Eau douce française contre pétrole étranger: un projet élaboré au sommet de l’État

Par Sarita Modmesaïb
17 avril 2023 19:18 Mis à jour: 29 avril 2023 18:02

En mars 2022, un projet confidentiel car très sensible aurait été élaboré et proposé à l’Élysée: échanger quelques milliards de m3 d’eau douce française contre des hydrocarbures du Moyen-Orient.

Dans des articles publiés entre septembre et octobre 2022, l’hebdomadaire Marianne révélait que des tractations se seraient déroulées au plus haut sommet de l’État, impliquant notamment, Alexis Zajdenweber, conseiller en économie, finances et industrie d’Emmanuel Macron ainsi que deux intermédiaires, Xavier Houzel, spécialiste du trading pétrolier, et Claude Rouy, ancien directeur d’hôpital public reconverti dans le métier de consultant en région PACA, souligne Marianne.

Le projet consisterait, en effet, à prélever de l’eau douce provenant de la centrale hydroélectrique de Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône), et de l’échanger ensuite contre des hydrocarbures étrangers.

Le choix porté sur cette centrale hydroélectrique provient du fait que ses rejets d’eaux douces sont acheminés dans l’étang de Berre, lequel jouxte la centrale. Seulement, celui-ci étant constitué d’eau salée, ces rejets sont devenus une menace pour l’écosystème de l’étang. Afin de préserver l’étang de cette pollution, l’Union européenne avait condamné EDF à réduire le débit de la centrale en 2006. Celle-ci ne fonctionne plus qu’à la moitié de sa capacité, soit 700 GW de puissance inexploitée.

Aussi, afin de remédier à cette situation de pollution, les deux porteurs de projets proposaient de récupérer ces rejets d’eau afin de les acheminer à l’étranger, contre du pétrole.

Marianne précise ainsi que « dix-neuf tankers de 200 000 m3 partiraient quotidiennement de Fos-sur-Mer (13) tandis que des bateaux de plus faible capacité embarqueraient à quelques kilomètres de là, à Martigues, depuis le port de Lavéra : 48 tankers de 80 000 m3. Il ne s’agit encore que de petits dessins sur l’une des pages de la plaquette, qui chiffre à 185 000 € l’étude de faisabilité. Le coût du projet est, lui, pour l’heure, évalué à 300 millions d’euros. »

Au total, il s’avère que ce serait quelque 4 milliards de m3 d’eau douce, soit la consommation annuelle de toute la France, qui quitteraient ainsi le territoire.

Un projet confirmé mais non entériné?

Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a confirmé le 11 octobre dernier à l’Assemblée nationale, l’existence de ces tractations. « Des rencontres se sont tenues entre des porteurs de projet et des conseillers » a ainsi reconnu le ministre de la Transition écologique.

« Ce projet n’a pas franchi la barrière des conseillers et en aucune manière nous l’envisageons », a t-il rapidement conclu.

Alors que la France connaît depuis l’an dernier une sécheresse exceptionnelle qui devrait malheureusement perdurer cet été, ces révélations font l’effet d’une bombe.

Mercredi dernier, Alain Houpert, sénateur de la côte d’or membre de la commission des affaires étrangères, est revenu sur ce projet, interrogé par André Bercoff, sur Sud Radio.

« On veut échanger des ressources naturelles contre des ressources vitales… De l’eau qui part de notre pays et ne peut pas s’évaporer sur notre territoire, ne se transforme pas en nuages… Nous sommes en manque d’eau! Allons expliquer à toutes ces communes rurales qui sont livrées par des citernes que l’on va envoyer des tankers en Arabie Saoudite, au Moyen-Orient… On marche sur la tête, on déraisonne! »

Selon le sénateur, « tout a été étudié, et il y a eu certainement déjà des envois… c’est important de dire la vérité! J’aimerais qu’on sache, qu’il y ait une enquête! Parce que c’est la ressource vitale des Français! Nous sommes dans un pays où nous allons manquer d’eau! », a t-il ainsi rappelé.

Le BRGM (Bureau des Recherches Géologiques et Minières) indique ainsi dans un communiqué de presse, qu’au 1er avril 2023, 75% des nappes phréatiques demeurent sous les normales mensuelles (58% en mars 2022), avec de nombreux secteurs affichant des niveaux bas à très bas.

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