Covid-1984

Par Liao Yiwu
2 décembre 2022 18:05 Mis à jour: 4 décembre 2022 03:14

En Chine, l’empire de Xi Jinping, le virus de Wuhan (Covid‑19) a subi une mutation en trois ans. À la place du variant Omicron avec lequel toute l’humanité doit coexister, c’est le Covid‑1984 – une sorte de dictature high‑tech jamais vue auparavant, le rejeton monstrueux du virus et de la surveillance technologique.

L’empire de Xi Jinping a finalement mis en place un « système de code de santé communiste » au sein du Grand pare‑feu informatique rouge – un système de surveillance omniprésent créé ostensiblement pour le contrôle des épidémies. Si vous le rejetez, vous ne pouvez pas survivre en Chine.

L’histoire se souviendra de ces dates :

23 janvier 2020 : Confinement de Wuhan
24 nov. 2022 : Incendie au Xinjiang
26 nov. 2022 : Manifestations à Shanghai

23 janvier 2020 : Confinement de Wuhan

Ce jour‑là, tous les services locaux de transport par bus, train, avion, métro et bateau ont cessé de fonctionner. Près de 10 millions d’habitants ont reçu à plusieurs reprises l’ordre de ne pas partir. Néanmoins, tous les vols vers l’étranger ont été maintenus et les services douaniers internationaux ont continué à fonctionner normalement pendant plusieurs semaines. Ainsi, des centaines de milliers de passagers en provenance des zones infectées ont pu prendre l’avion et partir vers différents endroits du monde entier.

Passagersà l’aéroport international de Tianhe à Wuhan, le 29 mai 2020. (Hector Retamal/AFP via Getty Images)

Presque tout le monde a oublié ce simple fait. Aucun dirigeant occidental ne l’a jamais rappelé à l’empereur Xi Jinping, pas plus que l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel qui, il n’y a pas si longtemps, était bien impatiente de se lancer dans le commerce des vaccins en Chine. Pourquoi le régime chinois a‑t‑il maintenu tous les vols étrangers et toutes les douanes ouvertes le 23 janvier, alors même que des centaines de milliers de soldats de l’Armée populaire de libération étaient déployés pour boucler Wuhan et la province du Hubei ?

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de décès causés par le Covid‑19 entre 2020 et 2021 était d’environ 14,9 millions dans le monde. Les États‑Unis sont en tête de liste. Malheureusement, il est impossible de trouver le nombre de décès en Chine dans ce « rapport d’experts » publié en plusieurs langues et largement cité dans les médias.

Impossible non plus de trouver la cause originelle de tous ces décès. Par exemple, d’où vient le virus ? Pourquoi le coronavirus de la chauve‑souris – qui a survécu dans la nature depuis plus de 50 millions d’années – a‑t‑il choisi juste ce moment pour atteindre le corps humain ? Et pourquoi a‑t‑il choisi des corps humains à Wuhan, une ville dotée d’un laboratoire épidémiologique de type P4 ?

Cependant, la politique nationale de prévention des épidémies, de test des acides nucléiques et d’éradication coûte que coûte a commencé en Chine dès lors. Une grande bataille que Xi Jinping, le secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC), a personnellement ordonnée et commandée. C’est à lui que l’on doit le modèle de confinement de Wuhan dans les moindres détails.

Depuis presque trois ans, des dizaines de milliers de villes et de villages chinois, grands et petits, ont été bouclés. En conséquence, de nombreuses personnes souffrent de la faim, sont affamées. Mais Sa Majesté Xi Jinping, qui a vécu la Grande famine de 1959‑1962, lorsque 40 millions de personnes sont mortes de faim à la suite des politiques du « Grand Bond en avant », n’en a cure. Il sais que le PCC garde la Chine sous son strict contrôle malgré la faim et que Mao Zedong restera toujours le Grand Timonier.

24 novembre 2022 : Incendie au Xinjiang

Ce jour‑là, un incendie s’est déclenché dans une tour d’habitation dans le centre‑ville d’Urumqi, la capitale du Xinjiang. La ville était déjà confinée depuis plus de 100 jours pour empêcher la propagation du Covid. Le bouclage des immeubles résidentiels ne laissait aucun moyen aux personnes à l’intérieur de s’échapper. La porte de leurs immeubles avait été verrouillée de l’extérieur. À l’extérieur du bâtiment se trouvaient également une clôture de contrôle épidémique et un mur de blocage en métal. Les pompiers et leurs véhicules n’ont pas réussi à franchir la barrière. Selon l’annonce officielle, 10 personnes ont été brûlées vives et 9 autres ont été gravement blessées. Toutefois, certains survivants ont affirmé qu’au moins 40 personnes avaient péri dans l’incendie.

La nouvelle de cette tragédie s’est répandue dans toute la Chine sur les médias sociaux, suscitant une indignation générale. À ce moment, près de trois ans après le confinement de Wuhan, des centaines de millions de Chinois avaient eu le privilège de vivre leur propre expérience de « Wuhanisation ». Pour eux, des mots comme « zéro Covid dynamique », « masque », « acide nucléique », « détection », « isolement », « code sanitaire », « rapport », « surveillance », « avertissement », « suppression », « contrôle », « détention », « disparition », « famine » et « tabassage » sont devenus des mots familiers. La liste de ce type de mots reste ouverte.

Mais  les êtres humains sont des êtres humains et non des animaux domestiqués à abattre sur ordre de leurs maîtres. Alors que la nouvelle de l’incendie du Xinjiang circulait, la célèbre phrase du révolutionnaire américain Patrick Henry « Donnez‑moi la liberté ou donnez‑moi la mort » a résonné dans plus de 50 grandes villes de Chine confinées à répétition.

Dans des parcs universitaires chinois, des étudiants ont manifesté en brandissant des feuilles blanches ‑ métaphore de ce qui n’est pas dit. Tout le monde a connu cela : « ne pas être autorisé à s’exprimer » ou « être effacé, averti, bloqué et interdit ». Chacun s’est demandé : « Qu’ai‑je fait pour être traité de la sorte ? »

Il y a près de trois ans, des centaines de millions de personnes ont pleuré le Dr Li Wenliang, le médecin lanceur d’alerte que les autorités ont qualifié de colporteur de rumeurs. Aujourd’hui, d’innombrables villes et parcs universitaires pleurent les victimes des incendies du Xinjiang. Ces mêmes personnes pleurent également pour leur propre avenir au plus profond de leur aliénation et de leur désespoir.

Mémorial pour le Dr Li Wenliang, devant le parc universitaire de l’UCLA à Westwood, en Californie, le 15 février 2020. (Mark Ralston/AFP via Getty Images)

Elles se demandent : « Si un jour mon immeuble prend feu, est‑ce que je finirai de la même façon ? Oh ! Parti communiste, Xi Jinping, ne sommes‑nous pas assez soumis en tant que peuple ? Vous êtes si autoritaires que vous scellez les villes et les bâtiments aussi longtemps que vous le souhaitez. Nous l’avons enduré. Et nous l’endurons. Nous avons obéi et on nous a évacués de nos appartements et de nos dortoirs et enfermés dans des installations de quarantaine provisoires. Nous étions sans argent, nous devenions fous, nous étions affamés et nous mourions de maladie. Pourtant, nous l’avons enduré. Et nous l’endurons. Nous avons même enduré lorsqu’un de vos bus transportant des gens vers un centre de quarantaine s’est écrasé sur l’autoroute, tuant 27 de nos compatriotes. Mais pourquoi sommes‑nous si mal traités ? »

26 novembre 2022 : Manifestations à Shanghai

Ce jour‑là, les habitants de Shanghai, tenant des feuilles blanches, ont franchi les barricades de la police pour se rassembler rue Urumqi (Wulumuqi en mandarin) afin de commémorer leurs compatriotes morts dans l’incendie.

Manifestation à Shanghai, le 27 novembre 2022. (Hector Retamal/AFP via Getty Images)

« Xi Jinping, démission ! »

Avant ces cris choquants dont l’histoire se souviendra, un Chinois a affiché ce message sous le panneau indiquant la rue Urumqi :

Amis d’Urumqi
Je vous aime tous
Je vous aime tous autant que j’aime cet endroit
Comme j’aime ma famille.
Shanghai, le 26 novembre 2022

Les policiers sont arrivés vague après vague. De nombreuses personnes pleuraient, non pas parce qu’elles avaient peur ou parce qu’elles étaient sur le point d’être arrêtées et battues. C’était parce qu’elles avaient vu ce message.

Liao Yiwu est un écrivain, poète et musicien chinois en exil qui vit actuellement à Berlin. Il a été emprisonné en Chine pendant quatre ans dans les années 1990 après avoir écrit un poème sur le massacre de la place Tiananmen en 1989. Il est l’auteur de The Corpse Walker [Le promeneur de cadavres], God Is Red [Dieu est rouge] et For a Song and a Hundred Songs [Pour une chanson et une centaine de chansons].

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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