliatrice envers ce pays.

Le 6 mars, Gary Cohn, qui était le directeur du Conseil économique national depuis le début de la présidence de Trump et partisan du système commercial existant, a remis sa démission. Cet ancien banquier de Goldman Sachs était depuis un an en conflit avec Peter Navarro, car ce dernier œuvrait pour l’accomplissement de la promesse électorale de Trump de réorganiser les relations commerciales avec la Chine.

Le départ de Gary Cohn pourrait signifier un retour spectaculaire de Navarro, qui avait presque disparu de vue lorsque le Conseil du commerce national qu’il dirigeait a été dissous et intégré dans le bureau de Cohn en avril 2017 – un événement qui a été largement interprété comme un signe de victoire de la faction de Cohn dans la lutte interne au sein de la Maison-Blanche.

Au moins deux sources qui restaient en contact étroit avec Peter Navarro ont confié à Epoch Times l’année dernière qu’il était très stressé mais qu’il persistait, malgré tout, à contrer ceux dans l’administration de Trump qui « profitaient des affaires avec la Chine ». Après le départ de Cohn, les observateurs pensent que Navarro aura un plus grand rôle à jouer dans la définition de la politique économique de l’administration de Trump.

Vues sur la Chine

Ce qui a changé l’équilibre du pouvoir dans la Maison-Blanche est probablement non seulement l’opposition de Garry Cohn aux tarifs sur l’acier et l’aluminium récemment imposés par Trump, mais aussi le fait que la nouvelle Stratégie de sécurité nationale, désignant spécifiquement la Chine comme rivale stratégique, correspondait mieux à la vision de Peter Navarro. Ce dernier avertissait depuis longtemps des dangers de l’expansionnisme chinois non seulement dans le domaine militaire, mais aussi dans le domaine économique.

Peter Navarro, un économiste formé à Harvard et un ancien professeur à l’Université de Californie d’Irvine, a été surnommé par certains comme « l’économiste le plus impopulaire » à cause de ses vues peu orthodoxes envers la Chine. Avant de rejoindre la campagne électorale de Trump en 2016, il était surtout connu pour ses livres Death by China (coécrit avec Greg Autry) et Crouching Tiger (coécrit avec Gordon S. Chang), tous deux réalisés en films documentaires qui ont été largement regardés. Les deux livres mettent en garde contre la politique agressive de la Chine et soulignent la nécessité de la contrer.

Dans Death by China, Navarro explique que le développement économique de la Chine grâce à l’existant système du commerce international n’a pas réussi à transformer la Chine en une société plus libre et plus ouverte, ce qui a été largement espéré en Occident. Au contraire, cela a permis au régime chinois d’exploiter et de profiter des avantages du système commercial ayant les États-Unis comme leadeur, tout en créant un État-Parti autoritaire mieux financé et mieux équipé qui mène aujourd’hui une expansion militaire et politique agressive dans le monde entier.

Des conteneurs stockés en piles au port de Yangshan, dans la zone de libre-échange de Shanghai, le 13 février 2017. (JOHANNES EISELE/AFP/Getty Images)

Plusieurs économistes ont critiqué les publications de Navarro comme des analyses plutôt polémiques qu’académiques, tandis que d’autres disaient que Navarro avait parfois exagéré les faits, par exemple lorsqu’il accusait la Chine de continuer à sous-évaluer sa monnaie.

Toutefois, au fil des ans, les avis de Peter Navarro auraient influencé Donald Trump et ils sont aujourd’hui souvent relayés par les membres de son administration.

« Ne plus l’accepter »

« L’Organisation mondiale du commerce a créé la Chine », a déclaré Donald Trump le 23 février à la Conservative Political Action Conference, soutenant clairement la vision réservée de Peter Navarro envers l’OMC. « Depuis, la Chine s’est envolée comme une fusée spatiale. Et maintenant, l’année dernière, nous avions un déficit commercial de près de 500 milliards de dollars avec la Chine. »

« Ce que je pense que le président veut faire dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce, c’est d’envoyer un signal très fort… que nous n’allons plus l’accepter », a déclaré Peter Navarro à CNN le 4 mars. « Une grande partie du problème a été l’Organisation mondiale du commerce elle-même, qui compte plus de 160 pays, et beaucoup d’entre eux ne nous aiment tout simplement pas. »

Ayant réussi à imposer des tarifs punitifs contre la Chine sur l’acier et l’aluminium, Peter Navarro veut maintenant punir la Chine pour le vol de propriété intellectuelle américaine. Selon le site Washington Free Beacon, un haut responsable pour le commerce à la Maison-Blanche a confié que la prochaine étape d’équilibrage du commerce avec la Chine consisterait à l’empêcher de saper davantage l’avance technique américaine.

« La Chine est un très mauvais partenaire quand il s’agit des pratiques commerciales dans beaucoup de domaines, mais rien n’est plus important à court terme que la considération des questions du vol de notre propriété intellectuelle et du transfert forcé de nos technologies », a expliqué Peter Navarro à Fox Business Network.

Tandis que le point de vue de Navarro reste encore hétérodoxe parmi la majorité des économistes, un nombre croissant d’experts en sécurité nationale ont également commencé à remettre en question la nature et les intentions des relations économiques que la Chine maintient avec les États-Unis et d’autres pays.

« En dépit de leur rhétorique, les dirigeants chinois considèrent le commerce et les investissements comme un domaine de concurrence stratégique plutôt qu’une simple coopération fondée sur le principe ‘gagnant-gagnant’ », a martelé Aaron Friedberg, professeur à la Woodrow Wilson School de l’Université de Princeton, dans son récent témoignage devant la Commission des forces armées de la Chambre des représentants des États-Unis. « Il y a très peu de preuves… qu’ils ont l’intention d’abandonner leur approche actuelle », a-t-il ajouté.

De son côté, Peter Navarro ne limite pas à la sphère économique ses tentatives d’ajuster les relations avec la Chine. Il a également réussi à convaincre Donald Trump de signer un décret prévoyant une mise en examen de la base industrielle de la défense des États-Unis, une décision qui fait écho à l’inquiétude montante que l’industrie américaine de la défense n’est pas assez robuste pour faire face au développement rapide des forces armées chinoises.

Paul Huang

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